Ce n'était pas la grande scène. Lorsque Peter Brabeck a publié sa biographie il y a trois ans en Suisse alémanique, l'évènement s'est déroulée chez Tödisport à Glaris. L'espace de vente du magasin de sport transformé pour l'ancien dirigeant du groupe mondial Nestlé, l'homme a l'éternel look d'alpiniste s'est exprimé devant un tuyau d'aération surdimensionné entre des chaussures de randonnée, des casques de vélo et des gants de sport. Brabeck avait intitulé «Ascensions» l'auto-réflexion qu'il avait faite sur son impressionnante carrière. Dès la première page, le ton était donné: Sur 22 lignes, il y avait dix fois le mot «je». S'en est suivi un récit de 270 pages d'une vie d'aventures bien remplie: Alpinisme sur le mont Everest, Rallye dans le Sahara, Cessna au Vénézuéla, moto au Vietnam, le tout agrémenté avec des photos obligatoires avec les puissants (du pape François à Angela Merkel) et des sagesses intemporelles en matière de management («La meilleure façon de prédire l'avenir, c'est de le façonner soi-même»).

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Près de 70 autochtones, sagement alignés sur des bancs en bois, ont écouté ces envolées dans un monde étranger. Après la séance, Brabeck a signé ses livres «avec un calme déconcertant», comme l'a noté un chroniqueur. Facteur glamour: à développer.

Lorsque le 56e WEF à Davos sera inauguré le 19 janvier, Peter Brabeck voulait être à nouveau sur la grande scène. Le 20 avril 2025, lors d'un dramatique week-end de Pâques après la démission du fondateur Klaus Schwab, il avait assuré ad intérim la présidence du conseil de fondation du WEF. Maintenant, il était à nouveau là où il se voyait: Au sommet. Le dominateur mondial Donald Trump était déjà présent par vidéo lors de la grande manifestation de Davos en janvier justement trois jours après sa deuxième prestation de serment, et depuis le WEF travaille en coulisses à l'élaboration d'un retour de l'homme qui avait choqué la Suisse pour la fête nationale avec ses 39 pourcent de droits de douane. En juin, Brabeck avait déjà inauguré le WEF d'été à Tianjin, en Chine, par l'intermédiaire de communiqué de presse dans le style visionnaire et étatique typique du WEF: «Dans un monde global en pleine mutation, la technologie est la clé du progrès partagé».

En septembre, l'octogénaire a voulu s'exprimer devant les dirigeants de la politique lucernoise et nidwaldienne au «Bürgenstock Resort». Il avait également pris ce rendez-vous de Schwab qui avait initié la rencontre après que le Covid-WEF prévu au Bürgenstock ait été annulé. Lors de la rencontre annuelle du HSG Alumni Senior Club le 11 décembre, il a été nommé comme «président du WEF a.i». Trump au lieu de Glaris, Merz au lieu de Horgen, où il a participé en mai à une réunion du commerce de détail peu fréquentée: Telle était la perspective.

Mais il en a été autrement. Le 12 août Brabeck a envoyé sa lettre de démission au conseil de fondation. C'était la fin d'une lutte de pouvoir qui a touché l'organisation dans ses fondements et a mis à mal la l'énorme travail de construction du fondateur Schwab. Avec une grande furie, Brabeck avait attaqué l'homme qui l'avait fait entrer dans l'organisation 27 ans plus tôt. Il voulait «détruire» Schwab avait-il prétendument déclaré à des membres du conseil de fondation (Brabeck n'a pas voulu s'exprimer en réponse à une demande de BILANZ). Au final, c'était un combat d'homme à homme. Brabeck a perdu.

Affaire Klaus Schwab Peter Brabeck

Peter Brabeck s'est montré agressif envers l'homme qui l'avait fait venir il y a 27 ans au WEF.

© Christian Wind

Des mois épuisants

La veille, Schwab avait présenté son rapport au conseil de fondation composé de 28 membres par vidéo. C'était la première fois depuis la réception de la lettre anonyme envoyée par un groupe d'ennemis de Schwab le 16 avril, sous le pseudonyme de «Rebecca», qu'il s'est présenté devant le conseil de fondation. Au lieu de lutter contre les agresseurs, Brabeck et le chef d'Axa Thomas Buberl, puissant responsable du comité d'audit et des risques, s'en sont pris à Schwab, soutenus par le CEO Børge Brende, décrit en détail dans le l'édition de juin de BILANZ.

