1. Victorinox: Des couteaux de cuisine pour la classe moyenne

Le bien nommé Colonel Chandhoke (photo) nous accueille dans la boutique Victorinox, la première ouverte en nom propre en Inde, dans le centre commercial chic de Bombay, le Palladium. On y trouve les Swiss army knives, les montres frappées du drapeau suisse, les produits de bagagerie… et toute la gamme des couteaux de cuisine made in Ibach (Schwytz). Les affaires sont bonnes, nous explique le chef du marché indien, qui travaille pour Victorinox depuis seize ans, avec une croissance de 25-30% attendue pour les trois prochaines années. Et c’est compter sans l’apport d’un éventuel accord de libre-échange.

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Victorinox India fait désormais 40% de son chiffre d’affaires avec la bagagerie. Et offre, sous la marque Wenger, une variante abordable de ses valises et sacs de voyage, d’ailleurs partiellement produits en Inde. Mais les bons résultats s’expliquent aussi et surtout par le décollage des ventes des couteaux de cuisine pendant le covid. «Confinés à la maison, beaucoup d’hommes ont découvert le plaisir de cuisiner. Ils se sont offert des ustensiles de qualité», explique Colonel Chandhoke. Un signe de l’affluence croissante de la classe moyenne supérieure indienne. Une illustration, ajoute Mr. Victorinox India, de l’évolution des rapports hommes-femmes.

Les affaires du fabricant de couteaux suisses Victorinox se portent bien en Inde, surtout depuis le covid.

Les affaires du fabricant de couteaux suisses se portent bien en Inde, surtout depuis le covid.

© Rajendra Maheriya/Vishal Dey

2. Cleanfix Schevaran: La force des alliances familiales

Fin juin 2019, alors qu’il rend visite à sa fille qui termine ses études en Italie, Sam Cherian, fondateur de la société indienne Schevaran, appelle Christoph Loosli, patron de Cleanfix, une PME saint-galloise connue pour ses machines de nettoyage professionnel haut de gamme. L’entrepreneur le reçoit au débotté et lui fait visiter ses usines. D’une simple poignée de main, les deux hommes scellent leur collaboration et fondent une société commune pour produire en Inde une partie du catalogue Cleanfix. Coïncidence, les deux entrepreneurs sont en train de passer la main à la génération montante. Trois ans plus tard, les deux partenaires inaugurent une usine construite à 25 kilomètres de Mysore.

A la fin des années 1980,  Sam Cherian a lancé le premier détergent écologique en Inde. «De manière générale, l’hygiène n’était alors pas une priorité pour le gouvernement.» L’arrivée des multinationales de l’informatique va changer la donne. Sam Cherian imagine un service de nettoyage facturé au mètre carré qui cartonne. La production des machines Cleanfix sur place lui permet désormais d’optimiser ses coûts. Une trentaine de personnes travaillent dans l’usine à Mysore. Prochain objectif: l’exportation vers plusieurs pays d’Asie.

Construite près de Mysore, l’usine de la joint-venture indo-suisse Cleanfix Schevaran vise le net zéro d’ici à 2025.

Construite près de Mysore, l’usine de la joint-venture indo-suisse Cleanfix Schevaran vise le net zéro d’ici à 2025.

© DR

3. Bühler India: L’Inde, une rampe de lancement pour l’Afrique

Une forte odeur de cumin flotte dans la salle d’exposition des machines Bühler. Hier, les équipes ont fait une démonstration du moulin à épices, l’une des nombreuses machines fabriquées par l’entreprise suisse. A quelques mètres, une ligne de production qui intègre le traitement du riz, de son décorticage à son conditionnement en passant par le blanchissage. Et encore un peu plus loin, les machines à torréfier le café vendues dans le monde entier. «Nous sommes les seuls à les fabriquer», souligne fièrement Prashant Gokhale (photo), le patron de Bühler India.

Ce n’est qu’au début des années 2000 que le groupe basé à Uzwil (SG) a pu établir une succursale 100% contrôlée par la Suisse. Prashant Gokhale, dans l’entreprise depuis vingt-cinq ans, explique le développement de machines spécialement conçues pour le marché indien. Aujourd’hui, Bühler India emploie 700 salariés et enregistre un chiffre d’affaires de quelque 80 millions de francs, en croissance de 15%. Le groupe a prévu de tripler ses capacités de production dans les quatre ou cinq ans. Et de doubler ainsi ses exportations, notamment vers l’Afrique. Pour Bühler comme pour d’autres entreprises suisses, l’Inde s’impose comme une excellente rampe de lancement pour les marchés du Sud.

La filiale indienne de Bühler assure le développement de machines pour l’ensemble du groupe.

La filiale indienne assure le développement de machines pour l’ensemble du groupe. 

© DR
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