Pour concurrencer les géants américains qui dominent le marché des prothèses orthopédiques, Symbios mise depuis 1989 sur l’innovation technologique. «Nous sommes les pionniers et les leaders mondiaux dans la fabrication d’implants orthopédiques sur mesure à partir d’un scanner pour la hanche et le genou», résume Florent Plé, directeur de la société vaudoise de 150 employés. L’entreprise fournit le matériel d’environ 15 000 opérations de la hanche et du genou par an, dont plus de 50% sur mesure. Et la demande est grandissante: le genou Origin, lancé en 2018, affiche par exemple un taux de croissance de 55% par rapport à l’année dernière.

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Construction d'une nouvelle usine

Pour atteindre ses ambitions, la construction d’une nouvelle usine s’achève bientôt, à quelques centaines de mètres du site actuel, au sein du parc scientifique et technologique Y-Parc à Yverdon-les-Bains. Plus de 50 millions de francs ont été levés auprès d’investisseurs locaux pour financer ce changement d’envergure. D’un site de 3000 m2, l’usine passera à 12 000 m2, ce qui permettra d’augmenter la capacité de production qui accompagnera la croissance prévue.

«Tout sera beaucoup plus moderne, avec des standards industriels très élevés tant au niveau de l’équipement que de l’infrastructure, avec plus d’automation et des systèmes d’air conditionné, d’aspiration des huiles et de retrait des déchets à la pointe de la technologie», détaille Florent Plé. Les murs sont terminés, les installations sont actuellement mises en place et le site devrait être opérationnel entre avril et juillet 2023.

Représentant moins de 1% du marché mondial – qui pèse 15 milliards de dollars et dont la croissance annuelle atteint 3% –, Symbios compte sur ses produits «uniques sur le marché». «Nos prothèses comportent des avantages cliniques évidents: elles sont simples d’utilisation pour les chirurgiens, à un bon prix et livrées dans de courts délais de quatre à six semaines», avance l’ingénieur de formation.

Son objectif L’entreprise envisage désormais de se développer de 20% par an, de façon à doubler son chiffre d’affaires en cinq ans.

Cette année, Symbios – qui exporte 80% de sa production – s’est également implantée en Australie, «un marché très important». Pour 2024, elle compte être présente aux Etats-Unis, qui représentent 60% du marché mondial, avant de s’exporter au Japon. «Réussir notre insertion dans ces nouveaux marchés représente un défi de taille. La Chine et l’Inde sont aussi des marchés majeurs, mais très complexes, donc non prioritaires pour le moment.»

Le défi, la certification des produits

Un autre challenge de l’entreprise consiste à faire certifier, et recertifier, ses produits. La démarche est obligatoire depuis environ deux ans pour tout le secteur des dispositifs médicaux, et la nouvelle réglementation européenne est plus stricte et plus complexe. «Il faut s’y adapter d’ici à 2023 et 2024 pour les derniers certificats, et cela nécessite des investissements substantiels.» Aujourd’hui, la société investit ainsi plus de 10% de son chiffre d’affaires annuel pour s’aligner.

Directeur de VFM Conseil, société de conseil aux entreprises, Bill Muirhead se dit confiant quant aux perspectives d’avenir de Symbios. «Le sur-mesure remplace aujourd’hui les produits traditionnels, donc dans ce secteur des prothèses de différentes tailles sur lesquelles misent les grands groupes depuis des décennies. Symbios répond absolument aux besoins de ses clients: les chirurgiens sont convaincus du potentiel de ces implants et ils sont toujours plus nombreux à les utiliser.» Pour le spécialiste, le sur-mesure permet également de réduire la problématique des stocks.

Les avantages «Il n’y a plus de stock de différentes tailles à gérer, les hôpitaux n’ont plus à se préoccuper de leur entretien. Cela est très apprécié et, pour Symbios, l’impact positif de l’absence de réserve de produits finis sur son fonds de roulement est colossal.»

Selon le consultant, certes, la conjoncture actuelle – avec notamment les obstacles en ce qui concerne la chaîne de production, les pénuries de matières premières, le ralentissement des transports, le franc fort, l’inquiétante question du prix de l’énergie et de l’inflation – n’est pas favorable, mais la nouvelle usine d’Yverdon-les-Bains entraînera une économie d’échelle. «L’augmentation des volumes permettra la réduction du prix de revient à l’unité et contrebalancera les coûts supplémentaires engendrés par le contexte actuel. En outre, avec le vieillissement de la population, l’augmentation du surpoids et de l’obésité dans la société, couplés à la tendance des sports qui impactent les articulations, l’avenir de Symbios semble radieux.»

Carré blanc
Andrée-Marie Dussault