«Difficile à dire» quand un nouvel arrangement avec Pékin pourra être fait, mais «du côté de la Chine, on voit des intérêts» à réviser l'accord en vigueur depuis une dizaine d'années, a affirmé lundi dans un entretien à Keystone-ATS le chef du Département fédéral de l'économie, de la formation et de la recherche (DEFR). La situation intérieure de ce pays, notamment les difficultés sur le marché de l'immobilier, le pousse à dialoguer.
Il aura fallu environ six ans pour identifier les points sur lesquels la discussion pouvait porter, explique le conseiller fédéral. Or, depuis la signature de l'accord entre l'Association européenne de libre-échange (AELE) et l'Inde il y a quelques mois, l'appétit chinois s'est aussi accéléré. «Nous sommes tombés d'accord» sur cette première phase, ajoute M. Parmelin, qui a présidé lundi une ministérielle de l'association.
Il se rend en Chine pour lancer la seconde étape, l'évaluation de la marge de manoeuvre des parties sur ces questions qui seront discutées. La négociation en elle-même est prévue pour une troisième phase.
Dialogue assez difficile avec le Mercosur
M. Parmelin n'a pas prévu en revanche de faire le suivi avec les Chinois de la conférence pour la paix en Ukraine du Bürgenstock (NW). Pékin n'avait pas participé parce que son allié russe n'avait pas été convié.
Autre grande négociation pour l'AELE, celle avec le Mercosur a été relancée fin avril après cinq ans de pause en raison de la pandémie et de la situation politique dans le bloc sud-américain. Selon des sources convergentes, le dialogue n'est pas bon.
L'ancien président argentin Alberto Fernandez faisait traîner pendant des mois tout dialogue et, alors que ce pays est désormais plus favorable, l'actuel président brésilien Luiz Inazio Lula da Silva a de nouvelles exigences. «Entre eux, il faut qu'ils soient d'accord», fait remarquer M. Parmelin.
Dialogue plus difficile avec Lula
«Il y a une fenêtre d'opportunité», relève-t-il toutefois. Il y a quelques mois, il n'excluait pas la possibilité d'un accord cette année encore, mais il se veut encore plus prudent désormais. «Il y a des questions sur la propriété intellectuelle avec lesquelles le Brésil est revenu à la table des négociations, alors qu'elles avaient été réglées en 2019», selon lui.
D'autres problèmes comme les marchés publics sont aussi en discussion. Et comme les négociations entre le Mercosur et l'UE restent bloquées en raison de quelques pays européens, l'urgence pour la Suisse est moindre. «Je préfère que nous avancions pas à pas», insiste le conseiller fédéral.
D'autant plus que des questions comme la déforestation et les importations agricoles seront âprement discutées en Suisse, admet M. Parmelin. Même si sur le second point, des contingents sont prévus pour ne pas fragiliser l'agriculture suisse. Aucune date n'est encore décidée pour une prochaine négociation, selon des sources convergentes.