Concrètement, Radoslaw Sikorski a appelé le Vieux et le Nouveau Continents à «mobiliser» leurs économies et leurs capacités de production pour aider l'Ukraine à gagner la guerre.

«Nous ne pouvons pas permettre à la Russie de produire davantage sur la base d'une économie beaucoup plus petite (...). Si l'Occident se mobilise, je n'ai aucun doute sur sa victoire, mais il doit enfin commencer à se mobiliser», a déclaré M. Sikorski devant les journalistes.

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Disputes commerciales

La Pologne est l'un des principaux soutiens de l'Ukraine en Europe, mais les relations entre ces deux Etats voisins avaient connu un froid ces derniers mois sur fond de disputes commerciales. Cette page semble tournée avec la récente arrivée au pouvoir des pro-européens à Varsovie.

Le nouveau ministre polonais des Affaires étrangères Radoslaw Sikorski s'est ainsi rendu pour son premier voyage à l'étranger chez l'allié ukrainien afin de lui signifier la poursuite du soutien de la Pologne face à Moscou.

«A vos côtés»

«Dans ce combat titanesque, monsieur le ministre, la Pologne est à vos côtés», a déclaré M. Sikorski à son homologue ukrainien Dmytro Kouleba, fustigeant une Russie qui «bombarde des villes, détruit des provinces entières, déporte des enfants et se prépare à anéantir un voisin qui n'a rien fait de mal».

Tout en qualifiant la visite de Radoslaw Sikorski de «signe d'amitié», M. Kouleba a dit espérer trouver une «solution» face à la principale source de tensions entre leurs deux pays : le blocage de la frontière par des routiers polonais.

Le voyage de M. Sikorski intervient aussi dans un contexte d'effritement du soutien occidental à Kiev, tant en Europe qu'aux Etats-Unis, une tendance dont le Kremlin se réjouit.

«Reconstruire l'empire russe»

Comme un rappel du conflit, des sirènes avertissant des attaques aériennes ont résonné pendant sa visite, sur fond d'intensification des frappes russes sur la capitale ukrainienne ces dernières semaines.

«Ces sirènes que vous entendez maintenant sont la raison pour laquelle je suis ici», a lancé Radoslaw Sikorski, qui a estimé que Vladimir Poutine avait voulu «reconstruire l'empire russe» en déclenchant en février 2022 la «dernière guerre coloniale en Europe».

«Ennemi commun»

«La Russie doit perdre et l'Ukraine doit gagner. Et, sur cette question, indépendamment de qui sera au pouvoir en Pologne, comme vous pouvez le voir, nous sommes unis», a-t-il encore affirmé.

Dmytro Kouleba a salué le choix de Kiev pour le premier voyage du ministre polonais après sa nomination. «C'est un signe de respect envers l'Ukraine», a-t-il jugé, insistant sur le fait que leurs deux pays ont «un ennemi commun».

Agriculture et commerce

Les relations entre Kiev et Varsovie sont empoisonnées depuis des mois par plusieurs différends commerciaux. Des routiers polonais bloquent ainsi depuis début novembre des points de passage à la frontière pour protester contre la «concurrence déloyale» de leurs collègues ukrainiens, ce qui a fait perdre à l'Ukraine des centaines de millions d'euros, selon Kiev.

«La première chose à faire est de débloquer la frontière car la situation dans laquelle nos relations amicales se trouvent, dans l'ombre de la frontière bloquée, est inacceptable et préjudiciable», a martelé M. Kouleba vendredi.

Un autre dossier épineux est celui des exportations de produits agricoles ukrainiens vers la Pologne, qui y ont provoqué l'effondrement des prix locaux et l'ont poussée - aux côtés d'autres pays d'Europe de l'Est - à instaurer un embargo.

«Des solutions»

«Nous devons rétablir les conditions d'une concurrence loyale pour que tout le monde profite du commerce et des transports. Et je pense que ce que nous nous sommes dit peut conduire à des solutions», a dit M. Sikorski.

Quelques heures avant son arrivée à Kiev, la Russie a lancé une nouvelle attaque de drones explosifs sur la capitale ukrainienne, dont trois quartiers ont été touchés dans la nuit de jeudi à vendredi.

Deux personnes ont été blessées, un de ces appareils ayant touché un immeuble d'habitation de grande hauteur, détruisant les murs de plusieurs appartements, selon les autorités.

C'est le premier incident du genre depuis des mois à Kiev, où la quasi-totalité des drones et des missiles russes sont d'ordinaire abattus par la défense antiaérienne.

Un autre immeuble et une maison ont par ailleurs été touchés par des débris de drones détruits, selon les autorités municipales. Au total, l'armée de l'air ukrainienne a annoncé avoir abattu 24 des 28 drones envoyés par la Russie au cours de la nuit.

S
SDA