Le ministère japonais des Transports a lancé jeudi une inspection au siège de Daihatsu, spécialiste des mini-véhicules très populaires au Japon appelés «kei cars», qui a dû suspendre toutes ses livraisons de véhicules la veille en raison de nombreuses irrégularités découvertes dans ses tests de sécurité.

Toyota a rapidement présenté ses excuses mercredi, reconnaissant «l'extrême gravité» des faits et promettant une «réforme fondamentale» de sa filiale.

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Mais le groupe, dont des responsables sont présents au conseil d'administration de Daihatsu, «ne pourra pas être exempt de sa responsabilité de surveillance» de sa filiale, note Tatsuo Yoshida, analyste de Bloomberg Intelligence interrogé par l'AFP.

La commission d'experts indépendants qui a enquêté chez Daihatsu pendant huit mois impute les fautes du constructeur à des facteurs tels que «la pression extrême due à un calendrier de développement excessivement serré et rigide» et le manque d'expertise des dirigeants.

Toyota, qui a par ailleurs annoncé mercredi aux Etats-Unis un rappel d'un million de véhicules à cause d'un problème d'airbags, a été sanctionné à la Bourse de Tokyo d'une chute de 4% de son titre, après avoir dégringolé de près de 6% à l'ouverture.

«Égratigner» Toyota

Cette nouvelle affaire tombe mal pour le géant automobile qui avait déjà été éclaboussé l'an dernier par un scandale de tests inappropriés sur les moteurs du fabricant de camions Hino, dont il est actionnaire majoritaire.

Ces scandales «pourraient égratigner la réputation de Toyota», selon M. Yoshida, mais ne devraient pas selon lui nuire à long terme au géant en raison de sa stature.

En revanche, corriger l'ampleur des défaillances dans la certification des tests de sécurité de Daihatsu pourrait prendre un temps considérable, et obliger l'entreprise à interrompre sa production et à indemniser ses fournisseurs et partenaires de vente pour le tort causé, note l'analyste spécialiste du secteur automobile.

Le rapport des experts a mis en évidence des défaillances profondément ancrées dans les processus de production de Daihatsu, identifiant 174 irrégularités parmi 25 catégories de tests, dont certaines remontaient à 1989.

En tout, 64 modèles de véhicules sont touchés, dont des modèles fabriqués pour le compte de Toyota, Mazda et Subaru.

Pour ces constructeurs, l'impact du scandale de la suspension des livraisons de Daihatsu «est inévitable, mais ne sera pas à une échelle susceptible d'ébranler» Mazda ou Subaru, estime M. Yoshida.

La réputation entachée de Daihatsu et la pénurie de ses véhicules pourraient par ailleurs bénéficier à d'autres constructeurs comme Suzuki, son principal concurrent sur le marché des mini-véhicules, dont le titre a progressé de 2,1%, à rebours de la tendance de la séance boursière.

Daihatsu a produit plus de 1,7 million de véhicules dans le monde sur l'exercice 2022/23 terminé fin mars dernier, dont environ la moitié au Japon. Il réalise l'essentiel de ses ventes dans l'archipel et en Asie du Sud-Est.

L'affaire pourrait aussi avoir un impact plus large sur le secteur car «les scandales dans l'industrie automobile ont toujours déclenché des examens plus approfondis des processus de certification de la sécurité», relève M. Yoshida.

Si les falsifications de Daihatsu «sont perçues comme un problème systémique, des voix pourraient s'élever pour demander un examen plus approfondi du secteur», ajoute-t-il.

S
SDA