Le parcours de Lucas Nicollier n’a rien de conventionnel. Le jeune homme, âgé aujourd’hui de 28 ans, a commencé sa vie professionnelle en tant qu’apprenti automaticien chez Bobst, tout en se passionnant pour la robotique. Son apprentissage achevé, il choisit de faire valider ses compétences informatiques à l’Ecole 42, à Lausanne, cursus qu’il est actuellement en train de finaliser. «C’est une école incroyable pour toutes les personnes qui ont un esprit entrepreneurial, ce qui est mon cas, explique-t-il. J’aime la liberté et la possibilité d’être soi-même qu’offre l’entrepreneuriat.»
L’aventure SyncAI naît il y a un an. Tout commence autour d’une grillade entre amis, lorsque Lucas Nicollier et Luca Ferro, spécialisé dans le design et le branding, font la connaissance de Christian Degouy, un investisseur expérimenté qui a notamment racheté Bugnard, spécialisée dans la distribution d’outils, de machines et d’équipements pour les installateurs de réseaux électriques et de télécommunication depuis 78 ans. «Je leur ai demandé de développer une solution IA pour mon entreprise afin d’optimiser certains processus, explique Christian Degouy. Le résultat a été tellement brillant et performant que je leur ai proposé de créer une société ensemble.»
SyncAI, basée à Cheseaux-sur-Lausanne, repose sur trois services: du SaaS avec Athena (pour l’e-commerce), des solutions sur mesure intégrant l’IA, et Themis, lancée en mai dernier, une intelligence artificielle qui promet de révolutionner les recherches juridiques en Suisse. «Notre assistant s’appuie sur une base de données actuelle de 850 000 textes juridiques, mise à jour en continu, dans les quatre langues nationales. Nous nous sommes assurés que notre outil ne génère aucune hallucination en se basant sur plusieurs modèles préentraînés d’IA différents qui collectent les informations directement auprès de sources officielles. A la clé, une réponse rapide et fiable», explique Lucas Nicollier.
Le nombre de textes juridiques dans la base de données de Themis, mise à jour en continu, dans les quatre langues nationales.
Une quinzaine d’acteurs
Et si la concurrence s’intensifie dans le domaine des legaltechs, avec une quinzaine d’acteurs comme Ex Nunc Intelligence, Legalis, GenAI, Neuron AI ou DeepJudge, le jeune entrepreneur reste confiant: «Je pense qu’il y a de la place pour plusieurs acteurs sur ce marché.» Pour faire la différence, Themis mise sur l’agilité, en s’appuyant sur la culture dite de «lean startup». A savoir sortir un produit rapidement sur le marché, écouter les retours, corriger – «itérer très vite», selon ses propres mots.
Cette stratégie semble porter ses fruits. La start-up, qui emploie huit collaborateurs, propose un abonnement à 320 francs par mois, avec une remise de lancement de 40% pour les early adopters. «Les feedbacks qu’on a des utilisateurs, des bureaux d’avocats, des juristes et des magistrats sont extrêmement bons», se réjouit Christian Degouy, qui table sur l’équilibre financier dès fin septembre.
Car le bouche à oreille fait déjà son œuvre. Parmi les partenaires cités par Themis, le cabinet lausannois Kasser Schlosser Avocats. «Themis permet d’obtenir en quelques instants des résumés synthétiques et structurés de principes juridiques ainsi que de références jurisprudentielles sur une question précise», appuie Mathieu Blanc, associé. L’équipe est en discussion avec le département légal d’un des Big Four, signe que l’outil séduit au-delà des petites études.