Ils se sont battus et ils auront eu raison. Les employés du site genevois d’ABB ont obtenu gain de cause et plusieurs dizaines d’entre eux garderont leur emploi de production en Suisse. Mais pour combien de temps encore? Ce psychodrame automnal a démontré une réalité que tout le monde connaissait auparavant. Les grands groupes ne veulent plus produire en Suisse. En revanche, ils veulent garder les activités «de recherche, d’ingénierie et de ventes de pièces», ainsi que l’a clairement affirmé la direction d’ABB.

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La production sera donc polonaise et le reste romand, en résumé. Même les autorités ne semblent plus croire en la nécessité pour ABB de produire sur leurs terres, hormis les véhicules ou produits prévus spécifiquement pour le canton. Alors l’industrie romande vit-elle sa fin avec l’arrêt programmé des machines d’ABB et celles du groupe Bombardier, des industries pourtant historiques ou emblématiques au bord du lac Léman? On peut le redouter. Pour les experts romands de l’OPI (Office pour la promotion de l’industrie et des technologies), les dernières données sur la conjoncture ne sont pas vraiment favorables à l’industrie: «Les entreprises peinent à retrouver un rythme de croisière avec des entrées de commande et un niveau de production toujours en baisse.»

Autre explication provenant du responsable romand de Swissmem, Philippe Cordonier: «Je dirais que l’industrie romande subit en effet une transformation importante. Mais les places de travail changent aussi et deviennent des postes à plus haute valeur ajoutée.» Apparemment, seuls les grands groupes peuvent découpler la recherche et la production, ce qui n’est pas le cas de la majorité de nos PME suisses. «J’aimerais citer le bon exemple de Bobst pour anticiper l’avenir de l’industrie romande. Le groupe vaudois a délocalisé les productions «bas de gamme». Mais il a gardé la production à valeur ajoutée en Suisse avec 1500 emplois sur 5000 dans le monde.»

Un modèle hybride qui pourrait être l’avenir, l’industrie des machines étant en pleine révolution à l’aune de la digitalisation. (EB)