Le rapport d'enquête de 35 pages du cabinet Homburger avait été remis aux membres du conseil de fondation cinq jours auparavant. Schwab leur avait envoyé une déclaration personnelle ainsi que l'évaluation de de son avocat Peter Nobel. L'homme de 87 ans est resté objectif, a déclaré son inquiétude pour le Forum et a souligné qu'il n'avait rien à se reprocher, comme le montre le rapport clairement. Quatre mois d'incertitude derrière lui, il s'agissait déjà de la deuxième enquête: auparavant, Homburger avait travaillé pendant huit mois épuisants à la suite d'un article du «Wall Street Journal» de juin 2024 à la recherche d'irrégularités. Le journal new-yorkais s'est appuyé sur les informateurs de la lettre anonyme de «Rebecca» qui s'étaient présentés comme un «groupe d'actuels et d'anciens employés du World Economic Forum». La première enquête avait complètement innocenté Schwab: Brende avait communiqué mi-mars, qu'il n'y avait «aucune preuve d'un comportement fautif du fondateur».

La question délicate des frais

Désormais, tous les membres du conseil de fondation ont vu que, encore cette fois-ci, tous les reproches qui ont été formulés dans la bataille de boue qui s'est déroulée n'étaient pas fondés. Homburger avait regardé, en collaboration avec la société de révision BDO, les boîtes de mail du couple Schwab des 15 dernières années, plus de 100 000 courriels et 65 000 documents ont été enquêtés, 86 entretiens avec 59 anciens et actuels collaborateurs ont été menés. Le cabinet avait même élargi sa mission: Les tireurs de « Rebecca» avaient emballé leur critique en onze points. Homburger a examiné 28 allégations.

Les prétendus paiements de l'assurance maladie d'Hilde Schwab: réglé par son mari. Les versements en espèces des collaborateurs pour Schwab: montants minimes, tous comptabilisés. La manipulation du «World Competitiveness Report»: adaptation de la méthode, mais pas de suppression d'un rapport négatif ou un ajustement dans le classement. Faire cavalier seul dans le projet WEF-Metaverse-projet : sans objet. L'utilisation privée de la Villa Mundi sur le site du WEF: jamais arrivé. Insinuations envers des collaboratrices: Inoffensif - par exemple 52 roses pour une collaboratrice de longue date pour son 52e anniversaire. Des tulipes auraient-elles été préférables?

Klaus Schwab et sa femme et première collaboratrice Hilde Schwab

Le fondateur du WEF Klaus Schwab et sa femme et première collaboratrice Hilde Schwab.

© David Biedert

Sur la délicate question des frais, les enquêteurs ont été particulièrement méticuleux - chaque vol et chaque hôtel ont été vérifiés. Schwab avait demandé à son assistante de délimiter les dépenses privées et de les comptabiliser séparément. Tous les six mois. il a signé ces dépenses. L'audit interne n'a pas été fait correctement, ce qui est plutôt une négligence du CEO Brende et le responsable du comité d'audit Buberl. C'est ainsi que sont apparus quelques paiements que Schwab avait déclaré privé mais qui ont néanmoins été comptabilisés au Forum. Il s'agit d'un montant agrégé à cinq chiffres sur 15 ans. Le fait que Hilde Schwab accompagnait souvent son mari était justifié par sa présidence de la fondation jumelle du WEF des «entrepreneurs sociaux», et le conseil de fondation le savait bien. En revanche, dans de nombreuses multinationales, même chez Nestlé à l'époque de Brabeck, les membres de la direction pouvaient amener leurs partenaires lors d'événements importants aux frais de l'entreprise.

