La société lausannoise Local Energy s’est inspirée du fermage agricole, où un propriétaire met un terrain à la disposition d’un paysan en échange d’un loyer, pour le transposer au secteur photovoltaïque. Elle a ainsi créé un modèle inédit: le fermage solaire. Concrètement, le propriétaire d’un immeuble fait l’investissement nécessaire sur son toit et la société le rémunère. Le revenu représente un pourcentage du montant engagé, compris entre 4 et 8% selon le type d’immeuble.

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«Nous prenons en charge l’ensemble des démarches préalables, notamment l’optimisation, l’obtention des autorisations et la recherche de subventions», explique le CEO, Richard Mesple. L’énergie produite appartient à l’entreprise, qui la vend aux locataires. Le surplus part ensuite dans le réseau. «C’est comme si le propriétaire avait ajouté un appartement sur son immeuble», ajoute-t-il.

Ingénieur de formation, Richard Mesple a d’abord été actif durant quinze ans dans la création de bateaux solaires, avant de rejoindre le domaine des énergies renouvelables pour le compte de la ville de Lausanne. Il prend ensuite la direction de Local Energy, entité créée en 2020 par le groupe Realstone, qui possède environ 250 immeubles en Suisse, dans le but de repenser la gestion énergétique de son parc immobilier.

Régie énergétique

Aujourd’hui, la société compte sept employés. Elle a dégagé l’année dernière un chiffre d’affaires d’un peu plus de 3 millions de francs et se tourne également vers d’autres acteurs immobiliers. Parmi ses clients récents, elle compte par exemple Cydonia, entreprise basée à Genève et spécialisée dans l’immobilier résidentiel. Au-delà de la gestion énergétique, Local Energy prend également en charge la facturation, le traitement des litiges et l’entretien. Les contrats sont signés sur trente ans.

«Nous sommes en quelque sorte une régie énergétique», résume le CEO. Une fois l’installation solaire posée sur la toiture, plusieurs modèles sont possibles. Dans certains cas, pour des raisons techniques dépendant du type d’immeuble, l’énergie solaire n’est utilisée que dans les espaces communs (cage d’escalier, ascenseurs, pompes à chaleur). Ailleurs, le locataire peut consommer en priorité l’énergie photovoltaïque. Ainsi, selon le cas de figure, une part plus ou moins grande est injectée dans le réseau.

«Comme nous vivons de la vente de l’énergie, nous devons nous assurer que l’installation soit optimisée au maximum», précise Richard Mesple. En effet, outre le risque technique, la société doit également supporter les évolutions du prix de l’électricité, la maintenance et le monitoring. Raison pour laquelle elle a développé et optimisé des outils capables de superviser des dizaines de centrales. Actuellement, elle en gère plus de 120 en Suisse.

Potentiel de croissance

Le faible taux d’équipement solaire des immeubles locatifs en Suisse, conjugué à la baisse continue du coût des panneaux photovoltaïques, laisse entrevoir un important potentiel de développement. D’autant que de nombreux cantons exigent désormais des adaptations dans ce domaine lors de rénovations.

Porté par l’évolution du cadre législatif, le modèle du fermage solaire pourrait favoriser l’émergence de nouvelles formes de coopération énergétique entre bâtiments, voire à l’échelle de quartiers entiers. Encore marginal aujourd’hui, il s’affirme comme une piste concrète pour accélérer la transition solaire dans le parc immobilier locatif suisse.

La moitié des toits suisses pourraient produire de l’électricité

Plus de la moitié des surfaces de toiture en Suisse seraient aptes à accueillir des panneaux photovoltaïques. Selon des chercheurs du Laboratoire d’énergie solaire et physique du bâtiment de l’EPFL, en exploitant uniquement les surfaces orientées vers le sud, cela pourrait répondre à plus de 40% de la demande électrique annuelle. A l’heure actuelle, seul un dixième du potentiel solaire photovoltaïque est réalisé sur le plan national.