«Ma voie semblait toute tracée. Plutôt à l’aise avec les chiffres, j’ai fait des études à HEC Lausanne et obtenu par la suite un diplôme américain d’expert-comptable. Mon parcours professionnel, je l’ai essentiellement passé au sein de grandes sociétés à la fois internationales et familiales, telles que Firmenich ou les groupes Richemont et Bacardi, où j’ai travaillé dans le contrôle de gestion, puis dans la fiscalité suisse et internationale.

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Reste que je n’ai jamais eu le profil du «rat de laboratoire». S’il y a des fiscalistes qui ne jurent que par les articles de loi, pour ma part, j’ai toujours été plus intéressé par l’humain et la valeur ajoutée que peuvent apporter les chiffres à une société.

La cinquantaine venue, j’ai commencé à me poser des questions sur le sens de ma vie professionnelle. L’élément déclencheur a notamment été la question de la succession de l’entreprise familiale qu’avec mes parents nous avions créée en 1991: une école privée à Lausanne, l’Ecole Médica, qui forme des secrétaires et des assistantes médicales. Mes parents sont des entrepreneurs, ils s’étaient lancé ce nouveau défi à l’âge de la retraite de mon père. Je les ai aidés dans cette aventure en m’occupant des finances. Au décès de mon père, ma mère a continué à diriger l’Ecole Médica avec la même force et passion.

C’est à cette période que j’ai rencontré le propriétaire de l’Ecole Mont-Olivet, à Vich (VD), qui m’a fait part de son souhait de vendre cet établissement plus que centenaire. Comme un signe du destin. Ma sœur a étudié dans cette école privée historique, fondée en 1917 à Lausanne par la Congrégation des Sœurs de la Présentation de Marie.

Les choses sont allées très vite: après quatre mois de discussion, l’affaire était conclue, car nous nous sommes bien compris avec l’ancien propriétaire et mon expérience dans la finance a été utile pour monter un modèle d’affaires qui tenait la route. C’était en juillet 2021.

Est-ce que j’ai eu des doutes lorsque j’ai décidé de quitter mon ancienne vie professionnelle? Bien sûr, inévitablement. Mais il faut savoir s’écouter et cela faisait quelque temps déjà que cela résonnait en moi. Se lancer dans un projet entrepreneurial, prendre son destin en main, qui plus est dans ce domaine extraordinaire qu’est l’éducation, cela faisait complètement sens. Et il n’y a rien de plus beau que de travailler avec des enfants, leur transmettre le savoir et les accompagner dans leur développement.

Aujourd’hui, l’Ecole Mont-Olivet, c’est 220 élèves, du jardin d’enfants à la maturité, et 75 collaborateurs. L’une de ses particularités? Nous y enseignons l’allemand aux enfants dès l’âge de 3 ans, alors que, sur La Côte, beaucoup d’écoles internationales enseignent en priorité l’anglais. Nous enseignons également l’anglais, à partir de 4 ans. Mais, en Suisse, j’estime que maîtriser l’allemand est un atout indéniable pour toute carrière.

Nous mettons également un fort accent sur les activités sportives. Le sport a toujours accompagné ma vie et participé à ma construction. J’ai toujours pensé qu’une tête bien pleine, c’est utile, mais qu’il faut un équilibre avec le corps. D’ailleurs, dans mes jeunes années, j’ai beaucoup pratiqué le hockey, jusqu’à jouer dans l’équipe romande, avec notamment Christophe Dubi, aujourd’hui directeur exécutif des Jeux olympiques au CIO. Depuis l’an dernier, le judo fait partie intégrante du programme d’éducation physique des élèves. Pourquoi ce sport? Parce que, pour moi, il est synonyme de respect, de sincérité et de dépassement de soi, des valeurs qui me sont chères. A ma connaissance, nous sommes la seule école privée en Europe à le faire.

S’il est évident que ma société doit être financièrement viable, je ne prends aucune décision sur le seul critère financier. Une école, c’est une entreprise avec une mécanique très fine nécessitant une vision stratégique. Il faut constamment trouver l’équilibre entre les forces en présence, les élèves en priorité, les parents et les collaborateurs. L’humain prédomine toujours et c’est en cela que c’est passionnant.»

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Elisabeth Kim