Contrairement à ce qui avait été annoncé la veille, son dossier était attribué au canton de Genève et non pas à celui de Neuchâtel, a indiqué vendredi en fin d'après-midi la police cantonale vaudoise dans un communiqué. Les otages étaient au nombre de 13 au total et non de 15, corrige aussi la police. Précision aussi quant aux armes sur l'individu, parlant le farsi et l'anglais au moment des faits: il avait non seulement une hache et un couteau mais aussi un marteau.
D'après les premiers éléments de l'enquête, ses motivations seraient «dues à ses conditions de requérant d'asile, ainsi qu'à sa volonté insistante d'avoir des contacts avec une collaboratrice d'un centre de requérants d'asile». La police avait d'ailleurs dû intervenir à plusieurs reprises à cause de son comportement, relève-t-elle.
Recours au taser
La police donne aussi quelques nouveaux détails sur l'assaut vers 22h15, soit après près de quatre heures «d'une longue phase de négociations» avec le preneur d'otages. La prise d'otages a été signalée vers 18h30 et le train était immobilisé à l'arrêt d'Essert-sous-Champvent, portes fermées. Une soixantaine de policiers ont pris position autour du train.
«L'un des membres du groupe d'intervention a d'abord fait usage de son taser pour immobiliser l'homme qui se précipitait sur eux. Armé, ce dernier a néanmoins continué sa course dans leur direction et celle des otages. C'est alors qu'un deuxième membre de l'unité a fait usage de son arme afin de le neutraliser», indique la police.
Le preneur d'otages a été mortellement touché, ajoute-t-elle. Il est décédé sur place, malgré la présence d'un médecin parmi l'équipe d'intervention policière. Les passagers ont quant à eux été pris en charge sur place par un dispositif sanitaire avant d'être transportés en bus au Centre de la gendarmerie mobile à Yverdon. Ils y ont retrouvé leurs familles. Une cellule psychologique avait aussitôt été mise en place.
Plusieurs inconnues
L'enquête se poursuit sous la direction du Ministère public. Elle vise d'une part à préciser encore plus les motivations du preneur d'otages et d'autre part à établir les circonstances qui ont amené au tir du policier, indique encore la police vaudoise.
A ce stade, la piste terroriste n'est «clairement pas» privilégiée. «Aucun élément ne nous oriente vers un acte terroriste. Ni terroriste ni djihadiste», a précisé vendredi à Keystone-ATS Jean-Christophe Sauterel, porte-parole de la police vaudoise.
D'autres questions restent en suspens: à quelle gare est monté le preneur d'otages dans le train, s'il souffrait d'éventuels troubles psychologiques, depuis combien de temps il était arrivé en Suisse, était-il sous radar pour des antécédents violents?
De son côté, la compagnie de trains Travys a expliqué avoir remis aux enquêteurs les enregistrements de vidéo-surveillance du wagon et de plusieurs gares de la ligne. Elle a également salué l'attitude «exemplaire» de son conducteur. L'employé «était en interaction avec le preneur d'otages et a contribué à calmer la situation», selon elle.
Conséquences politiques
L'affaire aura des conséquences politiques. Dans un communiqué, l'UDC Vaud appelle à «mettre fin à l'insécurité de l'asile immédiatement». Son chef de groupe Cédric Weissert interviendra lors de la prochaine session du Grand Conseil. Le conseiller national Yvan Pahud déposera une interpellation à Berne pour connaître le statut du requérant auteur de la prise d'otages.
«C'est un événement exceptionnel. La police est formée pour ce genre d'intervention, comme elle l'a démontré hier, puisque aujourd'hui les treize personnes prises en otages sont hors de danger», a quant à lui souligné le conseiller d'Etat vaudois Vassilis Venizelos en charge de la sécurité dans l'émission Forum de la RTS.
«Règles respectées»
«A ce stade, je n’ai aucune raison de penser que les règles n’ont pas été respectées», a-t-il ajouté en réponse à une question sur l'usage des armes par la police après un autre cas à Morges en 2021. Il n'a pas non plus voulu faire le procès de la politique d'asile. «Nous allons analyser de façon très scrupuleuse les différents événements et on prendra les mesures nécessaires», a-t-il dit.
Le conseiller fédéral Beat Jans est pour sa part intervenu sur les réseaux sociaux pour indiquer qu'il avait suivi cette prise d'otages «avec une vive émotion». Il a annoncé que le Secrétariat d'Etat aux migrations «va analyser ce cas et les conséquences éventuelles avec les cantons concernés».