Après la brève apparition vidéo de Schwab, les conseils de fondation se sont réunis entre eux - et le ton était clair: nous devons mettre fin à cette chasse aux sorcières. Beaucoup d'entre eux voyagaient en jets privés, Schwab les avait toujours évité pour des raisons de coûts. La délimitation entre dépenses privées et professionnelles à ce niveau était un défi permanent. Tout le monde savait qu'avec une enquête aussi méticuleuse, il y aurait des cas limites pour chaque personne. Schwab peut au moins être considéré comme la personne la plus passée aux rayons X dans le monde des entreprises: douze mois de radioscopie par deux grandes enquêtes - et rien n'a été trouvé. Le rapport a donc confirmé ce que tout le monde savait: Schwab n'a jamais été motivé en premier lieu par l'argent - il a toujours été un homme d'idées, qui voulait établir le forum comme meilleur plateforme du monde. Trump, que «Klaus» appelait directement, le qualifiait avec son flair pour trouver des noms appropriés courts « professeur».

Pour Brabeck, ce fut un fiasco. Avec Buberl et Brende, il avait utilisé l'article du «Wall Street Journal» l'été dernier pour détrôner Schwab. Ce qui est frappant: bien que le journal économique avec cet article avait massivement déstabilisé le WEF, il continuait à publier des articles qui soutenaient le camp Brabeck-Buberl et discréditaient Schwab. Schwab voulait déjà, lors de la parution de l'article, porter plainte contre inconnu, Brabeck a plaidé pour une enquête, Buberl s'en chargea. Schwab s'est récusé, et dans le vide, les trois B ont pris le pouvoir: Brabeck, Buberl, Brende. Le triumvirat a demandé à la Surveillance fédérale des fondations de modifier les statuts - sans informer Schwab sur les détails. Il s'agissait également de la question de la succession.

Thomas Buberl et Børge Brende

Le patron d'Axa, Thomas Buberl (à gauche) et le CEO du WEF, Børge Brende, ont suivi Brabeck.

© Dukas / AFP

Approche agressive

Après que l'enquête avait complètement disculpé le fondateur, ce dernier a réclamé au printemps son pouvoir - et voulait régler définitivement sa succession. Il a annoncé sa démission pour l'année 2027, a rendu visite début avril à la présidente de la BCE Christine Lagarde à Francfort et s'est assuré que son projet de succession déjà prévue pour 2020 avec la Française serait maintenue. Elle devait et voulait, après la fin de son mandat, succéder à Schwab en octobre 2027. Selon les statuts, Schwab avait toujours le droit de fixer sa succession. Les nouveaux hommes forts voulaient annuler cette disposition.

La démarche de Schwab a manifestement eu l'effet d'un affront pour les ambitions de Brabeck et le très ambitieux Buberl, qui avait confidentiellement fait savoir son intérêt pour la présidence auprès des conseils de fondation. Lorsque le 16 avril le «Rebecca» mail est arrivé, les hommes forts ont utilisé les accusations pour une nouvelle attaque contre Schwab, avec le soutien de Brende, que Schwab voyait de plus en plus critique. C'est la seule interprétation pour la ligne dure appliquée: Dans un système fonctionnant, Brabeck et Buberl se seraient assis avec Schwab et auraient peut-être même porté plainte ensemble contre inconnu. Schwab a dû déposer cette plainte seul.

Buberl a lancé seulement 33 heures après la réception du mail, sans concertation avec Schwab et le conseil de fondation, la nouvelle enquête Homburger. C'était évident que les accusations de «Rebecca» étaient absurdes. Les quelques accusations concrètes - paiements de caisses maladie, frais de voyage excessifs, les retraits d'argent de collaborateurs pour Schwab - auraient pu être vérifiés par Buberl rapidement: Il était en effet chef du comité d'audit. Brabeck a profité de l'enquête pour agir de manière agressive: Il a interdit à Schwab d'entrer dans son bureau, le fondateur n'a même pas pu récupérer son manteau, son téléphone portable a été bloqué. Dans une séance devant les collaborateurs, juste après le départ de Schwab, il s'est montré intransigeant: Les reproches serait très graves, ils seront traités avec la plus grande sévérité. De nombreux collaborateurs étaient sous le choc.

