«Plus vite le gouvernement allemand proposera une solution pour retirer ses projets d'augmentation d'impôts, plus vite les agriculteurs quitteront la rue», a prévenu le président de la Fédération allemande des agriculteurs, Joachim Rukwied.

Après une semaine de protestation, le monde agricole veut maintenir la pression sur la coalition au pouvoir dans un contexte de mécontentement croissant de la population allemande.

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Devant la Porte de Brandebourg, des milliers d'agriculteurs ont accueilli avec des huées le ministre des Finances Christian Lindner, le traitant de «menteur» et lui ordonnant de «dégager» alors qu'il prenait la parole sur un podium.

Moins de subventions

«Ce gouvernement doit démissionner», affirmait Paul Brzezinski, 73 ans, un producteur de lait basé au sud-est de Berlin, résumant un sentiment qui semblait largement partagé.

Les raisons de la colère: l'annonce en décembre d'une réduction des subventions au secteur en raison d'un rappel à l'ordre des juges constitutionnels portant sur les strictes règles budgétaires de l'Allemagne. Face aux protestations, la coalition gouvernementale formée des sociaux-démocrates, verts et libéraux a quelque peu rétropédalé en début d'année.

Elle a maintenu l'avantage fiscal sur les véhicules pour la sylviculture et l'agriculture. De plus, elle a décidé de supprimer progressivement et non d'un coup l'avantage pour le gazole agricole «afin de donner aux entreprises concernées davantage de temps de s'adapter». M. Lindner a ainsi lancé aux manifestants que «leur mobilisation avait déjà payé».

Mais ces concessions sont jugées insuffisantes par les manifestants. «Il faut que le sujet du gazole agricole soit résolu. Ensuite, on pourra parler du reste», a prévenu Joachim Rukwied.

«Eteindre le feu tricolore»

Le ressentiment semblait dominer parmi les manifestants. «Depuis des années, on est malmené. Mais là c'est le bouquet: jamais on a vécu un tel manque de respect», a déclaré à l'AFP Ute Rötz, productrice de céréales bio de 58 ans près de Magdebourg (est).

«Largement plus de 5000 tracteurs», selon la police, ont bloqué les rues de la capitale et fait retentir leur klaxon. Certains protestataires ont été interpellés après avoir fait exploser des pétards.

Sur les véhicules stationnés le long de la grande avenue berlinoise Unter den Linden, beaucoup de slogans exprimaient leur défiance contre la coalition tripartite d'Olaf Scholz baptisée «feu tricolore» en raison des couleurs symbolisant les partis qui la composent. «Éteignez le feu tricolore, ça suffit», était écrit sur l'un d'entre eux. Et sur un autre: «Le feu tricolore doit dégager».

Une rencontre lundi entre des représentants des agriculteurs et des chefs des groupes parlementaires des partis au pouvoir s'est terminée sans avancée concrète.

D'autres secteurs mécontents

Vendredi, le ministre de l'Agriculture, Cem Özdemir, doit ouvrir à Berlin «la Semaine verte», plus grand salon agricole d'Allemagne, qui s'annonce dores et déjà mouvementé.

La mobilisation des agriculteurs renforce la pression sur le gouvernement dont le taux d'approbation de la politique n'a jamais été aussi bas. L'extrême droite, qui a le vent en poupe, particulièrement dans l'est du pays, cherche à tirer profit de la fronde des agriculteurs.

Dans un récent sondage réalisé pour le quotidien Bild, 64% des Allemands ont déclaré qu'ils souhaiteraient un changement d'exécutif.

Différents secteurs, de la métallurgie à l'éducation en passant par les transports, ont organisé des manifestations ces dernières semaines, dans un contexte de croissance en berne et de hausse des prix. Le PIB allemand s'est contracté de 0,3% l'an dernier, selon les données communiquées lundi.

Les grèves des cheminots ont paralysé les transports la semaine dernière, tandis que les métallurgistes et les employés du secteur public ont organisé des débrayages en décembre pour réclamer des hausses de salaires.

S
SDA