«J’ai passé mon enfance à Delémont, immergé dans les arts visuels et la création grâce à mon père, professeur d’arts visuels. L’envie de dessiner me suivait partout. A l’école, je me perdais souvent à contempler la forêt par la fenêtre en imaginant quelles créatures fantastiques pourraient s’y trouver et comment je les dessinerais.

Adolescent, j’ai intégré l’Ecole d’arts contemporains de Saxon. Cette formation de quatre ans m’a permis de m’initier à la lecture des arts visuels sous tous les prismes et d’absorber tous les codes. Diplômé, je retourne dans le Jura et me replonge dans mes vieux croquis. J’y ai retrouvé une forme d’authenticité qui m’avait beaucoup manqué en école d’art, où on a beau se retrouver entre jeunes passionnés, on a parfois tendance à s’enfermer dans une certaine uniformité.

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J’ai alors 20 ans et une idée bien précise de ce que je veux faire: des illustrations inspirées de mes mondes imaginaires. Je crée de premières illustrations, que je poste sur les réseaux sociaux, notamment sur le site Behance qui permet de présenter un portfolio en ligne. Après quelques mois, je fais la rencontre du graphiste français Ugo Gattoni, un artiste que j’admire beaucoup et que je finis par rencontrer au détour d’un festival de bande dessinée à Sierre.

Au milieu des années 2010, la frénésie populaire autour de la série Game of Thrones et le retour en force de la mode streetwear des années 1990 font germer une idée un peu farfelue: fusionner les deux mondes en habillant les personnages de la série avec des armures dans le style de ces marques de sport. J’en fais notamment des figurines. Une amie me pousse à publier mes œuvres en ligne malgré mon manque de confiance. Après tout, le travail était fait et je n’avais rien à perdre.

Deux jours plus tard, les équipes de Nike me proposent un mandat pour la promotion d’une paire d’Air Force 1. Les émotions de joie et de soulagement sont intenses! Après un mois de collaboration, tout est prêt et l’illustration est affichée dans les boutiques de Nike partout en Europe et aux Etats-Unis. J’ai alors 24 ans. L’expérience est édifiante et agit comme un véritable coup de projecteur. Elle me fait aussi ressentir une pression supplémentaire. Quand on commence à développer sa notoriété, on n’a plus le droit de se rater!

La porte ouverte par Nike donne lieu à de nouvelles collaborations qui m’entraînent vers le monde de la musique, d’abord avec le chanteur fribourgeois Muddy Monk, dont j’écoutais souvent les morceaux en travaillant, puis avec d’autres artistes de la scène francophone et internationale, jusqu’au clip d’un remix de Save Your Tears de The Weeknd avec Ariana Grande, vu plus de 270 millions de fois sur YouTube. Le mandat dont je suis sans doute le plus fier reste néanmoins les illustrations qui ornent le coffret en édition limitée de la saison 5 de Rick et Morty, l’un de mes dessins animés préférés. A force de tirer mon inspiration de mes idoles de jeunesse, j’ai fini par travailler directement pour elles! Aujourd’hui, à 29 ans, je m’apprête à enseigner un module à l’Ecole d’arts visuels de Bienne consacré notamment aux outils numériques.»

Bio express
  • 2018 L’année où Nike lui propose un mandat.
  • 2020 Première collaboration avec le musicien fribourgeois Muddy Monk, devenu depuis un ami.
  • 2022 Il traverse un burn-out. «L’expérience est douloureuse mais m’a appris à mieux gérer mes limites.»
Carré blanc
Julien Crevoisier