«Je suis le quatrième enfant de la famille, le seul qui est devenu entrepreneur. Mon père a commencé à avoir du succès après de longues années de travail. J’avais une quinzaine d’années. Auparavant, nous avons vécu avec très peu de moyens.

J’ai fait un apprentissage d’employé de commerce, d’abord au sein d’une société de placement temporaire à Yverdon, puis au garage familial, où j’ai ensuite travaillé pendant douze ans en tant que vendeur indépendant. A l’âge de 16 ans, j’ai lancé ma marque horlogère, Bussy Watches, sans un franc en poche et sans connaissances particulières dans l’horlogerie. A cet âge-là, on a une insouciance que l’on perd par la suite. Je ne pense pas que je pourrais refaire la même chose aujourd’hui. Le fait que mon grand-père a été horloger pendant cinquante ans du côté de la vallée de Joux a sans doute joué un rôle prédominant dans ce choix. A ce jour, j’ai vendu plusieurs milliers de montres entre 200 et 1000 francs pièce.

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Ma vie a passablement changé, notamment en raison de mon exposition assez importante dans la presse romande. C’était assez spécial, comme contexte, pour un jeune en construction. Dans le cadre de ce projet, une rencontre a été particulièrement marquante. J’étais au Luxembourg et, en rentrant en contact avec le manager de Pamela Anderson, j’ai pu l’approcher dans un club et lui montrer l’une de mes montres. On me parle encore aujourd’hui de la photo qui a été prise de nous deux… Je pense qu’elle a apprécié mon culot!

Très tôt, je me suis retrouvé en décalage avec les jeunes de mon âge. Nos centres d’intérêt n’étaient plus les mêmes. Alors qu’ils pensaient surtout à sortir et s’amuser, moi, je travaillais les soirs et le week-end. Le peu d’argent que j’avais était directement réinvesti. Peu à peu, une certaine jalousie s’est installée. J’ai dû passer beaucoup d’heures à justifier le fait que je ne suis pas quelqu’un de hautain. Juste différent.

Cela dit, lorsque l’on vend un produit, on est obligé de croire en soi. On ne peut pas se permettre d’être nonchalant ou peu réactif. Je pense que sans la foi chrétienne qui m’anime, je n’aurais pas réussi à suivre un tel parcours. Cette spiritualité m’a permis d’éviter une trop grande fatigue mentale et m’a donné des valeurs comme l’honnêteté, sans laquelle on ne dure pas longtemps.

Je souhaite rester entrepreneur toute ma vie. En plus des montres, j’ai lancé une marque de champagne en 2013 avec mon frère John. Aujourd’hui, avec la reprise du garage de la Foge, devenu Bussy-Riviera, je passe à la vitesse supérieure. J’ai un employé, des charges fixes et beaucoup de paperasse à gérer. Trop à mon goût. Je continue à être surpris de voir à quel point l’appareil d’Etat se met en marche dès que l’on souhaite entreprendre quelque chose en Suisse. On n’en fait pas assez pour nous faciliter les choses. J’assume complètement mon côté libéral. Je préfère être clair avec mes opinions, contrairement à beaucoup d’entrepreneurs qui n’osent pas trop se mouiller de peur de perdre des clients…»

William Türler
William Türler