Bonjour,
Rafael Fink coordonne le Senior-lab, une plateforme créée en 2018 par la Haute Ecole de la santé La Source, l’ECAL et la HEIG-VD (HES-SO) qui développe et soutient des projets innovants qui favorisent la qualité de vie et l’autonomie des seniors. Dossier réalisé par Carole Berset, Julien Crevoisier et Audrey Magat
Rafael Fink est responsable de la coordination du Senior-Lab depuis 2020.
Institut et Haute Ecole de la Santé La SourcePublicité
Un Suisse sur cinq sera à la retraite d’ici à 2040. Quelles sont les attentes de ce public voué à prendre toujours plus d’ampleur?
Les seniors représentent un marché extrêmement diversifié, aux attentes hétérogènes. Cette catégorie de la population montre une volonté toujours plus marquée de bénéficier de solutions qui favorisent son autonomie, dans tous les domaines de sa vie. Qu’il s’agisse de logements, de soins, de technologies ou de loisirs, les aînés seront toujours plus nombreux à vouloir choisir par et pour eux-mêmes, le plus longtemps possible. Les entreprises doivent anticiper ce besoin, qui continuera d’augmenter ces prochaines années, et adapter leurs offres.
Quels sont les éléments essentiels à considérer afin de proposer des solutions pertinentes?
Il s’agit d’accompagner le processus de vieillissement grâce à des services et à des produits adaptés et modulables, sans être stigmatisant. Les entreprises doivent veiller à la manière de nommer et de présenter leurs offres. Le but consiste à rester le plus inclusif possible, en évitant de mettre en avant des aspects liés à une certaine fragilité par exemple. Le Conseil d’Etat du canton de Vaud a changé l’appellation de logement protégé en logement adapté avec accompagnement (LADA). Les transports publics suisses font également la distinction entre seniors – représentés jusqu’alors avec une canne – et personnes à mobilité réduite. On peut aussi penser aux voyages organisés dans le secteur du tourisme. Au lieu de créer un programme «spécial seniors», mieux vaut imaginer une thématique générale comme «spa et montagne», qui réponde aux besoins de ce public, sans exclure néanmoins d’autres types de clients.
De quelle manière le Senior-lab peut-il les accompagner?
Le Senior-lab compte aujourd’hui sur une communauté de plus de 200 seniors en Suisse romande, qui évalue des produits avant leur mise sur le marché. En fonction de leurs retours, la plateforme émet ensuite des suggestions d’adaptation aux entreprises.
Nous avons par exemple accompagné une entreprise, qui a mis au point une solution de téléassistance en cas de chute qui se base sur l’analyse de la consommation énergétique. Afin d’évaluer la pertinence de ce service, nous avons réalisé des focus groups avec les seniors et leurs proches, puis fait un test sur le terrain, en organisant des entretiens d’évaluation réguliers afin d’obtenir les retours d’expérience des seniors. Résultat: le service s’est révélé souhaitable, car il n’était pas stigmatisant – on n’a pas d’objet à porter sur soi et il n’y a pas de modifications visibles à faire dans le logement. Il a néanmoins fallu l’adapter, car il se basait sur un préjugé qui veut que tous les seniors aient un rythme de vie extrêmement routinier. D’où la nécessité de prévoir la possibilité de personnaliser le système ou de le désactiver de manière indépendante, ce qui n’était pas prévu au départ.
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Quels secteurs bénéficieront le plus de cette évolution de la société?
Globalement tous. Les acteurs de l’immobilier, de la santé, du social et des technologies auront un grand rôle à jouer dans le développement de solutions innovantes, notamment en matière de maintien à domicile. Par exemple, à l’avenir, les modèles d’habitat devront être conçus en intégrant des outils de téléassistance ou des systèmes de monitorage et d’alerte dont le design devra rester discret pour éviter toute stigmatisation. La demande en matière de soins à domicile ou à distance va aussi augmenter. Afin de développer la télémédecine ou un suivi connecté des maladies chroniques, les secteurs de la santé et de la technologie mais également du design, de l’économie et de l’ingénierie seront amenés à collaborer toujours plus étroitement.
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