Bonjour,
Récemment engagé dans le mouvement «Stop! On en a marre!» lancé par les commerçants à l’adresse des autorités lausannoises, Claudio Bocchia revient sur son parcours de multi-entrepreneur.
Claudio Bocchia, multi-entrepreneur.
Yvain Genevay / TamediaPublicité
«A l’école, j’étais abonné à la place du fond, à côté du radiateur. Un vrai cancre. Je n’ai même pas obtenu mon certificat de fin d’études. Au début des années 1980, alors que les ordinateurs personnels faisaient leur apparition, j’ai entamé un apprentissage de commerce. Très vite, l’informatique m’a passionné. J’ai lancé des centres de formation dans ce domaine, regroupés au sein d’une association. C’était du bénévolat, mais déjà une belle aventure.
A six mois de la fin de mon CFC, j’ai décidé d’arrêter mon apprentissage. Le Département de l’instruction publique m’a convoqué pour m’expliquer que, sans diplôme, je ne ferais rien de ma vie. Je les ai envoyés promener. Comme les médias avaient parlé de mon initiative de formation en informatique, j’ai postulé chez Veillon, alors célèbre société de vente par correspondance. Plutôt qu’un CV, j’ai envoyé un dossier de presse. Le pari a fonctionné: j’ai été engagé au département informatique, qui comptait une cinquantaine de personnes sur 800 employés.
En 1989, à 23 ans, j’ai créé ma première société en informatique, Sigma Consulting. Mon employeur l’a mal pris et m’a licencié. En tant qu’indépendant sans client, je n’avais droit à aucune aide. Les neuf mois qui ont suivi ont été très difficiles. Jusqu’au jour où j’ai répondu à une annonce pour un poste d’informaticien freelance. Ce premier mandat en a entraîné d’autres, notamment auprès de grandes entreprises, et j’ai peu à peu bâti ma réputation de consultant.
Avec l’arrivée d’internet, j’ai élargi mes activités au web, puis à la photo numérique. En 2007, j’ai lancé easydivorce.ch, une plateforme de divorce en ligne que j’ai revendue l’an dernier. Elle a probablement réglé plus de séparations et de divorces que n’importe quel cabinet d’avocats de la région! J’ai aussi lancé une version alémanique, un peu moins performante. Par la suite, j’ai repris Masculin Center, un institut de soins pour hommes qui compte aujourd’hui huit centres en Suisse romande, une quinzaine de collaborateurs et environ 15 000 clients par an.
J’ai ensuite racheté le Passeport Beauté, qui propose des réductions dans des instituts partenaires, et créé ma propre marque de serviettes de bain, puis de duvets haut de gamme. Il y a deux ans, un zona dû au stress m’a obligé à lever le pied. J’en ai profité pour écrire plusieurs livres, sur le business, la visibilité numérique ou encore l’Egypte antique, un sujet qui me fascine depuis toujours.
En parallèle, je suis engagé dans diverses associations de promotion économique et de commerçants. L’été dernier, à Lausanne, le centre-ville a été bloqué quatre samedis d’affilée en raison de manifestations diverses. Chez les commerçants, la coupe était pleine. Nous avons alors décidé d’agir: c’est ainsi qu’est né le mouvement «Stop! On en a marre!», symbolisé par des affiches apposées sur les vitrines des magasins.
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Peu importe la couleur politique de la municipalité qui sera élue en mars: notre objectif est d’être entendus. Nous voulons que les autorités reconnaissent les difficultés des petits commerces: problèmes d’accessibilité pour la clientèle extérieure, mobilité compliquée, réduction des places de parc, chantiers permanents, insécurité – notamment à la place de la Riponne.
Aujourd’hui, la municipalité de Lausanne est dans le déni complet. Elle reste enfermée dans un discours dogmatique et les mesures annoncées relèvent souvent du cosmétique. Nous ne réclamons ni subventions, ni aides, ni taxes supplémentaires, simplement de pouvoir travailler. Le vrai problème, c’est la déconnexion des élus lausannois avec la réalité économique. Nous demandons que les décisions futures tiennent compte de leur impact sur les commerçants. Mais le chemin est encore long. Trop souvent, lorsque nous soulevons un problème, la réponse est toute faite: «C’est la faute d’internet ou des loyers.» Un moyen commode de se défausser. Certes, ces éléments jouent un rôle, mais ils n’expliquent pas tout.»
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