A quelques semaines du lancement officiel de la version numérique du Blick en Suisse romande prévu pour le 1er juin, Michel Jeanneret, rédacteur en chef, et Thomas Deléchat, Product Owner, sont dans les starting-blocks. Le tandem se réjouit d’entrer à son tour dans la course qui les opposera au gratuit 20 minutes et à Watson, un autre pure player (soit uniquement en digital) récemment débarqué en Romandie.

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Quelles seront les spécificités du dernier entrant sur le marché? «Watson produit du divertissement, de l’humour et… des news et cible plutôt les jeunes audiences. Alors que le Blick.ch romand se concentrera essentiellement sur l’actualité et s’adressera en priorité aux 25-45 ans, précise Michel Jeanneret. Quant à 20min.ch, c’est une excellente machine à audience, mais ce titre zappe d’un thème à l’autre, sans volonté de creuser. De notre côté, nous traiterons l’actualité en profondeur pour construire une audience loyale.»

«D’ailleurs, nous avons l’objectif d’instaurer un paywall dans quelques années, ce qui nous oblige à offrir une qualité premium dès le départ», poursuit Thomas Deléchat, pour qui capter un lectorat convaincu fait même figure de priorité absolue. Pour y parvenir, le duo peut compter sur une rédaction de 20 personnes qui vise les 700 000 visiteurs uniques par mois d’ici à la fin de 2022. Si l’objectif est atteint, la plateforme francophone du Blick figurera parmi les dix sites romands les plus visités.

Pour se démarquer, l’équipe romande du Blick.ch pourra aussi s’appuyer sur l’impressionnante force de frappe de son pendant alémanique et de ses 250 collaborateurs, en traduisant et en adaptant des articles. Mais le binôme compte surtout s’inspirer de ce grand frère pour ramener un ton polémique qui a disparu en Suisse romande avec la disparition du Matin. «La provocation sera bien là, confirme Michel Jeanneret, car pour moi, un média qui ne provoque pas ne sert à rien. Toutefois, elle doit être intelligente et faire du sens. Nous voulons offrir une autre vision du journalisme avec un ton piquant, mais sans être râleur.» Un verbe mordant que les lecteurs retrouveront dans la dizaine d’articles rédigés chaque jour par la rédaction romande.

Organisation agile

Cette rédaction se démarquera aussi par son fonctionnement. «La direction du Blick à Zurich considère cette expérience romande comme un laboratoire, poursuit Thomas Deléchat. Ce qui nous offre une liberté d’organisation inédite.» Ainsi, la rédaction sera organisée en trois pôles. L’Investigative Lab, le noyau journalistique de la rédaction, «qui cherchera à se différencier de la presse qui nous sert toujours les mêmes plats, explique Michel Jeanneret, qui chapeautera ce laboratoire. Le Blick a construit sa réputation sur ses scoops, nous suivrons la même ligne de manière très agile. En cas de besoin, nous pourrons travailler en meute et solliciter tous les journalistes pour couvrir un gros sujet.» Le deuxième pôle, l’Editing Lab, se chargera d’éditer des articles de la version alémanique du Blick ainsi que des dépêches d’agences. Enfin, le Creative Lab, composé de spécialistes de la communication, des réseaux sociaux ou de la vidéo, amènera son savoir-faire dès la séance de rédaction.

«Ces spécialistes guideront les journalistes en matière de narration et de diffusion des informations, conclut Thomas Deléchat, chargé de cette équipe. Comment faut-il publier telle information, sur quel canal, à quelle heure, sous quel format? Pour nous, il s’agit là du reflet de notre tandem avec Michel, à la fois journalistique et digital.»

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Thierry Vial