En sept ans, Swisscoding est devenue le premier prestataire de codage médical en Suisse, avec 60 collaborateurs et deux entités dédiées à la formation et à l’innovation: Swisscoding Academy et Swisscoding Technologies. Un développement rapide et révélateur d’un besoin structurel profond du système de santé. Car derrière le fonctionnement économique des hôpitaux se cache un processus aussi essentiel que méconnu: le codage médical. C’est sur lui que repose 100% de la facturation des hospitalisations.
Un contexte tendu
Ce système s’est complexifié au fil des années, tant en termes de compétences requises que de volume de travail. De nombreux hôpitaux n’ont plus les ressources internes pour le gérer correctement, car les défis sont nombreux: pénurie de personnel, logiciels inadaptés, documentation lacunaire, pression budgétaire. Sans expertise, les prestations ne sont pas correctement facturées et les contestations des assurances s’accumulent. C’est le constat qu’ont pu faire Marie et Stefan Stefaniak, au sein de leur première société de consulting en gestion de la santé, Paianet. En 2018, ils décident de créer Swisscoding, une entreprise dédiée au codage médical et à tout ce qui s’y rapporte. «C’est pour permettre aux prestataires de soins de se concentrer sur leur métier que nous développons nos services», explique Marie Stefaniak, fondatrice de Swisscoding.
Un enjeu de taille
Car le codage médical, situé à la croisée des domaines des soins, de la finance et de la statistique ne s’apparente pas du tout à de la simple saisie technique. La codificatrice – le métier est majoritairement exercé par des femmes – souvent issue du domaine des soins, doit maîtriser le langage médical, le système SwissDRG et détecter les incohérences de la documentation.
Swisscoding a donc dû tout construire en parallèle: une équipe soudée composée de collaborateurs situés dans sept pays différents; un environnement attractif pour des profils dynamiques – grâce notamment à la formation continue dispensée par son entité Swisscoding Academy; des plateformes sécurisées pour le travail à distance, un système de protection des données exigeant; et, surtout, des outils technologiques capables de traiter, de croiser, d’analyser d’énormes quantités de données. «Il faut que nous gagnions en taille pour renforcer la confiance des hôpitaux et pouvoir, en même temps, avoir un impact positif sur l’ensemble du système de santé», souligne Stefan Stefaniak, CEO de l’enteprise.
«Travailler avec un prestataire de cette taille, qui investit en continu dans ses outils et sa structure, nous permet d’avoir accès à des compétences et à des technologies qu’on ne pourrait jamais développer en interne», témoigne le Dr Thierry Fumeaux, directeur des systèmes médicaux de la Clinique des Grangettes. C’est dans cette logique qu’est née Swisscoding Technologies, une filiale dédiée au développement de solutions avancées, dont Cody, une intelligence artificielle capable de coder automatiquement une partie des interventions.
Cody lit, analyse et interprète les documents cliniques (rapports médicaux, lettres de sortie, etc.), effectue le codage et s’autoévalue. Si l’estimation est fiable à plus de 96-98% (ce qui est mieux qu’un codage humain), le codage est directement injecté dans le système sans intervention humaine. Grâce aux algorithmes d’apprentissage développés par Swisscoding Technologies, et à l’engagement de quelques clients pionniers, Cody est capable aujourd’hui de coder 30% des cas d’un hôpital régional et jusqu’à 70% de la patientèle de certaines cliniques.
Protection des données et transparence
L’entreprise a aussi investi massivement dans la sécurisation des données traitées à distance, avec des infrastructures protégées et des certifications exigeantes. «On dépense plus de 250 000 francs par an uniquement pour la sécurité informatique. Ça n’est pas exigé, mais pour nous, c’est indispensable», assure Stefan Stefaniak.
Externaliser une mission aussi stratégique suscite des résistances. «C’est très difficile pour un hôpital de faire confiance à un prestataire privé sur une tâche aussi centrale que son codage médical, explique Stefan Stefaniak. Il ne peut littéralement plus envoyer de factures si nous disparaissions du jour au lendemain.» Pour répondre à cette inquiétude, Swisscoding mise sur la transparence. Tableaux de bord, échanges réguliers, tout est fait pour éviter une dépendance subie. «Le but, c’est que nos clients soient plus puissants et plus autonomes grâce à nous.» Une promesse que confirme Cédric Zuchuat, directeur administratif et financier de la Clinique de La Source: «Certains nous avaient prédit une perte d’autonomie en externalisant notre codage. Mais c’est l’inverse: j’ai aujourd’hui une bien meilleure visibilité sur chaque étape du processus et sur les fluctuations de notre activité.»
Deux marchés, une ambition: soulager le système de santé
En Suisse, les exigences pour la qualité des soins ne cessent d’augmenter sans pour autant relâcher la pression sur les coûts. Pour les hôpitaux, cela se traduit par plus de contrôle, plus de données à fournir, davantage de normes à respecter, et donc une charge administrative toujours plus lourde. C’est précisément sur ce point que Swisscoding entend agir: soulager le système pour que les équipes puissent se recentrer sur le patient.
Pour y parvenir, l’entreprise déploie une double stratégie. D’un côté, la Suisse, où elle souhaite encore grandir, notamment en Suisse alémanique. Si quelques concurrents existent, Swisscoding reste la seule entreprise à proposer une offre aussi complète, articulée autour du service, de la formation et de l’innovation.
De l’autre côté, Swisscoding Technologies poursuit une logique de start-up, tournée vers l’international. Forte de son innovation révolutionnaire, l’entreprise cherche des partenaires stratégiques et des investisseurs pour se déployer rapidement sur d’autres marchés, notamment en France et en Allemagne. Deux approches, deux modèles économiques, mais une même ambition: rendre le système de santé plus efficace en en simplifiant les rouages.