Anticiper les enjeux environnementaux offre d’excellentes opportunités aux entreprises. Voilà, en substance, le message que souhaite transmettre à ses clients Jérôme Kolly, fondateur de l’entreprise fribourgeoise de conseils Projets21. Il s'exprimera sur la thématique du management durable dans le cadre du Salon de l’Entreprise qui se tiendra à Bulle les 16 et 17 mars, plus précisément lors d’une table ronde intitulée «Des outils pour rendre l’entreprise durable» (voir détails ci-dessous). 

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Qu’en est-il de la situation liée au management durable au sein des entreprises romandes?
Les sociétés tendent encore trop souvent à privilégier les enjeux financiers aux enjeux sociétaux et environnementaux. Toutefois, on sent que les choses évoluent, notamment avec les nouvelles générations qui arrivent à la tête des entreprises. Avec le Covid et les problèmes d’approvisionnement, les gens ont davantage tendance à se demander d’où viennent les marchandises qu’ils consomment et quelle est la chaîne d'approvisionnement. Il y a une prise de conscience accrue par rapport à ce que les entreprises achètent.

Quels outils peuvent-elles utiliser?
Le choix de la démarche se fait en fonction de l’objectif à atteindre et du périmètre à couvrir. Selon l’importance de la situation, le bilan CO2 est souvent très approprié. Il s’agit de tenir la comptabilité du carbone émis par la société, pas uniquement les ventes et les coûts. Aujourd’hui, l’entreprise ne peut plus se contenter d’un suivi financier, elle doit intégrer dans sa stratégie les enjeux environnementaux et ceux liés à ses parties prenantes, notamment ses collaborateurs, ses clients et ses fournisseurs. Pour ce faire, des outils plus complets sont pertinents comme EcoEntreprise, STI, BCorp ou encore Entreprise citoyenne pour ne citer que les plus répandus.

Pouvez-vous mentionner des exemples de conseils que vous donnez aux entreprises?
Nous avons récemment conseillé à une société devant changer le parc informatique de ses clients de ne pas uniquement penser au prix des ordinateurs, mais également d’intégrer aux critères de sélection des notions de réparabilité afin de favoriser la durée de vie des appareils ou encore de consommation d’énergie. Pour une autre société qui fournit des solutions informatiques, nous avons développé un outil d’analyse de son portefeuille clients en termes de durabilité. Elle peut ainsi mieux mesurer son impact tout au long de sa chaîne de création de valeur, et adapter ses stratégies en conséquence.

Quelles différences voyez-vous entre les grandes entreprises et les plus petites structures?
Lorsque j’ai commencé il y a huit ans, je travaillais surtout avec des grandes firmes. Aujourd’hui, même des petits artisans s'interrogent sur leur impact climatique. Ceci dit, chaque société présente des enjeux spécifiques. Selon qu’il s’agisse d’une entreprise de conseils ou d’une société active dans l’industrie, les réponses à apporter ne sont évidemment pas les mêmes. Plus globalement, j’observe une volonté croissante de la part des entreprises qui souhaitent « faire quelque chose en faveur de l’environnement ». Cependant, le choix des mesures prises ne tient pas compte de l’importance de l’impact. A titre d’exemple, c’est souvent le papier recyclé ou les tasses en carton qui sont traités en priorité, alors que c’est peut-être du côté de la consommation d’énergie et de la mobilité que des gains conséquents sont à trouver. Il est important de penser la durabilité de manière plus globale et de s’appuyer sur des faits et démarches qui ont fait leur preuves sur le marché des PME romandes. 

Au-delà des questions éthiques, quels bénéfices peuvent retirer les entreprises en appliquant de telles mesures?
Intégrer la durabilité doit être vu comme une opportunité pour les entreprises. Si elles n’anticipent pas ces questions, elles devront les subir un jour ou l’autre. Je suis persuadé que dans dix ans nous nous demanderons comment nous avons pu consommer de la manière dont nous surconsommons aujourd’hui, notamment l’énergie. J’ajouterais qu’au-delà des questions financières liées aux économies possibles, intégrer les questions environnementales permet d’attirer les jeunes talents, qui sont de plus en plus sensibles à ces problématiques. 

La deuxième édition du Salon de l'Entreprise aura lieu les 16 et 17 mars à l'Espace Gruyère Bulle et sera consacrée au management durable. La table ronde «Des outils pour rendre l’entreprise durable» se tiendra le 16 mars, de 9h15 à 10h. 

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William Türler
William Türler