«Nous avons un texte de départ sur la table, mais c'est un empilement de voeux pleins de postures», a dénoncé mercredi Stimon Stiell d'un ton sévère dans une courte conférence de presse.
«Si nous voulons sauver des vies et maintenir l'objectif de 1,5°C à portée de main, les objectifs les plus ambitieux de la COP doivent rester au coeur».
Alors que l'observatoire européen Copernicus a confirmé que l'année 2023 serait la plus chaude de l'histoire, les pourparlers entre négociateurs épuisés se compliquent à Dubaï, où une certaine confusion règne à la veille de la trêve traditionnelle des négociations, jeudi.
Une nouvelle version du texte en discussion en vue d'un futur accord, théoriquement d'ici le 12 décembre, était fébrilement attendue dans la journée de mercredi. Mais en milieu de journée, il n'était plus du tout certain qu'il soit publié.
«Il faut que chaque partie s'éloigne de ses lignes rouges pour trouver des solutions», a plaidé l'émissaire pour le climat de l'Allemagne, Jennifer Morgan. «On doit se retrousser les manches et s'y mettre», a-t-elle lancé.
Tout reste ainsi plus que jamais incertain dans cette COP28 hors norme, sur le fond comme sur la forme.
«Le bon grain de l'ivraie»
La situation est «très dynamique», résumait une négociatrice mardi soir, alors que les représentants de près de 200 pays ont débattu jusque très tard du noeud gordien du projet d'accord final: le sort du pétrole, du gaz et du charbon, principales causes du réchauffement climatique.
Plusieurs options sont sur la table, notamment l'objectif d'une «sortie ordonnée et juste des énergies fossiles».
L'apparition de cette nouvelle formulation préfigure un éventuel consensus qui fixerait un objectif universel... tout en donnant plus de marge à certains pays, selon leur degré de développement ou leur dépendance aux hydrocarbures.
Mais cette option est en balance avec une possibilité plus radicale: ne rien décider sur les énergies fossiles, reflet de l'opposition à ce stade de l'Arabie saoudite et de la Chine, selon plusieurs observateurs qui assistent aux réunions à huis clos.
Simon Stiell a appelé à «séparer le bon grain de l'ivraie» dans le texte, mettant ainsi la pression sur les pays pour avancer sur un texte significatif.
«Extraordinaire»
L'accord de Paris de 2015 «a été un grand succès pour nous tous», a jugé mardi le négociateur saoudien Khaled Almehaid.
«Désormais le défi est de savoir comment garder tous les passagers à bord du train», a-t-il ajouté, plaidant par cet euphémisme diplomatique pour la ferme opposition saoudienne à tout message anti-pétrole à la COP.
La soirée s'annonce longue mercredi, le texte de négociation devant être portée dans une grande réunion plénière en fin de journée, faisant le bilan de la première semaine de travaux.
Avant une journée de repos jeudi et l'arrivée ce week-end des ministres, censés reprendre la main au niveau politique pour la dernière ligne droite.
Pendant ce temps, le réchauffement climatique ne connaît pas de répit. Copernicus a confirmé que l'année 2023 serait bien la «plus chaude» de l'histoire après un mois de novembre «extraordinaire».
«Ce mois de novembre extraordinaire, comprenant notamment deux jours avec des températures supérieures de 2 degrés à l'ère préindustrielle, signifie que 2023 est l'année la plus chaude jamais enregistrée dans l'histoire», a déclaré Samantha Burgess, cheffe adjointe du service changement climatique (C3S) de Copernicus.