Cette nouvelle en provenance d'Amérique fait actuellement beaucoup de bruit sur la Paradeplatz et dans la Berne fédérale: le New York Post rapportait dimanche soir que des cadres d'UBS ont rencontré des représentants du gouvernement américain. Le sujet: un éventuel changement de stratégie pour lutter contre les exigences plus strictes en matière de capital en Suisse. Il aurait même été question d'un départ de la Suisse ou d'une fusion avec une banque américaine. 

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Le timing est frappant: la session d'automne se déroule actuellement à Berne: le marchandage sur les exigences plus élevées en matière de capital pour UBS a commencé. Hier lundi, le Conseil des Etats a débattu d'une intervention de Tiana Angelina Moser (PVL). Celle-ci aurait pu «retarder massivement» les régulations d'UBS en Suisse, comme l'a averti Karin Keller-Sutter au Palais fédéral. La ministre des finances s'est finalement imposée: le Conseil des Etats a clairement rejeté l'intervention par 29 voix contre 15.

Les tentatives de pression sont restées stériles jusqu'à présent, Sergio Ermotti continuera probablement à se battre.

Dans le secteur financier, les rumeurs de départ et de fusion circulent depuis longtemps. Elles sont un sujet brûlant sur lequel personne ne veut se brûler les doigts. Même les connaisseurs du marché financier interrogés par Blick se gardent bien de faire des déclarations publiques. Mais quelles seraient les conséquences pour la Suisse d'une fuite d'UBS vers l'Amérique? Voici quelques réponses aux questions les plus urgentes.

1. quels seraient les avantages pour UBS d'une fuite aux États-Unis?

Un déménagement ou même une fusion avec une banque américaine pourrait présenter plusieurs avantages pour UBS. Premièrement, les exigences en matière de capital y sont actuellement considérées comme moins strictes qu'en Suisse, notamment dans la perspective des conditions supplémentaires prévues par la ministre des finances. Deuxièmement, la grande banque bénéficierait d'un meilleur soutien politique: le président Trump a déjà clairement indiqué lors de son premier mandat qu'il souhaitait réduire les réglementations pour l'industrie financière. Un rapprochement avec son gouvernement pourrait donc renforcer UBS sur le plan stratégique.

De plus, le méga-marché américain attire par sa taille: accès à encore plus de clients et, en cas de fusion avec un établissement américain, effets de synergie permettant de réduire les coûts.

Un déménagement aux États-Unis pourrait également présenter des avantages sur le plan fiscal: de nombreux États fédéraux font actuellement une publicité agressive avec des impôts sur les sociétés peu élevés.

2. quels seraient les inconvénients et les risques pour UBS en Amérique?

Il est peu probable qu'UBS puisse effectivement compter sur des conditions plus souples à long terme outre-Atlantique. Donald Trump ne sera plus président au plus tard fin 2028. Il est possible qu'un nouveau changement de politique se produise aux Etats-Unis. Si, par exemple, un démocrate accédait à la Maison Blanche, la pression réglementaire pourrait à nouveau augmenter. De plus, une éventuelle fusion avec une banque américaine serait très complexe et prendrait des années: les différences culturelles, les différents modèles commerciaux et l'intégration des systèmes informatiques recèlent un énorme potentiel de conflits et de coûts.

A cela s'ajoute le fait que l'intégration de Credit Suisse n'est même pas encore terminée.

Un départ serait particulièrement délicat pour le cœur de métier d'UBS: la gestion de fortune. De nombreux super-riches d'Asie, d'Amérique latine ou du Proche-Orient apprécient chez UBS non seulement son expertise, mais aussi et surtout sa localisation en Suisse, synonyme de stabilité, de neutralité et de discrétion. Un siège américain officiel pourrait perdre de son attrait pour ces clients, car ils choisissent délibérément la Suisse comme lieu d'implantation et n'ont pas confiance dans le marché américain.

3. dans quelle mesure un départ d'UBS de la Suisse serait-il grave pour notre pays?

Un départ d'UBS entraînerait la disparition de milliards de recettes fiscales et d'emplois à l'étranger. En contrepartie, la Suisse serait débarrassée des risques liés à une grande banque. Mais UBS ne partirait pas totalement. Elle garderait toujours une filiale suisse forte. Un départ de la Paradeplatz laisserait toutefois une réputation fortement entachée et pèserait sur les relations avec le monde politique, la Banque nationale et la population: un prix que même une UBS à vocation mondiale devrait bien peser.

Pour l'image de la Suisse et son importance en tant que place financière jouissant de la meilleure réputation, un départ d'UBS serait un coup dur, affirme également Klaus Wellershoff. «Un départ d'UBS serait certainement un grave préjudice pour la réputation de la Suisse», déclare l'économiste. Il pense également à la reprise en urgence de Credit Suisse. «Si l'on pense qu'UBS vient de résoudre un gros problème pour la Suisse, un départ serait difficile à expliquer au niveau international.»

4. quelles seraient les conséquences d'un départ pour les entreprises suisses?

Les petites et moyennes entreprises qui empruntent de l'argent à la grande banque ou qui font appel à ses services de banque d'investissement pourraient être confrontées à des répercussions.

UBS joue un rôle important en tant que partenaire financier de nombreuses PME suisses. Ces dernières ont besoin de financements à l'exportation, de crédits et d'aide pour les opérations de change. Credit Suisse était l'une des principales banques de crédit dans les activités avec les entreprises, qu'UBS poursuit désormais.

5. quelles seraient les conséquences d'une fuite d'UBS pour nous en tant que citoyens?

En cas de départ, les activités suisses d'UBS se poursuivraient certainement. Pour la majorité des Suisses, les conséquences d'une fuite d'UBS devraient être négligeables. En revanche, les riches et les super-riches pourraient se sentir obligés de retirer leurs fonds de la banque et de les répartir dans d'autres établissements financiers.

Pour les personnes fortunées, la sécurité juridique et la suissitude sont essentielles.

Cet article est une adaptation d'une publication parue dans Blick.