Personne ne connaît S + T Service & Technique, une entreprise de service et de technique dans la régulation thermique d’à peine 40 collaborateurs qui souhaite rester petite. «On ne cherche pas à augmenter notre chiffre d’affaires, ni à grandir. On est des passionnés et on veut le rester», lance Frédéric Hess, le codirecteur, ingénieur EPFL, fils du fondateur de la PME et instigateur du Secret Lab, un laboratoire interne dans lequel les systèmes de régulation thermique de demain sont développés.

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Pourtant, l’entreprise est hors norme à bien des égards, notamment en ayant son propre centre R&D de quatre ingénieurs, ce qui a un coût pour une structure de cette taille. Qui plus est, Frédéric Hess publie leurs avancées sur internet. On est très loin de l’esprit de secret de fabrication. «C’est une plateforme qui permet aussi de convaincre des clients. Cela comble, par ailleurs, la frustration de l’ingénieur qui aime partager ses réflexions», confie celui qui est également président du conseil d’administration.

Des concepts visionnaires

Comment cette petite PME de Veyrier arrive à s’offrir comme clients la moitié des bâtiments Manor de Suisse, Migros, Globus, Interio, le complexe de La Praille, des salles de cinéma et des hôtels, cela devant des mastodontes de renommée internationale et en étant même parfois plus cher? «Le client qui a une problématique se moque de savoir si sa demande est compliquée ou non. Il veut une solution simple et conviviale. Alors, pour chaque projet, on part d’une page blanche, où on doit tout créer sans limite, car on a cette compétence avec nos équipes composées tant de soudeurs que d’automaticiens et d’ingénieurs cloud», explique Frédéric Hess.

Point fort supplémentaire: des solutions visionnaires. Exemple: au début des années 1990 déjà, S + T Service & Technique proposait des systèmes d’alarme à distance pour les chaufferies, suivis d’outils de détection des pannes à distance à disposition des clients. Une autre idée novatrice a été de ne pas travailler sur des parcs d’immeubles. «On en était capables grâce à nos systèmes de régulation à distance, poursuit Frédéric Hess. Cela a évolué depuis et avec l’intelligence artificielle, cela nous permet d’être présents dans toute la Suisse et de collaborer avec une maintenance locale qui retrouve sa vraie valeur.» Aujourd’hui, cela paraît logique, cela l’était beaucoup moins il y a vingt-cinq ans.

Précurseurs également lorsqu’ils ont passé leurs systèmes d’exploitation d’immeubles sur le cloud, un virage pris avant tout le monde. Demain, ils imaginent chauffer des quartiers entiers grâce à l’énergie dilapidée par la blockchain. «Cela paraît insensé, mais on sait tous que pour sécuriser la monnaie virtuelle, les data centers perdent une énergie massive. L’idée est de l’utiliser», glisse-t-il.

Combattre l’obsolescence

Leur quête perpétuelle d’être en avance cache une obsession de longue date: la lutte contre l’obsolescence. La thématique commence du reste à trouver écho sur tous les marchés. «Une petite entreprise comme la nôtre ne peut mettre en place des produits développés en interne qui ne durent pas. On n’a pas les ressources humaines pour changer nos installations tous les dix ans, conclut-il. C’est pour cela qu’on construit dans une optique d’évolution dès le début. Nous vendons de la longévité. Et nous durons plus que les autres! Nos installations les plus vieilles ont 25 ans et on arrive aujourd’hui à les interfacer sur le cloud.»

TB
Tiphaine Bühler