Violation du devoir de loyauté

De facto, Buberl et Brabeck ont manqué à leur devoir de loyauté envers le WEF: Non seulement ils ont dépensé près de quatre millions francs pour les enquêtes. Mais surtout, par leur attitude brutale contre Schwab, ils ont soumis le Forum inutilement à une épreuve de vérité. Et qu'ils se se sont solidarisés avec les accusations des snipers anonymes et leurs propos manifestement sans substance, constitue un précédent inquiétant. Sera-t-il possible à l'avenir de faire de même pour Axa ou Nestlé, des enquêtes externes coûteuses lorsque des accusations sauvages sont portées anonymement sont lancées?

L'attaque de Brabeck contre Schwab était d'autant plus surprenante qu'elle fait suite à une longue période d'une étroite collaboration. Alors que de grands capitaines d'industrie zurichois comme Rainer E. Gut (Credit Suisse) ou Fritz Gerber (Zurich/Roche) restaient loin du WEF, le grand patron de Nestlé, Helmut Maucher a été très tôt un fan. Il a signé en 1998 un contrat avec Schwab, qui lui offrait pour son travail de développement les cinq millions francs qu'il n'a jamais perçus. Brabeck était le favori de Maucher. Il entrait dans le conseil de fondation en 1998 et se sentait dès le début chez lui dans le monde des très grands. Lorsque Josef Ackermann, le vice-président de Schwab à l'époque, a quitté la Deutsche Bank en 20214, il a aussi dû partir du WEF, le cœur lourd, et Schwab a nommé Brabeck à sa place. Le désastre du CS était encore loin, c'est seulement après coup qu'il s'est avéré que Brabeck, en tant que vice-président de longue date n'avait guère brillé. «Sous l'influence américaine, il n'était question que d'argent, de l'argent, de l'argent. C'est à cause de cela que la banque s'est effondrée», a-t-il déclaré après la faillite du CS au magazine économique autrichien «Trend». Le fait que ce soit lui-même qui, en tant que membre du comité de compensation, a supporté le programme de bonus turbo PIP, y compris le 72 millions pour le CEO de l'époque Brady Dougan, ne collait pas tout à fait à son analyse.

En 2017, une décision cruciale se faisait: bien que Brabeck a dû céder la présidence de Nestlé pour des raisons d'âge, Schwab l'a maintenu à son poste - la seule exception au cours de ses 55 ans à la tête de l'organisation. Raison invoquée à l'époque: Si Schwab devait faire défaut, il fallait quelqu'un qui connaisse le WEF bien. La relation était professionnelle, Schwab appelait Brabeck «mon homme le plus important». Mais il était seulement le numéro deux, même si il se considérait comme un grand éclaireur du monde tout à fait sur un pied d'égalité avec Schwab. Une fois par an, le fondateur rendait visite avec une délégation à la chancelière allemande Merkel. Dans son autobiographie Brabeck publie une photo sur laquelle il apparaît juste à côté de Merkel, Schwab à côté de lui. Ligne de la photo: «Discours à la chancellerie allemande avec Angela Merkel». Message: La star, c'est moi.

Mais après son départ de Nestlé, il n'était plus le grand dirigeant du groupe mondial. Hors de Nestlé, c'était plus dur, comme l'a montré la faillite de l'entreprise valaisanne Kasperskian, producteur de caviar. Il avait participé à grande échelle et croyait que les clients payaient pour le caviar biologique deux à trois fois plus que le prix de marché. La faillite lui a coûté des dizaines de millions d'euros, des plaintes sont toujours en suspens. Ce fut un échec amer en tant qu'entrepreneur.

Quand il n'était pas en voyage, il venait tous les jours au bureau qu'il occupait chez Nestlé Suisse, dans la commune lacustre de La Tour-de-Peilz, à deux kilomètres à peine de la de la centrale de Vevey, affublé du titre fantaisiste de «Chairman emeritus», sponsorisé par les caisses du géant de l'alimentation, y compris une assistante. Il ne travaille plus que de 8h30 à 18h30, a-t-il déclaré en novembre dernier à l'occasion de son 80e anniversaire au «Blick». Officiellement, il ne s'est plus mêlé de la vie de Nestlé. Mais dans le biotope étroit du lac entre Vevey et Montreux, la densité d'actuels et d'anciens de Nestlé est élevée, et Brabeck ne cachait pas vraiment le fait qu'il n'appréciait pas trop les compétences de son successeur Paul Bulcke. Il considérait Bulcke comme un fonctionnaire sans vision, Bulcke le considérait comme un autoritaire narcissique.

