Jamais la chirurgie réfractive n’a été aussi en vue en Suisse romande. Publicités omniprésentes, offres alléchantes et innovations technologiques séduisent un nombre croissant de personnes désireuses de se libérer de leurs lunettes. Au-delà des prix qui deviennent plus attractifs et des progrès techniques qui renforcent la confiance de la clientèle, plusieurs facteurs se conjuguent pour expliquer cette montée en puissance.
«L’utilisation croissante des médias électroniques rend toujours plus de personnes myopes, et cela de plus en plus tôt, indique Ulrich Harmuth, CEO de Betterview. Par exemple, en Chine, 80% des jeunes âgés de 5 à 19 ans sont concernés. En outre, la société actuelle accorde une grande importance à l’optimisation personnelle, au bien-être et à la commodité: éviter le port quotidien de lunettes ou de lentilles grâce à une opération laser contribue à améliorer la qualité de vie.» Par ailleurs, les progrès continus des technologies de chirurgie laser et de remplacement de lentilles permettent aujourd’hui de corriger les troubles de la vision de manière plus précise et accessible. Selon Ulrich Harmuth, au cours des trois dernières années, le marché des traitements au laser oculaire a plus que doublé en Suisse. Basée à Winterthour (ZH), Betterview compte 11 établissements en Suisse et un à Londres pour environ 80 collaborateurs. Avec plus de 18 000 interventions réalisées depuis 2021, elle est le principal fournisseur de traitements au laser oculaire et de chirurgie réfractive pour corriger les troubles de la vision. Rien que l’année dernière, elle a traité environ 10 000 yeux.
Les prix dépendent de l’intervention et du type de trouble visuel. L’entreprise propose des traitements au laser à partir de 1440 francs par œil. Certaines assurances maladie incluent des assurances complémentaires qui participent aux frais liés au laser oculaire. Les conditions varient: le plus simple est de se renseigner directement auprès de sa propre compagnie.
Bouche-à-oreille
«L’essor actuel s’explique par une dépendance accrue aux lunettes: les études et les écrans favorisent la myopie», confirme Laurent Morin, directeur de Vision Future Suisse à Nyon. La société compte une dizaine d’ophtalmologistes et organise des opérations plusieurs jours par semaine à des tarifs compris entre 3550 et 4150 francs pour un traitement des deux yeux. «Même si la technique existe depuis 70 ans, poursuit-il, la pénétration de l’information est maintenant étendue à toutes les générations, les résultats sont sûrs, les techniques ont beaucoup évolué et les réseaux sociaux ont porté le bouche-à-oreille à un autre niveau.» Ainsi, de bons résultats sont désormais accessibles à toutes les pathologies: myopie, hypermétropie, astigmatisme et presbytie.
Un marché saturé
Situé à Lausanne, le centre Santé Vision est entièrement dédié à la correction de la vision par laser depuis une vingtaine d’années. Composée de sept collaborateurs et de trois ophtalmo-chirurgiens, l’équipe offre des solutions pour corriger tous les défauts visuels, y compris la presbytie. Depuis 2006, le centre a connu une période de forte croissance, atteignant un pic d’activité en 2014 avec plus de 1300 procédures réalisées. En raison de l’augmentation de l’offre dans la région, ce volume a progressivement diminué pour se stabiliser aujourd’hui à environ 700 procédures annuelles.
En 2007, la région lémanique comptait seulement quatre centres spécialisés.
Goran Jankovic, directeur de Santé Vision
«En 2007, la région lémanique comptait seulement quatre centres spécialisés, souligne le directeur, Goran Jankovic. Aujourd’hui, on en recense 15, bien que l’augmentation de la population ne soit pas proportionnelle à cette multiplication des centres.» Une situation que l’on pourrait qualifier de marché saturé et qui pousserait les prestataires à investir massivement dans la communication, notamment via les réseaux sociaux, afin d’attirer un maximum de patients vers leurs établissements.
En l’absence de données statistiques fiables, il est difficile d’estimer précisément le volume total de ces interventions en Suisse. Goran Jankovic évalue le marché annuel de la chirurgie laser entre 9000 et 11 000 patients. D’après lui, plusieurs facteurs entravent la poursuite du développement du secteur: la concurrence agressive des opticiens qui mettent en avant les lunettes et lentilles de contact, le manque de promotion des méthodes de traitement par les fabricants de lasers (Zeiss, Alcon, Schwind, etc.) et l’indifférence de nombreux ophtalmologues vis-à-vis de ce sujet, qui limite l’accès des patients à des informations pertinentes.
Compris entre 4200 et 4800 francs, les forfaits du centre incluent notamment un suivi personnalisé de six mois et un éventuel retraitement dans la première année, si nécessaire. Le cabinet ne propose plus d’anciennes méthodes (PRK, Trans-PRK), qui, bien que moins coûteuses, «sont associées à des douleurs importantes, à une récupération prolongée pour les patients, ainsi qu’à des limitations dans l’indication opératoire et un risque de régression», ajoute le directeur.
Entre satisfaction et précautions
Sur son site, le département d’ophtalmologie des HUG indique que la grande majorité des patients ayant recours à une chirurgie réfractive – quelle que soit la technique utilisée – sont satisfaits, voire impressionnés par les résultats. Cependant, comme pour toute intervention chirurgicale, le risque de complications pendant ou après l’opération ne peut être totalement écarté. Des examens préopératoires approfondis permettent de les minimiser. Une proportion élevée de patients (entre 90 et 98%, en fonction de leur réfraction initiale) parvient à une vision parfaite sans avoir besoin de lunettes ou de lentilles après l’intervention.