L’État de Vaud participe à la transformation numérique et ambitionne de devenir un acteur à part entière de l’innovation digitale. En avril dernier, une importante étude réalisée par Innovaud et le Service de la promotion de l’économie et de l’innovation (SPEI) analysait les enjeux et les opportunités de la transition numérique pour le tissu économique vaudois. Parmi les recommandations évoquées se trouvaient la mise en place d’une culture d’entreprise axée sur le digital, l’instauration d’un climat de confiance dans les nouveaux outils et les nouvelles pratiques, le soutien par le canton de projets pilotes innovants et collaboratifs, la nécessité de mettre l’accent sur la formation des collaborateurs ou encore de faire évoluer le cadre légal.

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Aujourd’hui, selon des chiffres de la Chambre vaudoise du commerce et de l’industrie (CVCI), environ deux tiers des entreprises se sentent concernées par les enjeux de la digitalisation. Les structures les plus grandes et les plus exposées à la concurrence internationale sont en avance dans ce domaine. C’est moins le cas des PME, auxquelles le canton souhaite donc accorder une attention particulière. Pour y parvenir, sa politique de soutien, auparavant principalement orientée sur l’innovation technologique, a été élargie à la digitalisation, qui fait désormais partie des domaines prioritaires de la promotion économique.

Valoriser l’expertise digitale

A la suite de la présentation de l’étude menée par Innovaud et le SPEI, plusieurs mesures concrètes ont été adoptées pour accompagner la numérisation du tissu économique vaudois. L’une d’entre elles est la mise sur pied par Innovaud, en avril dernier, de la plateforme interactive vaud.digital. «Son objectif est de cartographier dynamiquement tous les acteurs de la transformation digitale basés dans le canton, de valoriser leur expertise, mais aussi de favoriser l’échange de compétences et de ressources. Elle vise ainsi à faciliter l’accès des entreprises aux fournisseurs de technologies numériques», souligne Lara Rossi, responsable de la communication à Innovaud. Lancée sous l’égide de la marque de promotion du canton Vaud +, la plateforme est une vitrine du dynamisme du canton de Vaud en matière de technologie et d’innovation numérique. C’est aussi un excellent outil pour qui souhaite investir.

Le canton de Vaud possède de nombreux atouts. Il faut maintenant créer des ponts.

Raphaël Conz, Responsable Unité Entreprise, SPEI

A ce jour, vaud.digital répertorie près de 400 entreprises, PME, start-up et instituts de recherche. Chaque entité qui innove, développe et maîtrise en interne une technologie digitale peut s’y inscrire gratuitement. Elle dispose alors de sa propre fiche, qu’elle peut gérer et modifier au fil du temps. «Les membres de la communauté sont responsables de leur contenu, et peuvent ainsi utiliser la plateforme comme outil de promotion», note Lara Rossi. Vaud.digital représente 26 industries et 18 technologies digitales (blockchain, intelligence artificielle, cybersécurité, robotique, etc.).

La liste des membres est dynamique et visible sur une carte géographique. A terme, la plateforme devrait servir à cartographier d’autres domaines d’innovation porteurs dans le canton de Vaud, comme la sportstech, l’efficience énergétique ou la neurotech. «Nous nous réjouissons de voir se concrétiser de nouvelles collaborations entre acteurs de vaud.digital, complète Lara Rossi. Nous allons continuer à fédérer cette communauté et promouvoir ces ambassadeurs vaudois du digital en Suisse et à l’étranger.»

Coup de pouce aux start-up

L’action du canton de Vaud est complétée par une série de soutiens directs octroyés par la Fondation pour l’innovation technologique (FIT). En mai dernier, l’institution a lancé un nouvel outil destiné aux projets digitaux novateurs. Appelé FIT Digital, il répond à une demande concrète: aider financièrement les entrepreneurs qui ne sont pas forcément rattachés à une université, porteurs d’un business model innovant et dont le projet a un fort potentiel de croissance. «Les idées de nouvelles entreprises dans le domaine du digital ne manquent pas. Mais quand leurs initiateurs ne sont pas directement affiliés à une haute école ou à un domaine high-tech, une grande partie d’entre eux peine encore à trouver le soutien financier nécessaire au développement de leur projet», remarque Didier Schwarz, Project Manager du FIT Digital et conseiller en innovation chez Innovaud. Le but est de faciliter les démarches entrepreneuriales et de permettre à ceux qui souhaitent se lancer d’oser prendre le risque.

