En raison des développements géopolitiques actuels, les enjeux énergétiques sont au cœur des débats depuis plusieurs mois. Pour la Suisse et son industrie tech, un approvisionnement fiable se révèle primordial. C’est pourquoi Swissmem a choisi l’énergie comme thématique centrale de sa 16e journée de l’industrie, qui se tiendra le 29 juin au SwissTech Convention Center, sur le site de l’EPFL. L'objectif consistera notamment à montrer différentes solutions portées par des entreprises industrielles en Suisse romande. Parmi celles-ci, trois se distinguent plus particulièrement. 

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Bateau à zéro émission et jambes d'atterrissage réutilisables 

Basée à l’Innovation Park de l’EPFL, la société Almatech, qui emploie une trentaine d’ingénieurs, développe un bateau à zéro émission sur hydrofoil, baptisé Zesst, ainsi que des jambes d’atterrissage pour de futurs lanceurs réutilisables du programme Ariane. Fondée en 2009, l’entreprise a participé au développement du voilier sur foils Hydroptère. Par ailleurs, elle est à l’origine du télescope Cheops, en orbite depuis 2019 et dont la mission consiste à détecter des exoplanètes.

Concernant le bateau, l’objectif est de construire un navire pouvant transporter dans un premier temps sept, puis, à l’horizon 2028, une centaine et même 300 passagers. La CGN, notamment, se montre intéressée par le projet.

Muni d’un foil intelligent permettant de mesurer l’immersion dans l’eau pour améliorer la stabilité et de piles à combustibles, le bateau est 20% moins cher sur l’ensemble d’un cycle de vie qu’un bateau traditionnel fonctionnant au diesel et navigant à une vitesse équivalente de 50 km/h. Par ailleurs, il est cinq à dix fois plus économe en énergie. 

«Nous sommes actuellement en phase de test et activement en recherche de fonds pour débuter la construction», indique Luc Blecha, cofondateur d’Almatech. Le coût total pour une embarcation pouvant transporter une centaine de personnes s’élève à 10 millions de francs. 

Pour ce qui est des quatre jambes d'atterrissage, elles mesurent chacune 7 mètres de long. Elles pourront permettre de réceptionner un lanceur de 30 tonnes et être réutilisées jusqu’à dix fois. Un premier prototype a d'ores et déjà été livré au client. 

Des façades équipées de panneaux solaires

De son côté, la société Kromatix, fondée en 2019 et établie à Romont (FR), a développé à l’EPFL une solution innovante pour habiller de panneaux solaires les bâtiments. Selon l’Agence internationale de l’énergie, ces derniers sont les plus grands émetteurs de CO2 avec environ 44% du volume émis sur la planète, devant les industries (34%) et le transport (22%).

«La plus grande surface d’un bâtiment est celle des façades qu’on ne peut pas habiller avec des panneaux solaires noirs et des cellules visibles, résume le CEO Rafic Hanbali. Nous donnons donc de la couleur aux panneaux, sans utiliser de pigments, peintures ou impression digitale. C’est une déposition moléculaire sur le verre qui reflète vers l’œil la longueur d’onde de la couleur choisie. C’est ce qui permet à la production énergétique de nos panneaux de rester très élevée.» 

Les panneaux de Kromatix présentent une puissance de 3% à 12% inférieure à celle des panneaux noirs de même taille. En revanche, la production électrique en KWh annuelle peut être égale ou supérieure, suivant les régions: dans les pays scandinaves, par exemple, où l’azimut du soleil est plus bas, la production en façade peut être de 30% supérieure à celle de la même puissance sur le toit. De même, pendant la journée, la production d’énergie le matin et l’après-midi est plus importante en façade en raison de l’angle des rayons incidents sur le panneau.

En outre, tous les composants sont cachés et les panneaux n’ont pas d’effet de réflexion aveuglant. Des dizaines de projets de l’entreprise fribourgeoise qui emploie une quarantaine de collaborateurs ont été réalisés avec cette technologie, notamment dans des aéroports, des centres-villes, des monuments et des domaines classés. Google avait notamment choisi cette technique pour ses deux premiers immeubles à façades actives en Californie. 

Une maintenance prédictive 

Avec plus d’un siècle d’expérience et environ un tiers de la capacité hydraulique mondiale installée, le groupe Andritz Hydro est l’un des principaux fournisseurs d’équipements et services pour les centrales hydro-électriques. Son antenne suisse, qui emploie 240 personnes à Kriens (LU) et à Vevey (VD), est spécialisée dans les activités de maintenance, de rénovation et de modernisation de ces centrales.

«Dans le contexte de la transition énergétique, l’hydro-électricité a plusieurs rôles majeurs à jouer», indique Roland Cuenod, CEO d’Andritz Hydro Suisse. Premièrement, il s’agit de compenser avec le solaire et l’éolien la diminution de production d’électricité carbonée et nucléaire. Pour ce faire, le groupe est impliqué dans la construction de nombreuses nouvelles centrales notamment en Asie et en Afrique. En ce qui concerne la parc existant en Europe et en Amérique du Nord, la société développe des technologies qui permettent de prolonger la durée de vie des centrales après des décennies d’exploitation, tout en améliorant leurs performances afin de maximiser la production d’électricité.

En outre, compte tenu de la part croissante des énergies renouvelables variables comme l’éolien et le solaire, l’hydro-électricité permet d’assurer la stabilité des réseaux électriques. C’est pourquoi, l'entreprise développe diverses technologies qui optimisent le comportement des installations sur des domaines étendus d’opération (plage de fonctionnement étendue, opération à charges partielles, fréquences de démarrage et d’arrêt des installations plus élevées, etc.)

Par ailleurs, elle met au point des technologies améliorant différents aspects environnementaux, notamment en éliminant l’utilisation d’huiles dans les systèmes immergés, en développant des designs et profils hydrauliques limitant l’impact sur la faune aquatique et en concevant des solutions d’enrichissement en oxygène bénéfique à la vie aquatique en aval des réservoirs.

Elle est également active dans le domaine de la digitalisation et développe des logiciels basés sur l’intelligence artificielle capables d’optimiser l’exploitation des centrales. Le but consiste à maximiser la production grâce à une maintenance prédictive, qui améliore la disponibilité des installations en anticipant des pannes potentielles. A titre d’exemple, au Pérou, ces systèmes ont permis de prédire une panne dont la correction a nécessité dix jours, au lieu d’un mois de réparation onéreuse sans de tels outils de prévision.

Pour en savoir plus: www.journeeindustrie.ch 


>> «PME» fait gagner 2 entrées pour la 16e journée de l’industrie Swissmem. Pour prendre part au concours, veuillez remplir les champs ci-dessous. Bonne chance!

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William Türler
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