Le lancement est prévu mardi à partir de 15h00, heure locale (20h00 en Suisse) depuis le centre spatial européen de Kourou en Guyane française. Porteuse de beaucoup d'espoir, cette fusée doit permettre aux pays concernés d'avoir un accès indépendant à l'espace.

«Cela fait aussi partie de la politique spatiale de la Suisse», a indiqué Renato Krpoun, chef de la division des Affaires spatiales au Secrétariat d'Etat à la formation, à la recherche et à l'innovation (SEFRI), interrogé par Keystone-ATS.

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Depuis que la devancière d'Ariane 6, Ariane 5, a décollé pour la dernière fois en été 2023, l'Europe n'a plus de moyens propres pour lancer de gros satellites dans l'espace.

Et en raison de la guerre en Ukraine, les fusées russes Soyouz n'entraient plus en ligne de compte. Le télescope spatial Euclid, par exemple, a dû être lancé en juillet 2023 par une fusée Falcon 9 de la société SpaceX d'Elon Musk.

Des technologies pour le quotidien

«L'accès à l'espace est devenu très important», note M. Krpoun: «Nous utilisons quotidiennement l'infrastructure dans l'espace pour les systèmes de navigation, pour les signaux horaires et pour les prévisions météorologiques».

Même les smartphones ne fonctionneraient pas sans les satellites. S'il y avait un problème pour amener cette infrastructure dans l'espace, on le remarquerait immédiatement, souligne Renato Krpoun.

Initialement, Ariane 6 aurait dû être lancée pour la première fois en 2020. Mais le programme a pris du retard en raison de la pandémie de coronavirus et de contretemps dans le développement. Désormais, la fusée a passé avec succès ses derniers tests. Après son vol inaugural prévu mardi, elle devrait être exploitée commercialement dès la fin de l'année.

«Une trentaine de lancements ont déjà été vendus», précise M. Krpoun. L'entreprise Amazon veut par exemple lancer des satellites dans l'espace avec la fusée Ariane 6 pour le projet d'Internet par satellite «Kuiper». A l'avenir, la fusée devrait être lancée environ neuf fois par an.

Industrie suisse impliquée

L'industrie suisse est impliquée: ainsi, la coiffe de la charge utile de la fusée provient de l'entreprise suisse Beyond-Gravity, et APCO Technologies, basée à Aigle (VD), a notamment fourni la fixation et la coiffe des boosters.

Le tout doit résister à une poussée de 270 tonnes. Le coût du projet s'est élevé à environ quatre milliards d'euros, dont 2,4% à la charge de la Suisse.

Le nouveau lanceur fait aussi l'objet de critiques: contrairement au Falcon 9 de SpaceX, Ariane 6 n'est pas réutilisable, ce qui signifie qu'il faut fabriquer une nouvelle fusée pour chaque lancement. En outre, on lui reproche d'être trop chère et de ne pas pouvoir rivaliser avec la compétitivité des fusées de SpaceX.

Besoin d'alternatives

Le prix exact d'un lancement avec Ariane 6 n'est pas connu. Un coût d'environ 67 millions de francs était visé. Avec les retards, il est probable que ce chiffre sera nettement plus élevé.

Ariane ne pourra ainsi pas rivaliser avec le prix de base de Falcon 9 (environ 60 millions de francs). Le fait que de nombreux lancements aient déjà été vendus montre toutefois qu'il existe un besoin d'alternatives à SpaceX, conclut M. Krpoun.

Ariane 6 est un lanceur polyvalent, avec un étage supérieur réallumable lui permettant de placer plusieurs satellites sur différentes orbites pendant le même vol. La campagne de lancement a démarré en avril à Kourou, où le corps central de la première Ariane 6 a été installé sur le pas de tir ELA4.