Après une descente haletante de 20 minutes, l'agence spatiale nippone Jaxa a annoncé que le module SLIM (Smart Lander for Investigating Moon) avait aluni à 00h20 samedi (vendredi à 16h20 en Suisse) et que la communication avec lui avait été établie.

Mais faute de panneaux solaires en service, l'engin surnommé «Moon Sniper» pour sa capacité à se poser avec précision, ne disposera d'électricité que pendant «plusieurs heures», a averti Hitoshi Kuninaka, l'un des responsables de la Jaxa.

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Il est possible que les panneaux fonctionnent à nouveau quand l'angle du soleil aura changé, a-t-il précisé, tandis que l'équipe s'efforçait de maximiser les résultats scientifiques de la mission en transmettant les données obtenues vers la Terre.

Félicitations de la Nasa

«Il est peu probable que les panneaux solaires soient tombés en panne. Il est possible qu'ils ne soient pas orientés dans la direction initialement prévue», a-t-il fait savoir lors d'une conférence de presse. «Si la descente n'avait pas réussi, elle se serait écrasée à une vitesse très élevée. Si tel était le cas, toutes les fonctionnalités de la sonde seraient perdues», a-t-il relevé. «Mais des données sont envoyées sur Terre».

SLIM fait partie des nombreuses missions lunaires lancées récemment par des pays et entreprises privées. Mais jusqu'à présent, seuls les Etats-Unis, l'Union soviétique, la Chine et plus récemment l'Inde, ont réussi à se poser sur la Lune.

Le patron de la Nasa, l'agence spatiale américaine, Bill Nelson, a envoyé ses «félicitations (au Japon) devenu le cinquième pays dans l'histoire à atterrir avec succès sur la Lune». «Nous apprécions notre partenariat dans le cosmos et notre collaboration en cours», a-t-il ajouté.

«Grand succès»

La Jaxa espère analyser les données acquises lors de l'alunissage, pour déterminer si l'engin a atteint son objectif de se poser à moins de 100 mètres de sa cible. SLIM a aluni dans un petit cratère de moins de 300 mètres de diamètre, appelé Shioli, d'où il devait mener au sol des analyses.

Les deux mini-rovers qu'emportait SLIM ont été largués normalement, a dit la Jaxa, dont une sonde sphérique baptisée SORA-Q, à peine plus grande qu'une balle de tennis, et capable de modifier sa forme pour se déplacer sur le sol lunaire. Elle a été développée par la Jaxa, en partenariat avec le géant japonais du jouet Takara Tomy.

Même si la précision de l'alunissage doit être confirmée, «je pense que la mission est un grand succès», a déclaré Jonathan McDowell, astronome au Harvard-Smithsonian Center for Astrophysics. Plusieurs problèmes pourraient potentiellement être à l'origine du souci de panneaux solaires, a-t-il expliqué à l'AFP. «Un câble détaché, un câble connecté dans le mauvais sens, ou l'alunisseur peut être à l'envers et ne pas voir le soleil pour une raison quelconque», a suggéré M. McDowell.

Défi technologique

Plus de 50 ans après les premiers pas des humains sur la Lune - les Américains en 1969 -, celle-ci est redevenue l'objet d'une course mondiale. Outre les Etats-Unis et la Chine, la Russie, rêve aussi de renouer avec la gloire spatiale de l'URSS, en s'associant notamment avec la Chine ou l'Inde, qui a réussi l'été dernier son premier alunissage. Les deux premières tentatives d'alunissage du Japon avaient, elles, mal tourné.

En 2022, une sonde de la Jaxa, Omotenashi, embarquée à bord de la mission américaine Artémis 1, avait connu une défaillance fatale de ses batteries peu après son éjection dans l'espace. Et en avril 2023, un alunisseur de la jeune entreprise privée japonaise ispace s'était écrasé à la surface de la Lune, ayant raté l'étape de la descente en douceur.

Atteindre la Lune reste un immense défi technologique, même pour les grandes puissances spatiales: l'entreprise privée américaine Astrobotic, sous contrat avec la Nasa, a annoncé jeudi que son alunisseur Peregrine avait été volontairement détruit, probablement désintégré en rentrant dans l'atmosphère terrestre avant d'atteindre son objectif. La Nasa a aussi reporté de près d'un an les deux prochaines missions de son grand programme de retour sur la Lune, Artemis, à septembre 2025 et septembre 2026.

S
SDA