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Record de nuitées et polémique en lien avec le surtourisme: Martin Nydegger défend la stratégie de Suisse Tourisme.


Ulrich Rotzinger,
Christian Kolbe
Martin Nydegger, directeur de Suisse Tourisme, au siège de l'organisation de commercialisation à Zurich.
Switzerland Tourism / André MeierPublicité
Jamais autant de personnes n'ont passé leurs vacances dans notre pays que l'été dernier. Cette année, le record de 42,8 millions de nuitées devrait être battu. Les critiques reprochent à Suisse Tourisme d'attiser la surfréquentation avec ses campagnes autour de Roger Federer. Le directeur de l'organisation, Martin Nydegger (54 ans), en est mécontent. Depuis le siège de l'entreprise à Zurich, le Bernois passe à l'offensive.
Pour l'ensemble de l'année 2025, nous prévoyons une croissance des nuitées de 1 à 2% par rapport à l'année précédente. Cette croissance est tout à fait normale, comme nous l'avons connue durant des années précédant la pandémie. Sans une telle croissance, les sociétés touristiques ne pourraient pas faire face aux investissements nécessaires dans les infrastructures telles que les chambres d'hôtel ou les remontées mécaniques.
Je ne peux pas prouver concrètement l'impact par des données. En interne, nous partons du principe qu'un hôte sur six est dû à notre commercialisation globale. L'interaction entre l'État et les entreprises touristiques privées fonctionne parfaitement. A cela s'ajoutent les paysages magnifiques, la nature intacte et les montagnes somptueuses, qui sont d'ailleurs les trois principales raisons d'un voyage en Suisse.
Martin Nydegger (54 ans) est directeur de Suisse Tourisme depuis sept ans. Avec ses 280 collaborateurs répartis sur 22 marchés, il est chargé de susciter l’envie de voyager en Suisse à travers le monde. Fils d’un agriculteur du Seeland bernois, il a suivi une formation de mécanicien agricole avant de se former rapidement comme spécialiste diplômé du tourisme, avec un MBA. Il a été directeur du tourisme en Engadine pendant dix ans et a vécu à Scuol (GR). Plus tard, il a rejoint Suisse Tourisme à Amsterdam pour promouvoir les vacances en Suisse auprès des Néerlandais. Il est marié et père d’un fils.
Nous comptons 300 destinations touristiques en Suisse. La plupart ont de la place dans les hôtels: le taux d'occupation annuel moyen est de 50%, dans les Grisons de 40%. Pour une poignée de destinations, je vous l'accorde, il y a ponctuellement des goulots d'étranglement. Je suis en contact permanent avec tous les présidents de commune, les hôtels et les remontées mécaniques. Et pas seulement lorsque les choses se gâtent. Mon message est le suivant: ne réduisez pas le pays à quelques destinations phares.
Combien de temps avez-vous à disposition? La liste est longue. J'ai commencé ma carrière en Basse-Engadine, à Scuol. Là-bas, les hôtels sont heureux de recevoir chaque client. C'est aussi le cas dans toute la Suisse orientale - Thurgovie, Saint-Gall, Schaffhouse - et même au Tessin, il n'y a que peu de goulots d'étranglement. A Lugano et Bellinzone, il y a plus que suffisamment de place.
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Nous ne voulons pas exercer de pression supplémentaire sur les hotspots touristiques qui attirent déjà suffisamment de visiteurs de l'étranger. Avec Roger Federer et Halle Berry, nous visons des régions moins fréquentées et voulons orienter davantage les touristes vers la saison d'automne. C'est pourquoi nous sommes allés à Vitznau (LU) et Emmetten (NW). Nous nous sommes concentrés sur les téléphériques et les bateaux, donc sur les transports publics. Et nous voulons montrer avec ce spot qu'il vaut la peine d'augmenter la durée du séjour en Suisse.
... cela peut bien sûr arriver. La seule chose que nous pouvons faire est d'essayer de dissocier les flux touristiques et de mieux les répartir sur l'année.
Chaque pays dispose d'une organisation nationale du tourisme. Ailleurs, la part de l'argent public est de 80 à 100%. Chez nous, elle n'est que de 50%. Suisse Tourisme est l'organisation touristique qui reçoit le moins de subventions publiques au monde. L'autre moitié provient directement de la branche.
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Vous voulez savoir si Roger Federer gagne de l'argent avec Suisse Tourisme? Je peux vous dire qu'il ne gagne pas un centime avec nous. Il a dit de lui-même au début de notre collaboration: «J'ai eu du succès parce que j'ai grandi dans un pays qui m'a donné la stabilité nécessaire pour cela. La dernière chose que je souhaite est de recevoir l'argent des contribuables pour mon engagement.»
Nous versons à Roger Federer une contribution modérée à sa fondation, qui utilise l'argent uniquement pour les enfants défavorisés en Suisse. C'est stipulé dans le contrat. Et nous ne pouvons pas rendre ce contrat public. Ce que les autres stars reçoivent, je ne peux pas non plus vous le dire. Si je le pouvais, je le ferais volontiers: vous seriez étonné du montant dérisoire pour lequel ces célébrités font la promotion de la Suisse.
Oui, c'est vrai! Je suis très sérieux. Les stars rendent beaucoup de choses possibles pour nous, grâce à Roger.
Qu'y a-t-il de mal à cela? Nous sommes une organisation de commercialisation et avons un mandat de la Confédération. Si nous pouvons compter sur Roger Federer et Halle Berry, nous voulons aussi que le plus grand nombre possible de personnes voient notre message. Autre chose: avec le clip publicitaire actuel, nous avons obtenu une plus grande portée que les années précédentes, malgré une publicité moins importante et un budget plus bas.
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Il existe un accord de confidentialité avec des personnalités comme Roger Federer. En ce qui concerne le budget de nos projets, nous sommes totalement transparents. Vous pouvez tout lire dans le rapport annuel. Nos partenaires reçoivent également des informations précises sur ce que nous faisons de leur argent.
Oui, bien sûr, c'est logique. On fait des économies partout. Nous employons 280 personnes. La moitié en Suisse, l'autre moitié dans les 35 bureaux répartis sur 22 marchés. Ce sont des mini-équipes, de douze personnes maximum. Si nous avons moins d'argent à disposition, nous pouvons moins bien orienter les flux touristiques.
>> Lire aussi: Roger Federer, moteur du boom touristique en Suisse
Cet article est une adaptation d'une publication parue dans Blick.
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