La dame au stand de B2 Venture, une société de capital-risque basée à Berlin, indique la direction à suivre: «Demandez plutôt à l’homme là-bas, avec la veste bleue et les chaussures blanches. Il sait où souffle le vent.»

En effet, ce créateur d’entreprises en série, qui visite le Start Summit à Saint-Gall, a beaucoup à raconter. «La prochaine grande nouveauté sera un accompagnateur de croissance basé sur l’IA.» Une sorte de chef de cabinet numérique, un «Chief of Staff». «A l’aide de l’IA, il structurera ma journée, me débarrassera des tâches sans importance afin que je puisse consacrer suffisamment de temps aux choses vraiment importantes.» Environ 80% du code serait déjà prêt et le lancement d’une première version est prévu pour l’été.

Contenu Sponsorisé
 
 
 
 
 
 

Ce sont des histoires de ce genre que l’on aime raconter aux investisseurs en capital-risque dans le milieu des start-up. Ceux-ci sont également présents à l’événement, y compris les grands noms américains tels que Sequoia et Benchmark. Les fondateurs recherchent des capitaux, mais, dans la pratique, ce n’est souvent pas aussi simple, comme l’explique Michael Baum au public. Il est cofondateur et CEO de la société de sécurité informatique Splunk, rachetée il y a deux ans par l’équipementier réseau américain Cisco pour 28 milliards de dollars. «Avec les investisseurs externes, c’est toujours délicat, prévient-il. On est très heureux de les avoir pour son entreprise, mais au bout de cinq à sept ans, ils veulent récupérer leur mise multipliée.» Cette période peut être très difficile. Et une introduction en bourse n’est pas toujours chose aisée.

Michael Baum voit un fort potentiel de croissance dans le domaine de la conformité et de l’automatisation des processus juridiques tels que les autorisations ou les procédures de vérification des demandes et des procédures. A l’inverse, il voit aussi des perdants. «Les systèmes d’IA tels qu’ils sont développés actuellement vont bouleverser non seulement la programmation logicielle, mais aussi l’ensemble du secteur des logiciels.» Les approches Software-as-a-Service existantes risquent d’être remplacées lorsque les systèmes d’IA contrôleront de petits modules logiciels en fonction des besoins du processus commercial.

«Et beaucoup de choses ne fonctionnent pas comme des logiciels», prévient Matt Cohler, l’un des dirigeants de Benchmark. Il faut donc être rapide, itératif, évolutif et capable de s’adapter à moindre coût. Cela fonctionne pour les logiciels véritables, mais pas nécessairement pour tout ce que les start-up (et la numérisation en général) entreprennent. Cette idée fausse explique de nombreux échecs dans le domaine de la numérisation. Matt Cohler et son équipe tentent de les éviter. En 2011, par exemple, ils ont investi 12 millions de dollars dans Uber. Il y a deux ans, cette participation valait 9,4 milliards de dollars. Il recommande de clarifier dès le début d’une start-up innovante ce que l’on souhaite concrètement changer.

«L’ensemble du secteur aérien», promet Swifty, l’opérateur d’un moteur de réservation de voyages assisté par IA. Ce logiciel vise à simplifier considérablement les processus souvent complexes de réservation de voyages. Les principaux clients et investisseurs montrent ici qu’ils ont su anticiper la disruption avant d’en être eux-mêmes victimes. Lufthansa compte ainsi parmi les premiers investisseurs, et le système devrait bientôt être introduit sur le site web de Swiss afin de simplifier les réservations. Les voyagistes en ligne font également partie des premiers clients.

Quelques mètres plus loin se trouve le stand de la start-up zurichoise Josepha. Cette jeune entreprise issue de l’EPFZ et de l’Université de Saint-Gall a des ambitions mondiales: elle simplifie considérablement les processus d’achat dans le commerce électronique grâce à l’agrégation de données. L’IA se charge ici de trouver beaucoup plus rapidement les produits souhaités, y compris les commentaires et les évaluations des utilisateurs. Les start-up telles que Josepha sont donc considérées comme un défi majeur pour les entreprises de commerce électronique existantes, car elles s’interposent entre les utilisateurs et les plateformes. Leur croissance est impressionnante: elles couvrent plus de 5000 boutiques en ligne avec plus de 100 millions de produits. Elles enregistrent plus de 15 millions de vues par mois, sans aucun effort de marketing.

Et si tout cela va trop vite pour vous, la start-up allemande Fast AI Movies est peut-être la solution: vous saisissez sous forme de texte ce que vous souhaitez obtenir comme explication, par exemple l’impact des droits de douane américains sur le secteur des start-up en Suisse, et l’IA en fait de courtes vidéos explicatives. Là aussi, les premiers clients ont déjà été conquis, notamment des banques et des compagnies d’assurances qui souhaitent utiliser Fast AI Movies pour expliquer des produits complexes de manière plus simple qu’auparavant.

Le fondateur a toutefois dû apprendre ses cours de manière traditionnelle, comme il le dit lui-même: il a créé son entreprise à 18 ans, peu avant son baccalauréat.