Les chiffres ne sont pas encore finalisés mais, en 2023, près de 40'000 cambriolages auraient été enregistrés sur notre territoire, ce qui représente une augmentation de près de 20%! «Deux tiers de ces infractions ont lieu pendant la journée», précise Patrick Cotting (photo), CEO de Mitipi, une start-up qui a développé un dispositif qui simule une présence à la maison.

S’inspirant du film culte des années 1990 Maman, j’ai raté l’avion, leur technologie reproduit des bruits de la vie quotidienne et projette des ombres sur les murs, visant à décourager un éventuel cambrioleur. Le boîtier, couplé à une application, s’appelle d’ailleurs Kevin, du nom du protagoniste du blockbuster américain, et est protégé par plusieurs brevets à l’échelle suisse, européenne et américaine. A ce stade, 3600 dispositifs ont été vendus en Suisse.

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«Pour valider notre concept, nous avons interrogé aussi bien des cambrioleurs que des policiers, de Zurich à Chicago», mentionne le serial entrepreneur fribourgeois, également chargé de cours aux universités de Fribourg, de Neuchâtel et de Lugano, dirigeant d’une société de consulting et business angel. Près de 50 étudiants fribourgeois ont travaillé sur ce projet, effectuant des sondages lors de voyages d’études à Washington District, à Boston et à Berkeley.

Marché américain en vue

Sans surprise, le marché américain est dans le viseur de Mitipi. Le pays enregistre 3 millions de cambriolages par an. «Nous avons ouvert un bureau à Santa Clara, en Californie. Je voulais être visible de Google, d’Apple et d’Amazon, qui vendent des systèmes de sécurité traditionnels. Notre technologie est différente et très bien protégée. La vision finale de Mitipi est de rendre le monde plus sûr et, si cela passe par l’intégration à un grand groupe, c’est une voie logique pour une start-up», confie-t-il.

Le choix du site de production du boîtier, dont la technologie est suisse, répond à la même stratégie. Il est fabriqué en Chine, là même où les géants de la tech ont leurs quartiers. Parallèlement, la start-up de 30 personnes vient de signer un partenariat avec le groupe immobilier français Foncia pour distribuer Kevin en France. Elle possède aussi un bureau à Berlin. «Cette manière de s’étendre en Europe limite les contraintes administratives, relève le CEO. Certains s’étonnent du temps consacré à notre structure juridique et aux études de marché. Mais c’est une stratégie durable pour une start-up.»

Il faut dire que les prémices n’ont pas été de tout repos. Spin-off du groupe Helvetia, Mitipi est fondée à Zurich en 2018. Patrick Cotting a rejoint la société en été 2019 alors que les liquidités commençaient à manquer. En janvier 2020, une augmentation de capital permet d’éviter le dépôt de bilan. Le Singinois, entouré d’investisseurs, éponge les dettes. Il déplace ensuite la société sur le site de Bluefactory, à Fribourg. La pandémie arrive, un bien mauvais timing pour un produit dont le but est de simuler une présence à domicile.

Si les débuts de Kevin sont difficiles, quelques parrains ont toujours cru en lui, dont Ulrich Doenges (COO), 28 ans, directeur international chez P&G, Hans Rafael Meier (CMO), ex-directeur marketing chez Swatch et SIGG, René Cotting (CFO), ex-CFO d’ABB. En 2024, une levée de fonds de 2 millions de francs a été lancée. Les premiers retours indiquent qu’elle pourrait se clôturer avant septembre.

 
TB
Tiphaine Bühler