Lorsque le CEO Mark Schneider a vendu l'entreprise Galderma, il a pris la décision qui a été tabou durant toute sa vie professionnelle: il a vendu des actions Nestlé, qui lui ont permis d'amasser une fortune de plus de 300 millions.

«Notre affaire est simple, nous n'avons pas besoin d'Einsteins», avait décrété son promoteur Maucher. Néanmoins Brabeck voulait entrer dans l'histoire de Nestlé. comme un visionnaire qui a transformé le sordide géant des calories en un bastion du bien-être et de la santé. Malheureusement, cela n'a pas fonctionné - mais cela était dû, selon lui, pas à une stratégie de conglomérat peu convaincante, mais à des successeurs incompétents. La violente chute du titre de Nestlé et le départ de Schneider en 2024 ont fait apparaitre l'ensemble de son plan de succession moins réussi qu'en 2017. Les Nestléens qui l'ont rencontré sur les bords du lac ont diagnostiqué de l'amertume.

Conférences comme activité professionnelle

Mais il était bien le grand Peter Brabeck-Letmathe: il avait pris ce nom en complément dans ses jeunes années. Son père Fritz Brabeck, un chauffeur de camion-citerne, ne figure pas dans la biographie de de son fils avec son nom. Il ne mentionnait pas Letmathe dans sa ville d'origine autrichienne de Villach - le nom est originaire d'une localité proche de la petite ville ouest-allemande Iserlohn. Les ancêtres sont censés d'y avoir régné il y a 500 ans. Brabeck etait le dirigeant «Larger than life» qui avait même vaincu un cancer particulièrement insidieuse, ce qui incitait un soif de vivre plus fort avec des tours d'hélicoptère et des rallyes excessifs dans le désert.

Le gène épicurien de son compatriote Franz Humer, au moins aussi doué avec Roche que Brabeck avec Nestlé et aujourd'hui sur son ranch dans le Wyoming libre de toutes les obligations en tant que multi-investisseur heureux, lui faisait défaut. Avec son retraite agitée, il ressemblait le plus à son prédécesseur du WEF, Ackermann, qui lui aussi avait écrit une saga héroïque à son sujet et à propos duquel le «Spiegel» avait écrit un jour: «Il ne l'avouerait jamais», mais il avait besoin «d'emplois prestigieux comme d'autres ont besoin l'air qu'ils respirent». C'est ainsi que son activité principale s'est manifesté: Les conférences. Il «continue à donner des conférences», ce qui lui a «permis de rester très actif», écrit-il dans sa biographie. Mais les scènes se sont rétrécies. Lorsqu'il a participé en mai à lors de la conférence de Horgen, à peine 200 auditeurs se sont retrouvés dans la salle pour écouter la «légende de l'industrie alimentaire». C'est alors que le WEF a fait une entrée fracassante.

Il a tout fait pour y rester au pouvoir. «On n'a trouvé que peu de choses», avait écrit la «SonntagsZeitung» le 6 juillet sur l'enquête Homburger. Bien qu'un silence dans les médias avait été convenu avec Schwab, une semaine plus tard, Brabeck a tenu déclaré via la «NZZ am Sonntag» que l'enquête est «loin d'être terminée». L'affirmation selon laquelle l'enquête n'aurait trouvé «que peu de choses» aurait «suscité le mécontentement» aux dirigeants du WEF, écrit le Sonntagsblatt. La représentation selon laquelle Schwab continue à déterminer lui-même sa succession, le camp Brabeck a indirectement fait savoir qu'elle n'était pas vraie - bien que le WEF ait déclaré à BILANZ deux semaines auparavant que les statuts actuels y compris le droit de Schwab, restaient en vigueur.

