En janvier dernier, l’opérateur télécom vaudois VTX annonçait son rachat par Celeste, un groupe français en progression fulgurante dans l’Hexagone depuis que le fonds institutionnel InfraVia, avec ses 4,7 milliards d’euros sous gestion, est entré à hauteur de 75% dans son capital en 2019. En France, Celeste a pris le pari de développer son propre réseau de fibre optique, avec 9000 km posés à ce jour, pour offrir des connexions dédiées aux entreprises. «Aujourd’hui, les PME, indépendamment de leur taille ou de leur secteur d’activité, se rendent compte de l’importance stratégique de disposer d’une connexion rapide et de très haute qualité, explique Nicolas Aubé, fondateur et président de Celeste. Téléphone, cloud, informatique, vente, télétravail, tout passe désormais par le réseau.»

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Potentiel de la fibre optique

Parallèlement, la responsabilité des opérateurs envers leurs clients s’est logiquement accentuée. «En tant qu’opérateur, la seule manière de proposer un service irréprochable à nos clients, notamment la réactivité nécessaire en cas de panne, passe par le déploiement de notre propre réseau. Ce qui nous permet aussi de nous libérer de la dépendance vis-à-vis des opérateurs historiques.» Cette stratégie, qui a déjà fait ses preuves de l’autre côté de la frontière, est en phase de déploiement en Suisse avec VTX, qui représente pour Celeste la première pierre de son développement international.

«Nous avons réalisé une étude préalable pour estimer le potentiel de la fibre optique dédiée sur le sol helvétique, poursuit Nicolas Aubé. Les résultats montrent une croissance probable de 9% par an.» Des perspectives intéressantes qui justifient des investissements massifs. «Nous allons engager plusieurs dizaines de millions de francs dans ce projet, confirme Yves Pitton, CEO de VTX. Et nous avons l’intention d’aller très vite. Dès la fin de l’année, 50% des PME suisses de plus de dix personnes seront éligibles sur notre réseau.»

Indépendance de VTX

Cinq zones prioritaires ont été définies pour la première offensive. Il s’agit de Genève, Lausanne, Bâle, Zurich et Berne. Dès 2022, le cap pourrait être fixé vers l’est avec Saint-Gall, Winterthour, le Tessin et le Valais. VTX, qui compte déjà la moitié de ses 30 000 clients en Suisse alémanique, n’a pas peur d’afficher ses nouvelles ambitions. «Notre feuille de route est très claire, affirme Yves Pitton. Nous voulons devenir rapidement un véritable opérateur national et nous y parviendrons par une croissance organique et par des acquisitions.»

VTX ciblera en priorité des opérateurs régionaux complémentaires, mais aussi des data centers ou des PME actives dans la sécurité numérique. «En nous affranchissant de notre dépendance à Swisscom pour la location de lignes, nous pourrons proposer des services sur mesure pour les PME, adaptés à leurs besoins, avec une politique de prix très attractive», se réjouit le CEO de la PME vaudoise. Si ce nouvel actionnaire donne des ailes à VTX, ne sonne-t-il pas du même coup la fin de l’indépendance opérationnelle de l’entreprise vaudoise? «Pas du tout, assure Nicolas Aubé. Nous partageons les mêmes valeurs que VTX et les mêmes ambitions. La meilleure façon de les atteindre consiste justement à lui assurer une large marge d’autonomie et de manœuvre.»

 

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Thierry Vial