Nous souhaitons nous former au digital, mais nous manquons de temps. Tel est le principal message ressortant d’un sondage mené par l’Union patronale du canton de Fribourg (UPCF), qui regroupe 7500 membres, soit l’équivalent de 75 000 emplois.

Les sociétés fribourgeoises ont été écoutées. Des formations accélérées ont été mises en place en partenariat avec la Haute Ecole de gestion Fribourg (HEG-FR). Le programme de cours, baptisé FriDigital, se décline dans quatre domaines: cybersécurité, marketing digital, e-commerce et site internet. La deuxième volée de cours débutera fin janvier.

également interessant
 
 
 
 
 
 

Une préoccupation majeure

Ce mapping de la transition numérique des PME allant de 1 à 250 employés a surpris à plusieurs niveaux. «La bonne nouvelle, c’est que toutes les entreprises sont préoccupées par cette thématique, quels que soient les secteurs. Cela va de la construction aux domaines de la santé ou des arts et métiers, observe Reto Julmy, directeur de l’UPCF. Plus de la moitié des entreprises jugent la digitalisation importante, et même très importante.» Par ailleurs, selon l’étude, il n’y a pas de corrélation significative entre la taille de l’entreprise ou l’âge du patron et le degré de digitalisation. Ainsi, contrairement aux idées reçues, on peut être une menuiserie familiale de cinq collaborateurs dirigée par un patron de l’ancienne génération et avoir déjà digitalisé sa gestion des stocks et ses offres.

La surprise principale est cependant venue du type d’obstacles entravant les entrepreneurs dans leur démarche de digitalisation. «Ce n’est pas la question financière qui freine les entreprises pour s’investir dans cette direction, c’est le manque de temps. Il est apparu largement en tête (30%), devant le manque de compétences (20%) et d’argent (20%), reporte Valentin Clivaz, chef de projet FriDigital. Cela s’explique par le fait que beaucoup de dirigeants de PME sont des hommes-orchestres accaparés par de nombreuses tâches.» C’est pourquoi proposer des formations courtes, de deux heures et demie en soirée, sous forme de modules, semble une réponse adaptée.

Public cible large

Les cours ciblent aussi bien les cadres dirigeants que leurs collaborateurs. Car pour mettre en place une stratégie numérique, la clé est la compréhension de celle-ci par la direction, même si ensuite ce n’est peut-être pas forcément elle qui va mener les campagnes de marketing digital. Les modules cybersécurité (stratégie, risque, surveillance), marketing digital et réseaux sociaux (campagne publicitaire, analyse, vidéo streaming) ont rencontré un certain succès en novembre. Ils seront probablement reconduits l’an prochain. Dès le 20 janvier, les cours e-commerce (pricing, écosystème, paiement) et site web (création, gestion des contenus, SEO) commenceront à la Haute Ecole de gestion.

Face à ce tourbillon du digital, certaines entreprises se sentent dépassées, en particulier parce que «la transition n’est jamais finie», mentionnent plusieurs patrons en marge de l’étude. «En effet, c’est une démarche qui s’inscrit sur la durée, avec des budgets qui se répètent d’année en année, pose Valentin Clivaz. Mais le retour sur investissement se mesure très rapidement. Il est directement tangible pour les entreprises qui se lancent dans l’e-commerce et voient leurs ventes augmenter du jour au lendemain. Pour les autres, c’est un gain en productivité, grâce à la digitalisation des processus. L’industrie, les entreprises de services, la construction et tous les secteurs ont beaucoup à gagner en numérisant la gestion des heures, des salaires, des commandes, de la planification…» Elles ne savent cependant pas toujours par où commencer.

Pour les accompagner de manière individuelle, FriDigital propose un digital check d’entreprise. Une fois le diagnostic posé, la société est libre de mettre en place les solutions suggérées. En outre, un blog proposera dans le courant 2020 un tri d’informations ciblées pour épauler les PME dans leur transition.

TB
Tiphaine Bühler