Les plateformes romandes de livraison de repas à domicile ont envahi notre quotidien depuis quelques années. Mais depuis la crise sanitaire du Covid-19, les sociétés de livraison voient leur chiffre d’affaires exploser avec des commandes de repas en croissance exponentielle. Le confinement est passé par là, le secteur alimentaire étant l’un des rares pouvant poursuivre ses activités. Mais comme très souvent lors de croissance très rapide, des effets pervers apparaissent. En l’occurrence, le manque de livreurs.

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Chez Coop, les livraisons deviennent carrément ingérables, ou presque. Une communication a été faite le 25 mars auprès des clients. «En raison de la très forte demande actuelle, il y a très peu de choix de plages horaires de livraisons disponibles dans plusieurs régions, voire pas du tout de disponibilité. Nous travaillons activement pour augmenter davantage nos capacités», écrit le distributeur. Qu’en est-il des autres acteurs en Suisse romande? Coup de sonde auprès de Smood et de MagicTomato.

Accord avec Global Limousine

MagicTomato (Genève et Lausanne) fait la navette entre les producteurs locaux et les consommateurs. La PME vient de multiplier ses commandes par cinq. Le CEO, Paul Charmillot, a engagé plusieurs personnes pour assurer la cadence, il a même doublé son effectif qui s’élève à 20 collaborateurs aujourd’hui. Mais la recherche de livreurs et de véhicules, qui sont essentiels à son activité, n’est pas aisée. «Il a fallu réagir très vite et nous ne voulions pas recruter dans l’urgence n’importe qui. D’autant plus que nous ne savions pas jusqu’à quand l’activité serait aussi forte. Cela a été un grand problème. Heureusement, nous venons de trouver une solution dans le cadre d’un accord avec la société de taxi Global Limousine. Leurs chauffeurs manquent de travail à cause de la crise, nous pouvons ainsi les employer, tout en les équipant dans le respect de nos normes d’hygiène. Un partenariat gagnant-gagnant.»

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MagicTomato fait la navette entre producteurs et consommateurs.
© keystone-sda.ch

Ce stress lié au manque de livreurs résolu, MagicTomato se dit paré à continuer à répondre à la demande, pour le bonheur de tous ceux qui restent confinés et veulent consommer des légumes et produits locaux. Quant au directeur général de Smood, Marc Aeschlimann, il n’y va pas par quatre chemins: «Notre chiffre d’affaires a augmenté de 60%, nous avons engagé 30% de livreurs en plus. Notre accord pour livrer des denrées de la Migros cartonne (les livraisons sont assurées en vingt-quatre heures car non dépendantes de La Poste, ndlr), les paniers moyens sont très importants et les gens nous laissent des messages reconnaissants.»

Livraisons «sans contact»

Le directeur a rapidement réussi à trouver des solutions pour engager des chauffeurs, même si les RH ont été débordées de travail. «Face à la situation, nous avons eu des propositions de chauffeurs Uber ou de compagnies de taxis. Ils n’ont plus d’activité et ne touchent pas d’aides. Même certains clients nous ont sympathiquement proposé leurs services afin de pouvoir faire une activité hors de chez eux!»

La société Smood, numéro un romand, a décidé la gratuité de l’enregistrement des restaurants ainsi que la limitation des frais de livraison pendant la crise. A l’instar de ses concurrents, elle insiste sur le respect des distances de sécurité imposées par la lutte contre la pandémie, les livraisons se font ainsi «sans contact», la nourriture étant déposée devant la porte. «Le personnel formé est équipé de masques, de gants et les véhicules disposent tous de désinfectants pour les mains», ajoute le dirigeant, qui souligne qu’une certaine solidarité entre métiers est née. ‎

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Edouard Bolleter