Dimanche soir, Stephen Kwikiriza «a été jeté le long d'une route à Kyenjojo», à environ 250 kilomètres à l'ouest de la capitale Kampala, a déclaré le directeur de l'Environmental Governance Institute (EIG), Samuel Okulony, dans un message à l'AFP.

Selon les premiers éléments fournis par Stephen Kwikiriza, il a été «battu» par des militaires et «est manifestement mal en point», a-t-il détaillé, ajoutant que le militant est actuellement suivi à l'hôpital de Nsambya. «Ils n'ont cessé de le déplacer d'un endroit à un autre et à chaque nouvel endroit, il était tabassé», a poursuivi M. Okulony.

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Des porte-paroles de l'armée ougandaise n'ont pas donné suite aux sollicitations de l'AFP.

«Escalade particulièrement inquiétante»

Plusieurs ONG, dont la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) et Human Rights Watch (HRW), s'étaient inquiétées de la disparition depuis mardi de Stephen Kwikiriza, affirmant qu'il «aurait été arrêté» par des militaires en civil.

La FIDH avait dénoncé «une escalade particulièrement inquiétante de la répression» contre les opposants au mégaprojet de TotalEnergies, affirmant qu'elle a visé 11 défenseurs de l'environnement entre le 27 mai et le 5 juin.

Dans un communiqué transmis samedi à l'AFP, TotalEnergies a affirmé suivre «la situation de très près», et assuré ne «tolérer aucune menace ou attaque contre ceux qui défendent et promeuvent pacifiquement les droits de l'homme».

Fragile écosystème menacé

TotalEnergies a annoncé en 2022 un accord d'investissement de 10 milliards de dollars avec l'Ouganda, la Tanzanie et la compagnie chinoise CNOOC, comprenant notamment la construction d'un oléoduc (EACOP) de 1443 kilomètres reliant les gisements du lac Albert, dans l'ouest de l'Ouganda, à la côte tanzanienne sur l'océan Indien.

Le projet est dénoncé par des organisations de protection de l'environnement qui estiment qu'il menace le fragile écosystème de la région et des populations qui y vivent.

Plainte contre Total pour «climaticide»

Vingt-six Ougandais et cinq associations françaises et ougandaises ont lancé en juin 2023 une action civile pour demander «réparation» devant le tribunal de Paris de divers préjudices (expropriations abusives, compensations insuffisantes, harcèlement...).

Les associations Darwin Climax Coalitions, Sea Shepherd France, Wild Legal et Stop EACOP-Stop Total en Ouganda ont également déposé en septembre en France une plainte au pénal, qui est, selon elles, «inédite», car elle assigne TotalEnergies «devant le juge pénal pour des faits s'apparentant à un climaticide».

Le président ougandais Yoweri Museveni, qui dirige le pays d'une main de fer depuis 1986, a décrit le projet à plusieurs reprises comme une source économique majeure dans ce pays enclavé.

S
SDA