«Notre but est de minimiser la main-d’œuvre sur toutes les tâches à faible valeur ajoutée, indique Yoann Chapel, cofondateur de First Track. C’est ce qui nous permettra de rester compétitifs en produisant des skis 100% Swiss made.» Créée en 2018 dans le val de Bagnes (VS), l’entreprise était, à l’origine, active dans la R&D. Elle réalisait des projets de design avancé et de prototypage pour Decathlon ou Rossignol. L’année dernière, elle a reçu des demandes de clients souhaitant lui déléguer leur production, ce qui l’a poussée à investir dans des machines lui permettant de gérer des volumes plus importants. Pour mettre en place son infrastructure actuelle, elle a levé 400 000 francs.

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Aujourd’hui, son principal client est la marque de ski Simply, lancée en 2022 par le freeskieur helvétique Laurent De Martin. La start-up, présente lors de la Foire du Valais, est actuellement en discussion avec d’autres prospects. Au-delà des skis, elle peut produire des snowboards, des kiteboards (ce qu’elle fait pour la marque suisse Gin), des wakeboards ou des skates (domaine dans lequel l’autre cofondateur, Selim Abdi, a débuté), les procédés de base étant sensiblement les mêmes. «Il est important de conserver ce savoir-faire, explique Yoann Chapel. L’industrie du ski risque d’être passablement challengée à long terme en raison du réchauffement climatique.»

Des skis haut de gamme

En 2024, l’entreprise vise une production de 1500 paires de skis, puis 6000 d’ici à deux ans. En termes de chiffre d’affaires, elle table sur 400 000 francs en 2023 et anticipe le double l’année prochaine. Pour y arriver, l’équipe, constituée de huit personnes, souhaite passer à la vitesse supérieure en termes de digitalisation et de robotisation. Afin d’être en mesure de s’adapter rapidement en cas de crise, de demande urgente de la clientèle ou de nouvelle opportunité, elle mise sur une flexibilisation maximale de ses processus de fabrication. Toutes les machines ont été dessinées, assemblées et programmées en interne. «Si nous avions dû investir dans de l’outillage classique, notre infrastructure aurait coûté plusieurs millions pour un équipement de production beaucoup moins flexible», avance Yoann Chapel. Par exemple, l’IA permet aux machines de First Track d’être plus malléables, automatisées et économiques que des outils traditionnels.

«Nous souhaitons devenir l’usine la plus digitalisée du monde dans le domaine du ski, ajoute le cofondateur. C’est le seul moyen de tenir tête à des concurrents qui fabriquent en Tunisie, en Europe de l’Est ou en Asie. Aujourd’hui, à part nous, la seule entreprise produisant des skis de série en Suisse est Stöckli.» Pour l’heure, la société se positionne dans le haut de gamme. A titre d’exemple, le prix de vente des skis Simply se situe aux alentours de 1000 francs. Dans les années à venir, la start-up souhaite continuer à optimiser sa production, ce qui pourrait lui permettre de devenir plus abordable. Elle envisage également de dupliquer son site de production pour s’adapter à la demande du marché, en Suisse ou à l’étranger.

William Türler
William Türler