«Avec la chaîne Hair & Skin, nous voulons lever le tabou lié aux implants capillaires. Nos cliniques sont accueillantes, avec pignon sur rue. Tout est fait pour que le client franchisse le seuil de nos boutiques le plus naturellement possible.» Selon Philip Lehmann, CEO, la convivialité de l’accueil constitue l’une des deux principales raisons du succès de Hair & Skin.

L’autre argument en faveur du label né à Winterthour en 2020 est, bien sûr, le prix des prestations. Jusqu’à récemment, les patients désirant remédier à leur calvitie devaient se rendre dans de discrètes maisons d’esthétique qui taxent le prix fort. Dans ces lieux, le prix de départ d’une greffe tourne autour des 5500 francs, contre 2900 francs chez Hair & Skin. Pour des traitements plus importants, les prix peuvent varier du simple au triple entre une clinique classique et la chaîne.

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Le succès de Hair & Skin a été foudroyant. En deux ans, la chaîne alémanique, qui a déjà traité plus de 6500 patients, a ouvert 16 cliniques, dont trois en Suisse romande (à Genève, Fribourg et Lausanne). L’expansion à l’étranger devrait suivre dès que le réseau helvétique aura atteint une vingtaine de filiales.

Follicular Unit Extraction

A la base du boom actuel, il y a les progrès effectués par la chirurgie esthétique ces vingt dernières années. La méthode Follicular Unit Extraction (FUE) s’impose aujourdhui comme le meilleur procédé. Président de la Société suisse pour les transplantations capillaires, Conradin von Albertini explique: «Une première étape a été la découverte de la ’zone donneuse sûre’, à l’arrière de la tête, où les follicules pileux sont génétiquement immunisés contre la perte de cheveux. Puis, dans les années 2000, des techniques microchirurgicales ont révolutionné le domaine, en permettant d’obtenir un aspect naturel.»

L’intervention, qui se déroule sous anesthésie locale, consiste à prélever des racines individuelles de cheveux par petits groupes (greffons). Ces derniers sont ensuite transplantés dans la zone dégarnie. Il s’agit d’un travail de précision laborieux qui dure jusqu’à huit heures. Cette tâche est effectuée par un médecin ou un chirurgien, voire un robot. Une formation médicale officielle est nécessaire car il faut percer des milliers de trous jusqu’au tissu adipeux. Mais comme cette activité n’est pour l’heure que très peu réglementée, les enseignes sont libres de renoncer à embaucher un professionnel diplômé.

Conradin von Albertini prévient cependant que, si la technique FUE fait apparaître les implants capillaires comme une solution efficace, les attentes doivent rester réalistes. Ce traitement ne peut rien pour les jeunes hommes souffrant d’une perte de cheveux avancée ou très active: «La greffe n’arrête pas la chute des cheveux, qui se poursuit et affecte toutes les zones non traitées.»

En clair, si vous êtes un homme de moins de 35 ans, méfiez-vous des opérations portant sur plusieurs milliers de greffons. Le résultat peut se dégrader au fil des années. Le spécialiste basé à Zurich souligne: «Les médecins sont tenus de garder à l’esprit l’intérêt supérieur du patient. Lorsque la calvitie du patient ne se prête pas à une intervention chirurgicale, il faut suggérer une autre option.»

Des interventions haut de gamme

A Genève, la Nescens Clinique de Genolier (Swiss Medical Network) s’adresse à un segment de clientèle haut de gamme. Les prélèvements de greffons (qui comportent entre un et quatre cheveux) y sont effectués sous anesthésie locale par un robot de la dernière génération, placé sous la responsabilité du docteur Gilles Le Traon. D’origine française, le chirurgien a été recruté il y a une année par Swiss Medical Network. «Le marché est très demandeur, confirme le spécialiste. Grâce à notre robot, nous pouvons extraire 2000 à 3000 greffons en une seule journée. Un professionnel fait ensuite les implantations.» Une prestation qui a son prix: de 10 000 à 15 000 francs pour l’ensemble du traitement.

Face à la banalisation des implants, le plus gros souci des prestataires est d’arriver à recruter la main-d’œuvre médicale nécessaire, sur un marché du travail où sévit une pénurie de personnel qualifié. Une solution est d’embaucher à l’étranger, par exemple en Grèce et en Turquie (lire encadré), où les spécialistes en greffes de cheveux sont déjà très nombreux.

Chez Hair & Skin, l’effectif de 150 personnes – dont 40 médecins – est ainsi composé d’une vingtaine de nationalités différentes. Philip Lehmann dévoile: «Nous sommes en train de mettre en place notre propre académie afin de former des praticiens. Notre objectif est d’avoir à disposition des collaborateurs en nombre suffisant et aussi de promouvoir la profession.»

A noter que, parmi les cofondateurs et propriétaires de la chaîne Hair & Skin, figure le serial entrepreneur Ertan Wittwer (37 ans). L’entrepreneur de Winterthour (ZH) est connu pour avoir fondé Bestsmile en 2018, avec deux amis. La start-up – 320 collaborateurs et un chiffre d’affaires supérieur à 50 millions de francs – qui a popularisé l’appareil dentaire transparent a été rachetée par Migros en mars dernier.

Après avoir lancé Hair & Skin en 2020 avec son cercle habituel de partenaires, Ertan Wittwer a investi cet été dans des activités de blanchiment dentaire, sous la marque Alpine White. Côté formation, le jeune homme a fait un apprentissage de vendeur chez un quincaillier en Thurgovie pour se reconvertir dans le monde de l’informatique, avant de se lancer dans l’entrepreneuriat.

Istanbul, haut lieu mondial des implants

«Istanbul se distingue comme un haut lieu mondial des greffes capillaires. Les spécialistes y ont acquis une grande expérience.» Fondateur de Novacorpus à Genève, le médecin genevois Stéphane de Buren propose aux patients d’aller se faire soigner à l’étranger – dans des structures qu’il sélectionne lui-même – pour bien moins cher qu’en Suisse. «Ces différences de prix s’expliquent par un coût de la vie très inférieur. Il n’y a aucune concession sur la qualité des soins», insiste-t-il. Pour des implants, le prix d’une intervention de base à Istanbul revient à quelque 2830 francs (transferts sur place compris).

Le spécialiste reprend: «En Turquie comme en Suisse, l’offre de prestations va bien sûr du meilleur au pire. Il est recommandé de se méfier des offres les meilleur marché et de vérifier que le médecin utilise bien la méthode Follicular Unit Extraction.» Stéphane de Buren retient uniquement des cliniques qui disposent de services d’urgence et de soins intensifs, de même que des lits pour y passer la nuit, au cas où le patient ferait un malaise ou une allergie à l’anesthésie. En Turquie, Stéphane de Buren a établi une collaboration privilégiée avec un spécialiste stambouliote francophone. La flambée de la demande est telle qu’il s’apprête à élargir ce partenariat à deux autres professionnels basés dans la capitale turque.

Carré blanc
Mary Vakaridis