«Aujourd’hui, tout le monde doit être beau et propre, contrôler son image, notamment pour les réseaux sociaux. Garder sa voiture impeccable fait partie de cette tendance.» John Daoun, responsable de The Car Wash à Genève, constate l’attrait croissant du public pour le nettoyage haut de gamme des voitures. Fondée en 2019, l’entreprise détient cinq stations de lavage, trois à Genève, où elle est basée, et deux à Neuchâtel. Elle propose un service de lavage minutieux, entièrement à la main, d’environ une heure et demie par véhicule, «des enjoliveurs au tapis de sol en passant par la trappe à essence».

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Un marché majeur

Pour une voiture de type Golf Volkswagen, il faut compter environ 130 francs pour un nettoyage intérieur et extérieur standard. «Les tunnels de lavage classiques micro-rayent les carrosseries, dit le responsable de sept employés. Nos clients sont tous des passionnés: certains sont des jeunes qui font nettoyer leur première voiture, d’autres font entretenir leur berline de sport.»

En 2021, 4,7 millions de voitures de tourisme étaient immatriculées en Suisse, ce qui représente une hausse de 32% par rapport à l’année 2000, selon l’Office fédéral de la statistique (OFS). L’Union professionnelle suisse de l’automobile (UPSA) estime que, en 2019, quatre propriétaires de voiture sur cinq lavaient leur véhicule, ce qui représente donc un marché majeur.

Le constat «De plus en plus de petites entreprises tentent de se faire une place ces dernières années. La concurrence s’est intensifiée», estime John Daoun.

Un constat partagé par Zalfa El-Harake, CEO de zaWash à Genève. «De nombreux acteurs se lancent mais peu tiennent plus d’un an. Le lavage de voiture requiert des compétences variées, allant du nettoyage au marketing. Les coûts fixes sont importants. Il faut surveiller les dépenses, mais la qualité du service est primordiale: à la moindre erreur, le client ne revient jamais.»

Après avoir travaillé pendant quinze ans chez Procter & Gamble, Zalfa El-Harake a créé zaWash en 2019. Avec une quinzaine d’employés, zaWash propose un service de lavage à la main, à domicile et écoresponsable (puisque sans eau). Surnommée l’«Uber du carwash», l’entreprise met en relation les «zawasheurs» et les clients. Elle a conclu des partenariats avec notamment MediaMarkt, Ikea ou Migros pour pouvoir nettoyer les voitures sur leurs parkings et s’étend actuellement en France, en misant notamment sur la réputation de qualité et de propreté suisse.

Selon Gokhan Sabaz, fondateur et directeur d’Eco-carwash basé à Villeneuve (VD), il existe deux types de clients: «Ceux qui viennent ponctuellement lorsque leur véhicule est particulièrement sale et ceux qui viennent tous les trois mois pour garder leur voiture propre régulièrement. Ce sont autant des professionnels, des passionnés de voiture que des familles.» L’entreprise vaudoise propose des nettoyages sans eau et seulement avec des produits biologiques, à domicile ou sur le lieu de travail des clients. Gokhan Sabaz intervient avec ses six employés dans toute la Suisse romande et prévoit de s’étendre en Suisse alémanique dès 2022.

L'écologie, un argument de communication

Des flottes d’entreprise aux concessionnaires automobiles, Eco-carwash travaille principalement avec des professionnels, les particuliers ne représentant que 10% de sa clientèle. «Le nettoyage de véhicules à domicile s’est démocratisé, constate l’entrepreneur. Il a fallu un temps d’adaptation pour que les habitudes changent.» Eco-carwash enregistrait un chiffre d’affaires en constante progression depuis sa création en 2015, pour atteindre environ 500 000 francs en 2019, avant d’être freiné par la pandémie.

Un des attraits du lavage à la main par vapeur ou sans eau réside dans le fait que ces techniques évitent une contrainte légale: selon l’ordonnance de 1998 sur la protection des eaux (OEaux), il est interdit de déverser dans les eaux d’égouts les eaux du nettoyage d’un véhicule, pour éviter toute contamination. Les garages et stations de lavage doivent donc, eux, s’équiper de systèmes de filtration des eaux évacuées.

L’aspect écologique peut également être un argument de communication, comme c’est le cas pour Eco-carwash. L’entreprise genevoise The Car Wash utilise quant à elle un système de nettoyage à la vapeur, ce qui consomme environ 1 litre d’eau par véhicule contre plus de 200 litres dans un tunnel de lavage. Mais paradoxalement, l’entreprise préfère ne pas communiquer sur cet aspect: «Nos clients craignent, à tort, que les systèmes sans eau créent des rayures ou soient moins efficaces, dit John Daoun. Nous préférons donc ne pas mettre en avant cet aspect pourtant plus écologique.»

 

AM
Audrey Magat