«Je ne compte plus acheter des chocolats Läderach», écrivent des personnes sur le site en ligne du journal alémanique Tages-Anzeiger. Les articles liés à ce sujet ont déclenché des centaines de commentaires de la part de lecteurs.

Samedi, le Zurich Film Festival a mis fin à son partenariat avec Läderach suite au documentaire de la télévision alémanique SRF, diffusé jeudi soir, révélant la maltraitance d'élèves dans un établissement créé par l'ancien patron de Läderach, Jürg Läderach, le père de l'actuel directeur général.

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Selon le Tages-Anzeiger, les organisateurs de la Fête fédérale de lutte sont aussi en train de réfléchir à leur collaboration avec le groupe comptant plus de 1500 collaborateurs et collaboratrices. La manifestation se tiendra en 2025 dans le canton de Glaris, où se trouve le siège de Läderach.

Dans le documentaire de la SRF, d'anciens élèves de la Christliche Schule Linth (Ecole chrétienne Linth), appelée «Domino Servite» (Servez le seigneur) au moment de sa création, y témoignent des coups de ceinture reçus ou de la violence psychique subie.

L'ancien chef d'entreprise Jürg Läderach a rejeté les accusations, selon lesquelles il aurait personnellement participé à ces mauvais traitements. Une enquête externe mandatée par l'école il y a deux ans, suite aux premières recherches de la SRF, a confirmé le comportement fautif d'anciens enseignants et de membres de la communauté religieuse.

Après la sortie du rapport externe, Jürg Läderach s'est excusé auprès des victimes pour ce qu'elles ont subi au sein de l'école privée. Il disait regretter de ne pas avoir détecté ce qui s'y passait. En janvier 2022, son école a présenté un plan de mesures visant à éviter ce genre d'abus.

Contacté vendredi par Keystone-ATS, le département st-gallois de l'éducation dit s'interroger si un rapport d'enquête de sa part «est encore possible», les «détenteurs des données concernées» refusant de leur en transmettre des coordonnées.

Se distancer

Johannes Läderach, l'un des fils de Jürg Läderach, qui dirige depuis 2018 la chocolaterie, a déclaré aux médias en ligne de Tamedia avoir lui-même fréquenté cette école et peut confirmer le climat de peur. S'il n'y a pas été frappé, le fait de ne pas avoir pu empêcher les abus lui pèse. L'actuel directeur général condamne les actes de violence qui ont été commis dans cet établissement.

Celui qui préside également le conseil d'administration depuis 2021 veut se distancer des abus commis dans cette école. Läderach, dans une vidéo publiée sur son site internet, souligne que la génération aux commandes n'a pas de lien avec l'institut incriminé. «Dans le documentaire de la SRF, il n'y a pas d'accusation à l'endroit de l'entreprise et de la 3e génération aux commandes», rappelle un porte-parole de l'entreprise.

«La deuxième génération ne détient plus de parts de l'entreprise et n'est plus impliquée dans la marche des affaires», soutient Läderach.

Selon Felix Murbach, expert en marketing interrogé par le Tages-Anzeiger, l'impact financier de ce scandale sur l'entreprise dépendra beaucoup de la période durant laquelle le sujet sera sur le devant de la scène. «Actuellement, l'indignation est grande. Mais tout va très vite à notre époque, un scandale est vite remplacé par un autre, puis oublié», pense savoir le spécialiste.

Afin d'éviter une culpabilité par association, l'entreprise Läderach devrait peut-être changer de nom. Cependant, il est difficile d'abandonner une marque qui rapporte de l'argent, explique Thierry Herman, maître d'enseignement en science de la communication à l'Université de Neuchâtel, dans un journal de la RTS.

En 2020, la compagnie aérienne Swiss n'avait pas reconduit sa collaboration avec le chocolatier. Cette décision était intervenue après des révélations du magazine Beobachter sur la participation de Johannes Läderach au comité de «Marche pour la vie», un mouvement opposé à l'avortement.

S
SDA