Le géant asiatique, pénalisé par trois années de restrictions sanitaires contre le Covid, a levé ces mesures fin 2022, ce qui a largement permis à son économie de repartir en début d'année dernière.

Mais le rebond s'est essoufflé et bute sur plusieurs obstacles dont une confiance morose des ménages et des entreprises, qui pénalise la consommation. Une crise inédite dans l'immobilier, un chômage record des jeunes et le ralentissement mondial grippent également des moteurs traditionnels de la croissance chinoise.

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Dans ce contexte, le pays a malgré tout vu en 2023 son produit intérieur brut (PIB) croître sur un an de 5,2%, a annoncé mercredi le Bureau national des statistiques (BNS). Ce rythme, qui ferait bien des envieux dans la plupart des grandes puissances économiques, n'en reste pas moins le plus faible pour la Chine depuis 1990 (3,9%), hors période de Covid.

Un groupe d'économistes interrogés par l'AFP avaient anticipé lundi ce taux de croissance (+5,2%), un chiffre que le Premier ministre chinois Li Qiang a confirmé mardi au Forum de Davos (Suisse). En revanche, entre le troisième et quatrième trimestres, comparaison plus fidèle à la conjoncture, le rythme est bien plus modeste (+1%).

Pression sur l'emploi

En 2023, «promouvoir le développement» de l'économie a été «une tâche ardue», a souligné devant la presse un responsable du BNS, Kang Yi. En décembre, les ventes au détail, principal indicateur des dépenses des ménages, ont ainsi ralenti (+7,4% sur un an), après une nette accélération en novembre (+10,1%).

Des analystes sondés par l'agence Bloomberg tablaient sur un rythme plus rapide (+8%). De son côté, la production industrielle a légèrement accéléré en décembre (+6,8% sur un an), après une hausse de 6,6% un mois plus tôt.

Quant au taux de chômage, il a légèrement augmenté en décembre à 5,1%, contre 5% en novembre. Ce chiffre dresse toutefois un tableau incomplet de la conjoncture, car il n'est calculé que pour les seuls travailleurs urbains. Il exclut de fait des millions de travailleurs migrants des zones rurales, une population davantage vulnérable au ralentissement économique et dont la situation est aggravée par la crise de l'immobilier.

Ce secteur a longtemps représenté au sens large plus du quart du PIB de la Chine et constituait un important vivier d'emplois. L'immobilier souffre depuis 2020 d'un durcissement par Pékin des conditions d'accès au crédit pour les promoteurs immobiliers, afin de réduire leur endettement.

Les déboires financiers de groupes emblématiques (Evergrande, Country Garden...) alimentent depuis la défiance des acheteurs, sur fond de logements inachevés et de chutes des prix du mètre carré. Les mesures de soutien de Pékin au secteur n'ont eu pour le moment que peu d'effets.

Economie vacillante

«Un soutien plus ferme aux promoteurs pourrait apaiser les inquiétudes» sur leur santé financière et faire repartir ce secteur crucial, indique à l'AFP Michelle Lam, économiste pour la banque Société Générale. Eminemment politique et sujet à caution, le chiffre officiel du PIB de la Chine n'en reste pas moins très scruté, compte tenu du poids du pays dans l'économie mondiale.

«Les données officielles soulignent à quel point le quatrième trimestre 2023 a été meilleur que celui de 2022, mais l'économie a été vacillante jusqu'à la fin de l'année», relève l'analyste Shehzad Qazi, du cabinet d'études China Beige Book.

«L'an dernier, la Chine a connu la reprise la plus décevante imaginable. Mais c'est néanmoins une reprise», concède-t-il, ajoutant qu'un soutien plus robuste à l'économie sera nécessaire en 2024. Cette année, la Chine devrait voir son PIB ralentir à 4,5%, selon des prévisions de la Banque mondiale.

Le pouvoir va devoir «renforcer son soutien» en faveur de la croissance, notamment par le biais de «mesures fiscales pour soutenir l'investissement», estime auprès de l'AFP Brian Coulton, économiste pour l'agence de notation Fitch. Le groupe d'experts interrogés par l'AFP table pour sa part sur 4,7% de croissance. Le gouvernement doit annoncer l'objectif officiel en mars.

S
SDA