C’est un joli exemple du savoir-faire industriel «Swiss made», ainsi que d’un transfert de technologie réussi entre les hautes écoles et les entreprises de la région. Fin août, la start-up Enoveas, fondée en 2022 à Bôle (NE), levait le voile sur sa première micro-machine de fraisage baptisée Silex. Clin d’œil au plus ancien outil du monde et étape essentielle dans l’évolution de l’humanité. Et il faut dire que ce petit bijou de technologie, destiné notamment à l’horlogerie, à l’électronique, à la medtech ou à l’aéronautique, semble prometteur: peu gourmand en énergie (< 1 kW, soit la consommation d’un sèche-cheveux!), ultra-compact (0,4 m² d’empreinte au sol) et doté d’une vitesse de production accrue (jusqu’à 60% plus rapide qu’une machine classique). «Nous sommes convaincus que la Silex va durablement faire évoluer le monde de l’usinage», affirme Juan Elices, le CEO d’Enoveas.

Contenu Sponsorisé
 
 
 
 
 
 

Concept disruptif

A l’origine de cette fraiseuse disruptive, trois fois plus petite qu’une CNC 5 axes, un travail de recherche développé par la HE-Arc, sous l’appellation Micro5, et mis à disposition des industries en 2016. A ce jour, huit sociétés suisses ont acquis la licence. Parmi celles qui exploitent commercialement cette invention, la valaisanne Mecatis, rachetée en 2020 par le groupe allemand Chiron. «Il y a deux ans, nous avons repris la licence Micro5 et à partir de ce dossier technique, un véritable condensé d’ingénierie, nous avons décidé d’aller plus loin dans la conception de la machine, en intégrant le design, le développement durable et l’expérience utilisateur», raconte Martin Boeni, PDG du groupe B-Next, auquel appartient Enoveas.

Pour ce faire, le Neuchâtelois s’est entouré d’une équipe pluridisciplinaire et intergénérationnelle, avec des étudiants de la HEG Arc ainsi que des experts comme Olivier Marchand, désormais CTO d’Enoveas, et le bureau milanais Sardi, qui a travaillé notamment pour Porsche, Audemars Piguet ou Tornos. «Notre rôle était de traduire la vision et le besoin en produit. Nous avons envisagé plus de 700 idées de design pour améliorer la conception étape par étape», souligne Enrique Sardi dans le communiqué de presse.

Potentiel de croissance

Après avoir déboursé quelque 3 millions de francs dans le développement de Silex, les dirigeants d’Enoveas s’attendent à un retour sur investissement relativement rapide. Les contrats de vente pour les premières micro-machines, dont les prix démarrent aux alentours de 250 000 francs, sont déjà signés et la start-up, qui a débuté avec deux collaborateurs il y a un an, compte aujourd’hui 20 employés. Côté finances, elle peut s’appuyer sur le groupe B-Next, qui chapeaute cinq entreprises, spécialisées notamment dans les micro-chargeurs, les broches mécaniques ou dans la maintenance des machines.

Reste que les ambitions de Martin Boeni, le maître d’œuvre du groupe dont l’origine remonte à 2006, ne s’arrêtent pas là. Enoveas, qui planche sur d’autres projets de micro-usines intelligentes, n’est «que la pointe de la flèche». «B-Next va fortement embaucher ces prochains temps, pour passer d’environ 70 à 100 collaborateurs fin 2024. J’aimerais créer tout un écosystème, en mettant en réseau les compétences complémentaires entre les experts, les professionnels et les jeunes. Et démontrer à ces derniers que la mécanique n’est pas désuète et que l’industrie des machines-outils peut être smart et disruptive.»