Un an après le lancement de chat GPT, il est clair que cette technologie est entrée dans les mœurs. C'est particulièrement évident lorsque, lors d'un repas de famille, un oncle sexagénaire, au lieu d’utiliser Google, demande une réponse au célèbre agent conversationnel.

L'IA n'est pas seulement présente dans le cadre de réunions familiales, mais également dans le monde professionnel. En Suisse, plus d'un quart des employés utilisent actuellement l'IA générative au travail.

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C'est ce que montre une nouvelle étude de Salesforce intitulée The Promises and Pitfalls of AI at Work (les promesses et les pièges de l'IA au travail). Au total, 14 000 employés ont été interrogés dans quatorze pays, dont environ 1000 en Suisse.

Utilisation d’outils d’IA non autorisés

Un nombre significatif de professionnels utilisent des technologies qui ne sont pas officiellement autorisées. En Suisse, par exemple, 34% des personnes sondées ont déjà travaillé avec des outils d'IA expressément interdits par leur employeur. En comparaison, ce chiffre est de 40% dans le monde.

Mais ce n'est pas tout. Pas moins de 61% des participants à l'enquête en Suisse ont déjà fait passer des résultats générés par l'IA comme étant les leurs. Particulièrement frappant, le domaine des sciences et de la technologie présente le taux le plus élevé avec 86%, suivi de près par le secteur des médias et du divertissement avec 81%. 

A titre d’exemple, le magazine sportif américain Sports Illustrated, a publié cette année plusieurs articles écrits par des intelligences artificielles. La publication ne l'a toutefois pas déclaré. De plus, Sports Illustrated a créé des profils d'auteurs qui ont été générés par l'IA et n'existent donc pas dans la vie réelle. C'est ce qu'a découvert le magazine Futurism dans le cadre d'une enquête. 

Nouvelles technologies grand public 

De tels incidents s'étendent jusqu'en Suisse, comme le montre l'étude. «C'est un énorme problème», déclare Gregory Leproux, responsable Solution engineering chez Salesforce Suisse. Il pense connaître la raison pour laquelle les collaborateurs ont besoin d'outils d'IA qui sont formellement interdits par leur employeur. 

«Cette année, beaucoup de nouvelles technologies grand public sont arrivées sur le marché», explique-t-il. Les fournisseurs de logiciels d'entreprise comme Microsoft ou IBM ont également adapté leurs systèmes, ce qui a soudain permis aux collaborateurs de disposer de nouveaux outils pour effectuer leur travail plus facilement et plus efficacement. Par exemple, pour écrire de longs textes en beaucoup moins de temps ou pour générer des illustrations.

Les directives font défaut

La raison principale de ces nombreuses infractions est tout simplement l'absence de directives en matière d'IA sur le lieu de travail. Dans 77% des entreprises suisses, aucune ligne directrice claire n'a été définie dans ce domaine. Dans un tiers des cas, de telles directives font même totalement défaut. 

L'étude de Salesforce montre en outre que la formation sur le thème de l'intelligence artificielle est insuffisante. Deux employés suisses sur trois n'ont pas reçu de formation sur l'utilisation appropriée de l'IA générative. La même proportion manque de formation sur l'utilisation sûre de l'intelligence artificielle.

«L'accélération de cette technologie a mis les entreprises sous pression», explique Gregory Leproux. Selon lui, les sociétés en Suisse auraient eu besoin de plus de temps pour réagir à l'IA. C'est pourquoi les directives clairement définies font défaut dans de nombreuses entreprises. 

Chacun a un rôle à jouer. Les managers, qui peuvent mettre en place des formations et définir des directives, mais aussi les collaborateurs, qui acquièrent ces connaissances de manière proactive ou demandent des formations correspondantes. Ce n'est qu'ainsi que l'IA pourra se répandre de manière claire et sûre au sein des entreprises helvétiques.

Un atout lors de l'entretien d'embauche

Alors qu'il est difficile pour la majorité des firmes de surfer sur la vague de l'intelligence artificielle, de nombreux employés suisses se sentent prêts à faire le pas. 

40% des personnes interrogées sont convaincues que des connaissances dans le domaine de l'IA peuvent améliorer leurs perspectives professionnelles. Un pourcentage impressionnant de 35% s'attend même à une augmentation de salaire. Enfin, 40% des participants à l'enquête sont prêts à exagérer leurs compétences dans le domaine de l'IA générative pour s'assurer un emploi.

«Il y a vingt ans, une bonne maîtrise des programmes informatiques tels que Word et Excel faisait partie des compétences appréciées dans le monde du travail, Gregory Leproux. Aujourd'hui, il est important d'avoir une compréhension de base de l'IA.» Par conséquent, ces connaissances prendront une place de plus en plus grande sur les CV dans les années à venir.

Mais cela relève-t-il uniquement du devoir des travailleurs? Non, selon ce spécialiste, il s'agit d'une responsabilité commune des entreprises, des individus et des universités. Ainsi, ce n'est qu'ensemble que l'on pourra façonner l'avenir de l'utilisation de l'IA. 

Cet article est une adaptation d'une publication parue dans Handelszeitung.

A propos de l'étude

Sur mandat de Salesforce, l'institut de sondage Yougov a interrogé plus de 14 000 employés à plein-temps d'entreprises de différentes tailles et de plusieurs secteurs entre le 18 et le 31 octobre 2023. Les sociétés proviennent de 14 pays différents: États-Unis, Grande-Bretagne, Canada, Allemagne, France, Italie, Suisse, Pays-Bas, Scandinavie, Inde, Brésil, Japon, Mexique et Émirats arabes unis. 

Lena Madonna
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