«Comprendre la science ne suffit pas, il faut aussi savoir la transmettre»

«Le déclic a eu lieu le jour où j’ai ouvert mon premier autotest covid. Sur la notice, des termes comme «écouvillon» ou «cassette» étaient mentionnés, accompagnés d’explications peu claires. Sans prétention, je me suis alors tout de même demandé: si même une ingénieure aérospatiale comme moi peine à comprendre ces instructions, comment les personnes sans bagage scientifique peuvent-elles s’y retrouver? Je considère la vulgarisation scientifique comme un art. Comprendre la science ne suffit pas, il faut aussi savoir la transmettre clairement, sans jargon, même à celles et ceux qui en sont éloignés.

Cette conviction m’a poussée, en 2023, à créer Galactic Studios, une agence de communication qui ambitionne de rendre la science accessible et vivante. L’idée a commencé à mûrir dans mon esprit en 2020, après qu’un accident domestique m’a ôté la vision d’un œil, mettant brutalement fin à mon projet de devenir astronaute. Plus tard, alors que je travaillais sur ma thèse à l’Agence spatiale européenne, j’ai réalisé que je voulais créer mon propre environnement de travail: un espace bienveillant qui permette de réaliser des projets porteurs de sens.

De retour en Suisse, j’ai décidé de me consacrer pleinement à la vulgarisation scientifique. J’ai alors lancé Galactic Chloé sur les réseaux sociaux, où je publie de courtes vidéos pour expliquer l’aérospatial. Le projet a ensuite pris de l’ampleur, a dépassé les réseaux sociaux et est devenu Galactic Studios, qui emploie désormais deux autres personnes.

Notre activité s’articule autour de trois grands axes. Nous aidons les chercheurs et les institutions à diffuser leurs travaux de manière claire et compréhensible pour le grand public. Nous assurons également une présence active sur les réseaux sociaux et nous coorganisons le projet MINTfluencers, qui accompagne des jeunes femmes scientifiques et les encourage à créer du contenu sur les réseaux sociaux. Nous intervenons aussi dans le domaine de l’éducation, avec des ateliers en milieu scolaire, un spectacle pour le jeune public, ainsi que des formations destinées aux scientifiques souhaitant s’initier à la vulgarisation, que ce soit sur scène, en ligne ou par d’autres moyens.

Depuis l’âge de 15 ans, je nourris une passion pour l’astrophysique, qui m’a conduite à entreprendre des études d’ingénierie aérospatiale. J’ai commencé par un bachelor en physique, puis j’ai poursuivi avec un master en management des technologies et de l’entrepreneuriat à l’EPFL. C’est là que j’ai fait mes premiers pas dans la vulgarisation scientifique. L’école m’avait confié l’animation d’une chaîne YouTube, sur laquelle j’interviewais notamment des chercheurs de l’établissement. Nous l’avions baptisée le Galactic Chloé Show.

Je n’ai jamais été particulièrement attirée par ces plateformes mais, aujourd’hui, près de 90% des moins de 35 ans s’en servent pour s’informer. Si toutes les personnes attachées à la rigueur, à l’éthique et à la nuance les désertaient, la désinformation aurait le champ libre. En parallèle de mon activité en ligne, j’anime régulièrement une chronique sur Couleur 3, dans la matinale Fuego.»