L'année dernière a été difficile pour de nombreuses entreprises. Afin de pouvoir manœuvrer à travers les turbulences, elles ont besoin de décideurs stratégiques aux postes de cadres. Et cela leur coûte cher.

Pour la deuxième année consécutive, les entreprises ont prévu un budget attrayant pour la rémunération de leurs collaborateurs aux échelons supérieurs de la hiérarchie. En 2023, les augmentations de salaire ont enregistré une hausse inédite depuis 2015 de 2,4% au niveau senior et d'environ 3% au niveau intermédiaire et inférieur. La valeur de cette année est certes plus basse, mais les cadres ont encore reçu en moyenne une augmentation de salaire de près de 2%.

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Les techniciens et les représentants des professions commerciales sont gagnants

Ce sont les cadres ayant une formation technique ou commerciale qui en profitent le plus. Ceux qui occupent la direction commerciale générale peuvent compter sur 218 000 francs. Les directeurs techniques reçoivent en moyenne 236 000 francs, et avec de l'expérience, ils peuvent même atteindre 308 000 francs.

Les responsables de comptes-clés, les gestionnaires de risques et les chefs d'équipe dans le domaine de la planification et du développement de l'entreprise peuvent également franchir la barre des 200 000 francs. Les cadres des secteurs de l'audit, de la vente, des finances et de la comptabilité ainsi que du droit se situent très légèrement en dessous de la barre des 200 000.

La rémunération la plus basse est celle des chefs de laboratoire, d'entrepôt ou d'expédition. La médiane des salaires se situe entre 125 000 et 130 000 francs par an.

Ces données sont présentées dans l'«Etude sur les salaires des cadres en Suisse 2024» de cette année. L'enquête est un projet de la société de conseil en entreprise Kienbaum Consultants International et de Handelszeitung, qui en est à sa 42e édition. 

Les données révèlent également que les personnes installées seules au sommet de la hiérarchie ou qui dirigent leur propre entreprise reçoivent en moyenne le salaire le plus élevé. La médiane de la rémunération d'une direction unique s'élève à 371 000 francs, alors qu'en haut de l'échelle, le montant grimpe à 519 000 francs. La situation est la même pour la présidence de la direction: la médiane est de 481 000 francs, les cadres supérieurs touchent jusqu'à 673 000 francs par an.

La rémunération effective de nombreux cadres dépend toutefois du succès de l'entreprise, explique Timon Forrer, directeur et membre de la direction de Kienbaum: «Pour l'année dernière, la plupart des branches ont distribué des bonus plutôt élevés. Ce sont surtout les cadres qui en ont profité.»

Les bonus font pencher la balance

La part variable va de 13 000 francs pour les cadres opérationnels, à 37 000 francs pour les cadres supérieurs et à 80 000 francs pour les directeurs et membres de la direction.

Environ 93% des cadres supérieurs et 84% de tous les cadres reçoivent une rémunération variable annuelle. C'est pourquoi l'augmentation de salaire de cette année est proportionnellement plus élevée: «En cas de mauvaise année économique, les personnes bien rémunérées perdent nettement plus et, à l'inverse, elles profitent davantage des bons exercices commerciaux que la base des collaborateurs», explique Timon Forrer.

Le secteur bancaire - qui a une fois de plus suscité des discussions autour des bonus élevés en 2023 - est aussi celui qui verse les salaires les plus élevés de Suisse. Il est suivi de près par le secteur des assurances. Le conseil et la branche pharmaceutique sont également en tête. A l'autre bout de l'échelle salariale, on trouve les médias, le commerce et les télécommunications.

La voiture de fonction perd de son importance

Un aspect de l'étude attire l'attention: les différences régionales. Depuis des années, c'est à Zurich que les cadres gagnent le mieux leur vie, suivi de Bâle-Ville, de la Suisse centrale et de la région lémanique. C'est au Tessin que les cadres sont le moins bien payés.

Ces chiffres sont tenaces, alors qu'ils devraient s'harmoniser selon Timon Forrer: d'une part, la disposition à la mobilité augmente avec le niveau de carrière, d'autre part, les réglementations sur le travail à domicile ne lient plus forcément les gens au lieu d'implantation de l'entreprise. 

Par conséquent, les salaires devraient se rapprocher dans toute la Suisse, mais ce n'est pas le cas. Toujours est-il que «de plus en plus d'entreprises renoncent à des fourchettes de rémunération régionales», explique Timon Forrer.

Un changement attire toutefois l'attention. En Allemagne, les véhicules de fonction jouissent toujours d'une grande estime à tous les niveaux de management. Ici, ils font de moins en moins leur entrée dans les garages privés. Alors que près de 70% des directeurs généraux conduisent toujours une voiture de société, ce chiffre dépasse à peine 50% pour l'ensemble du top management.

En revanche, la proportion tombe à moins de 20% chez les cadres moyens et inférieurs. Il y a cependant quelques exceptions: alors que quatre directeurs des ventes sur cinq conduisent une voiture de fonction, ce n'est même pas le cas d'une personne sur dix parmi les directeurs informatiques.

Toutefois, la mobilité durable gagne en importance. Les bornes de recharge électrique et les subventions pour les transports publics se répandent. Mais les cadres ne sont pas les seuls à en profiter: «On fait de moins en moins la différence entre les cadres et les collaborateurs en matière d'avantages, explique Timon Forrer. Cela correspond à l'esprit du temps, dans lequel les organisations aspirent à des hiérarchies plates.»

Cet article est une adaptation d'une publication parue dans Handelszeitung.

Tina Fischer
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