«Mille tracteurs ou engins agricoles» bloquent plusieurs rues de la capitale belge, siège des institutions européennes, a déclaré jeudi à l'AFP un porte-parole de la police, précisant que les manifestants provenaient essentiellement de Belgique.

Les organisateurs ont expliqué vouloir dénoncer «les folies qui menacent l'agriculture». La veille au soir, des agriculteurs français et belges ont bloqué ensemble un point de la frontière, dénonçant «la distorsion de concurrence» entérinée par les accords de libre-échange, et réclamant «des annonces très fortes».

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Les agriculteurs portugais aussi mobilisés

Le président français Emmanuel Macron doit s'entretenir jeudi avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen au sujet du «futur de l'agriculture européenne», a annoncé l'Elysée, avant l'ouverture du Sommet européen extraordinaire consacré au budget de l'UE et à l'aide à apporter à l'Ukraine.

Les aides dégagées mercredi par le gouvernement français - d'un montant global de 500 millions d'euros environ - comme les concessions de la Commission européenne sur les jachères et les importations ukrainiennes, n'ont pas semblé trouver grâce aux yeux des agriculteurs, mobilisés aussi en Italie, en Espagne et en Allemagne, et depuis jeudi, au Portugal.

Des centaines d'agriculteurs portugais bloquaient jeudi matin plusieurs axes routiers dont deux passages à la frontière avec l'Espagne, afin de réclamer une «valorisation de leur activité».

Politique européenne trop complexe, revenus trop bas, inflation, concurrence étrangère, accumulation de normes, flambée des prix du carburant: certaines revendications se retrouvent dans la plupart des pays européens.

Limitation des importations d'Ukraine

Mercredi soir, le Premier ministre hongrois Viktor Orban est allé à Bruxelles à la rencontre des agriculteurs en colère, se plaçant du côté du «peuple» et fustigeant la concurrence «déloyale» des produits ukrainiens, au moment où le dirigeant nationaliste fait face à un front des autres 26 dirigeants européens sur l'aide à l'Ukraine.

Face à la colère qui s'exprime sur tout le continent européen, la Commission européenne a proposé d'accorder pour 2024 une dérogation «partielle» aux obligations de jachères imposées par la PAC et envisage un mécanisme limitant les importations d'Ukraine (volaille, oeufs et sucre).

Autre sujet de friction qui reste en suspens à Bruxelles: la Commission négocie actuellement un accord de libre-échange avec les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay) qui inquiète le secteur agricole et dont Paris ne veut pas en l'état actuel.

Calme revenu à Rungis

En France, la présidente du 2e syndicat agricole représentatif Coordination rurale (CR), Véronique Le Floc'h, a suggéré jeudi aux agriculteurs «qui souhaitent monter sur Paris» de «venir à l'Assemblée nationale» afin que les députés «puissent venir à leur rencontre».

Sur les 91 personnes interpellées en fin d'après-midi mercredi après une intrusion dans l'enceinte de Rungis, le plus grand marché de produits agro-alimentaires frais au monde, au sud de Paris, plus aucune n'était en garde à vue jeudi en milieu de matinée. Au petit matin, le calme régnait aux abords du marché.

En coulisses, le gouvernement consulte à tout-va pour trouver une sortie de crise.

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SDA