Avec l’ouverture d’Art du Temps, en juillet 2024, je réalise non seulement un rêve mais je suis fier de pouvoir offrir à Bienne, ma ville natale, un écrin digne de son savoir-faire horloger. Ici, tous les habitants baignent depuis l’enfance dans cette industrie et ses marques de renom, comme Rolex, Omega et Swatch Group. De mon côté, j’ai grandi dans une famille propriétaire d’une entreprise spécialisée dans la fourniture d’aciers et d’alliages destinés notamment à l’horlogerie.
Intéressé par la mécanique, je me suis d’abord lancé dans un apprentissage d’horloger, à l’Ecole d’horlogerie de Granges, mais rapidement, j’ai compris que travailler derrière un établi toute la journée, ce n’était pas mon destin. J’aime les produits finis et le contact avec les gens. J’ai donc raccourci cette formation à trois ans et, une fois le diplôme en poche, j’ai été engagé par Bucherer à Interlaken. Comme je parlais bien le français, l’enseigne m’a proposé ensuite de travailler dans leur magasin de Crans-Montana. J’y ai appris énormément sur le monde du retail horloger mais, après quatre ans, j’ai eu envie de voler de mes propres ailes.
Mon idée? Créer un espace dans le centre-ville de Bienne avec une ambiance à la fois luxueuse et décontractée, dédié à la mise en avant de l’horlogerie et de la joaillerie. Cela a pris beaucoup de temps, presque une année de négociations avec les horlogers, car la tendance est plutôt à la fermeture de points de vente physiques. Mais une fois l’accord de Rolex et de Tudor obtenu, il a été plus facile de convaincre d’autres marques comme IWC, Chopard ou Montblanc.
L’investissement initial budgété a été dépassé en raison de l’évolution du projet, ce qui m’a occasionné quelques insomnies. J’ai heureusement réussi à convaincre mon père et mon oncle de m’accorder un prêt, que je compte rembourser en dix ans, grâce à un concept de base développé avec une personne dotée d’une grande expérience dans le domaine. Près de trois ans de travaux ont été nécessaires pour concrétiser Art du Temps, réparti sur quatre étages, avec un atelier d’horlogerie et conçu pour organiser des cours ou des événements sur mesure pour les clients. Tout a été réfléchi et pensé avec minutie, de la rénovation de la façade du bâtiment, plus que centenaire, à l’aménagement intérieur, qui a fait appel aux compétences de plus de 50 entreprises au savoir-faire artisanal exceptionnel. Une passion pour les détails focalisée sur un seul but: créer une ambiance hautement qualitative, sans snobisme, afin que les clients, et en particulier les plus jeunes, puissent vivre une expérience authentique et personnalisée.
A 27 ans, on me qualifie parfois de «jeune vieux»! Je suis persuadé que la Gen Z, qui pèsera jusqu’à 30% des achats dans le luxe d’ici à 2030, n’est pas qu’obnubilée par le digital. Avec l’omniprésence des réseaux sociaux, et aujourd’hui de l’IA, tout est devenu très impersonnel. On peut acheter des montres sur internet n’importe où dans le monde. Les gens sont saturés. Ils veulent vivre des moments vrais, d’autant plus lorsqu’il s’agit de luxe, des produits souvent hautement émotionnels.»
1998
Naissance à Bienne. Son grand-père, Rudolf Schiess, a repris en 1956 une entreprise spécialisée dans les composants en acier.
2014
Il part vivre un an à Genève comme jeune homme au pair. Une expérience très formatrice.
2021
Il décide de créer Art du Temps, qui emploie huit personnes.