- La nouvelle loi vaudoise sur l’énergie introduit six priorités, dont plusieurs concernent directement les bâtiments d’entreprise, notamment la sortie des énergies fossiles ainsi que le développement du solaire et des réseaux thermiques.
- Le chauffage est un poste-clé visé par la loi : les entreprises doivent anticiper le remplacement de leurs systèmes fossiles et étudier les alternatives renouvelables disponibles localement.
- Une approche progressive permet d’avancer efficacement : état des lieux, identification des ressources, comparaison des solutions et planification des étapes dans le temps.
Les six grandes priorités du projet de loi
La nouvelle LVLEne s’articule autour de six axes identifiés pour soutenir les objectifs climatiques cantonaux. Plusieurs d’entre eux touchent directement les bâtiments d’activité :
- Sortie progressive des énergies fossiles dans les bâtiments : les systèmes fonctionnant au mazout ou au gaz en fin de vie devront être remplacés par des alternatives renouvelables.
- Développement du photovoltaïque : les toitures commerciales et industrielles sont concernées en priorité.
- Renforcement des réseaux thermiques : les réseaux de chauffage à distance (CAD) seront développés et leur raccordement est encouragé là où cela est possible.
- Maîtrise énergétique : rénovation des bâtiments, pilotage des consommations et amélioration des rendements deviennent des enjeux centraux.
- Valorisation des ressources locales : chaleur du lac, géothermie, biomasse, etc., seront priorisées lorsqu’elles sont disponibles.
- Planification territoriale : les communes devront intégrer les enjeux énergétiques dans l’aménagement de leur territoire.
Pourquoi se pencher sur la question du chauffage ?
Parmi les postes de consommation concernés, le chauffage reste un levier central, car il représente une part importante des consommations d’énergie et des émissions du secteur bâti. À lui seul, le chauffage fossile représente une grande part des 38% des émissions de gaz à effet de serre dans le canton (source : projet de loi sur l’énergie | État de Vaud). Et c’est précisément sur ce poste que les évolutions légales sont les plus immédiates.
Dès lors, il est utile pour les entreprises de se poser plusieurs questions concrètes :
- Que faire lorsqu’un système de chauffage arrive en fin de vie ?
- Existe-t-il une ressource renouvelable à proximité (réseau CAD, géothermie…) ?
- Comment planifier un changement sans perturber l’exploitation du site ?
Deux leviers à combiner pour avancer
1. Réduire la consommation
Avant de changer de système, il est conseillé d’agir en premier lieu sur la demande. Isolation, réglages, horaires, automatismes : une meilleure gestion permet de consommer moins sans modifier en profondeur les équipements. Cela contribue à dimensionner correctement les infrastructures futures.
2. Remplacer les systèmes fossiles
La loi impose désormais de se tourner vers des solutions renouvelables lors du remplacement d’un chauffage fossile. Plusieurs options peuvent être envisagées, selon la situation du bâtiment :
- Une pompe à chaleur, qui peut puiser l’énergie dans l’air (aérothermie), l’eau (hydrothermie) ou le sol (géothermie), idéalement couplée à une installation photovoltaïque.
- Un raccordement à un chauffage à distance local, lorsque celui-ci est disponible.
- Une chaufferie bois ou à pellets, dans certains cas spécifiques.
Cette transition peut se planifier sur plusieurs années : mieux vaut l’anticiper pour sécuriser les financements, l’intégrer dans son budget, coordonner les travaux et choisir la solution la plus adaptée à ses besoins.
Le chauffage à distance : une solution locale à considérer
L’un des objectifs de la nouvelle loi est de développer les réseaux de chaleur structurants, alimentés par des sources locales et renouvelables (lacs, chaleur de récupération, bois, etc.). Ces systèmes permettent de mutualiser la production de chaleur à l'échelle d'une commune, d'une zone ou d'un quartier.
Concrètement, un réseau de chauffage à distance fonctionne ainsi :
- Une centrale produit de la chaleur à partir d’une ressource renouvelable
- Un réseau souterrain la distribue aux bâtiments raccordés
- Une sous-station permet à chaque bâtiment d’utiliser cette chaleur sans chaufferie propre, pour le chauffage et/ou l’eau chaude sanitaire
Pour une entreprise, le raccordement présente plusieurs avantages :
- Gain de place et simplification technique
- Pas d'exploitation de chaufferie, ce qui réduit les charges liées à la maintenance et à la gestion interne
- Moins d’entretien, aucun combustible à stocker ou à gérer
- Approvisionnement sécurisé avec de faibles émissions de CO₂.
C’est une solution à intégrer dans une réflexion d’ensemble, lorsqu’un réseau existe ou est en projet à proximité, en tenant compte du planning, des coûts de raccordement et des spécificités du site.
Le raccordement à un réseau thermique ne se décide pas uniquement pour des raisons environnementales : c’est souvent aussi une réponse pragmatique, qui simplifie la gestion technique des bâtiments.
Oliviero Iubatti, Directeur Immobilier
Comment s’y prendre pour avancer, étape par étape
Adapter ses bâtiments au nouveau cadre légal ne se fait pas en un claquement de doigt. L’enjeu est de définir une trajectoire réaliste, alignée avec ses priorités d’exploitation et d’investissement.
Voici une méthode possible :
- Évaluer l’état énergétique du bâtiment : quels sont les équipements en place, leur âge, leurs performances, les principales pertes ?
- Explorer les ressources locales : y a-t-il un réseau de chaleur existant ? Un potentiel photovoltaïque ou géothermique ?
- Étudier plusieurs scénarios : comparer les coûts globaux, les contraintes techniques, les implications pour l’exploitation
- Établir une feuille de route : avec des actions à court, moyen et long terme, en tenant compte du cadre légal, des subventions disponibles et des priorités internes.
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En conclusion
La LVLEne introduit de nouvelles règles pour accompagner la transition énergétique du canton. Plutôt que d’y voir une contrainte, les entreprises peuvent y trouver une opportunité : réduire leurs charges d’exploitation, améliorer la valeur de leur patrimoine, répondre aux attentes croissantes des parties prenantes en matière d’énergie et accéder à des soutiens financiers encore significatifs. Des subventions cantonales sont encore disponibles pour soutenir ces projets, mais elles pourraient évoluer à mesure que les exigences deviennent plus strictes.
Il n’existe pas de solution unique, mais le point de départ est souvent le même : prendre le temps d’évaluer ses besoins et d’explorer les options disponibles. Anticiper, planifier et construire une trajectoire énergétique éclairée reste la meilleure façon de transformer ces évolutions en leviers d’action.
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