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Soutenue par FIT Digital, la start-up Alaya offre aux PME l’opportunité d’engager leurs employés dans des activités de bénévolat.
© DR

Le FIT Digital s’adresse aux start-up basées dans le canton de Vaud et dont la levée de fonds n’a pas été supérieure à 2 millions. Il représente un soutien pour lancer leur activité. «Pour avoir accès au financement, les candidats doivent développer un projet digital innovant, avec un modèle d’affaires difficile à imiter, et avoir un fort potentiel de croissance au niveau européen ou mondial», précise Didier Schwarz. Trois types de financement sont disponibles. Le FIT Digital Grant est une bourse de 20 000 francs permettant de tester les hypothèses du modèle d’affaires. Il s’agit d’un fonds perdu octroyé avant ou jusqu’à six mois après l’inscription au registre du commerce. FIT Digital Seed (un prêt de 50 000 francs à 0% remboursable sur 6 ans) a pour objectif de renforcer l’équipe et d’acquérir les premiers clients payants. Le FIT Digital Growth, enfin, permet d’exécuter, grâce à un prêt de 200 000 francs (remboursable sur 6 ans à 8% d’intérêts), les premières stratégies de croissance. Il accompagne une levée de fonds de maximum 2 millions.

Les deux premières vagues de financement ont eu lieu en juillet et en septembre. Neuf projets ont été soutenus pour un total de 660 000 francs octroyés. Par exemple Alaya, la plateforme digitale de l’engagement solidaire, ou encore Neho, une agence immobilière sans commission. Avec ces soutiens financiers, la FIT espère aussi favoriser la digitalisation des PME. «Ces dernières pourraient profiter des nouvelles solutions numériques développées dans le canton avec l’aide du FIT Digital», confirme Didier Schwarz.

Nouvelle stratégie cantonale

En parallèle de ces initiatives, le SPEI planche aussi sur divers soutiens financiers visant à permettre l’émergence de nouveaux projets collaboratifs innovants, comme ceux de l’association CityZen, partenaire des villes pour les projets Smart City. L’ambition du SPEI est d’encourager les coopérations (entre collectivités publiques, grandes entreprises, PME et start-up, par exemple) autour de la transition numérique. «Le canton de Vaud possède de nombreux atouts et acteurs dans ce domaine, mais il faut maintenant créer des ponts et des synergies pour mettre en place de véritables dynamiques d’innovation et de collaborations, souligne Raphaël Conz, responsable de l’Unité Entreprise au sein du SPEI. Grâce à ce financement, nous souhaitons favoriser l’emploi, la création de valeur ajoutée pour les entreprises et l’émergence de nouvelles compétences et expertises pouvant contribuer au rayonnement du canton en Suisse comme à l’étranger, en tant que territoire d’innovation dans le numérique.» Quatre à cinq projets pilotes ont déjà été identifiés, informe le responsable. Des avancées significatives sont prévues à ce niveau dans les six mois à venir.

Ces mesures s’intègrent dans le développement de la nouvelle stratégie numérique du Conseil d’Etat, qui sera présentée très prochainement au public. Elle comprendra cinq grands axes à l’aune desquels s’inscrira la politique cantonale. Il est question de développer une politique de la donnée (protection, libre accès, etc.), d’accompagner les personnes notamment via la formation, de soutenir les entreprises, d’investir dans les infrastructures (stockage, réseaux, etc.) et la sécurité, mais aussi de renforcer la cyberadministration.
Trois projets phares dans les domaines de l’économie, de l’éducation et de la mobilité seront également lancés dans le cadre de cette stratégie. Ce nouvel arsenal devrait permettre au canton de remplir ses objectifs en matière de transition numérique, et de se profiler comme un centre de compétences reconnu en économie numérique.

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Martin Bernard
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