Le dimanche suivant, la «SonntagsZeitung» avait trouvé tout à coup beaucoup de choses: «Des frais exorbitants, des rapports manipulés et des mails embarrassants», disait le titre et, bien sûr, cette perspective s'est retrouvée deux jours plus tard dans le «Wall Street Journal». Toutefois, tant la réplique différenciée de Schwab, qui avait parlé à Claudio Bazzani, l'avocat de Homburger, à l'hôtel Métropole de Genève pendant quatre heures, ainsi que la conclusion de Homburger n'ont pas été prises en compte dans les articles. L'analyse globale ne permettait qu'une conclusion: la décharge totale de Schwab.

Après la démission de Brabeck, un marchandage a suivi autour du communiqué de presse. Schwab a obtenu pour lui et sa femme une réhabilitation complète. Le conseil de fondation, affaibli par sa mentalité de suiveur, a toutefois dû justifier l'enquête coûteuse moins un peu; il a parlé de «petites irrégularités», qui étaient toutefois dues à des «lignes de rapport». Elles concernaient la délimitation peu précise des frais. Mais Schwab n'était pas responsable. La prétendue manipulation du «World Competitiveness rapport» n'a même pas été mentionnée - il n'y a tout simplement pas eu d'erreur notable.

Plainte retirée

Particulièrement important pour le conseil de fondation: Schwab devrait retirer sa plainte pénale auprès du Ministère public genevois contre les anonymes «Rebecca», ce qu'il a fait par la suite. Officiel raison invoquée: On voulait, après les épuisantes mois, de calme au sein du personnel et pas d'enquête supplémentaire. Le conseil de fondation a également exprimé ses «profonds regrets» que certains collaborateurs «n'aient pas été traités à leur satisfaction», mais ne faisait pas référence à Schwab. Mais parmi les employés, des rumeurs couraient selon lesquelles les ennemis de Schwab à la tête du WEF ne voulaient se voir impliqués dans les accusations. Buberl s'est montré serein, même si les voix s'élevaient pour dire que il devrait démissionner avec Brabeck. Brende n'a pas mentionné Schwab du tout dans sa communication aux collaborateurs après la démission de Brabeck.

En tant que successeur de Brabeck, Buberl n'avait aucune chance. Schwab et le conseil se sont mis d'accord sur une solution de codirection intérimaire, en accord avec Lagarde qui, dans deux ans, peut prendre la relève, comme Schwab l'avait prévu: André Hoffmann, vice-président de Roche, pour le côté Suisse, pour le marché central américain, le fondateur de Blackrock Larry Fink, qui fournit en outre l'accès à Trump.

Mais même maintenant, l'éternel Alpha Brabeck ne s'est pas avoué vaincu. Le climat au WEF serait «toxique», a-t-il déclaré dans sa lettre d'adieu. Il démissionne parce que il a des «valeurs solides et un sens de l'intégrité». a t-il fais savoir via la «NZZ am Sonntag». Inversement, cela signifie que l'ensemble du conseil de fondation ne se situe pas sur son échelle d'intégrité. A travers un conseiller en relations publiques zurichois de haut niveau, payé par le WEF, son camp a diffusé qu'il s'agissait d'un acquittement de deuxième classe pour Schwab. Avec succès: Le «SonntagsZeitung» s'est laissé aller à dire que «les accusations qui ont conduit à la démission de Schwab correspondent pour l'essentiel à la vérité». Preuves delivrées: Zero.

Cela signifierait: Que Schwab ait été disculpé par tout le conseil de fondation et le cabinet Homburger était un complot pour dissimuler la vérité de la part de personnalités honorables, de Christine Lagarde jusqu'à Al Gore, et seul le grand Brabeck a eu le courage de s'y opposer - une perspective qui n'est étayée par aucun fait. C'est ainsi qu'une grande carrière se termine avec des théories du complot.

Il est étonnant que Klaus Schwab n'ait pas «présenté d'excuses», Brabeck a lancé, par l'intermédiaire du journal économique «Agefi», au fondateur du WEF. La question devrait plutôt être la suivante: Quand Peter Brabeck s'excusera-t-il?

Cet article est une adaptation d'une publication parue dans Bilanz.

Dirk Schütz
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