«Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme», disait le chimiste français Antoine Lavoisier. Une formule que l’on peut aussi appliquer au monde de l’entrepreneuriat. Utiliser le modèle d’une entreprise existant à l’étranger permet de disposer de certaines données essentielles avant de se lancer: concurrence, clientèle ou encore juste prix des produits ou des services proposés.

Etats-Unis, France, Allemagne, Corée du Sud ou Japon: notre sélection d’exemples inédits provient des quatre coins du monde. Pour autant, il faut ensuite réussir à adapter le concept aux spécificités du marché local. On peut ainsi imaginer s’allier avec une entreprise étrangère pour décliner son modèle en terre helvétique. L’an dernier, plus de 40 000 entreprises ont été créées en Suisse, un nouveau record! Peut-être que cette année, ce sera votre tour? Top départ!

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1. Salle de jeux d’arcade en réalité virtuelle

Exploiter l’engouement autour des jeux en réalité virtuelle, c’est le principe de l’enseigne Playdium VR, basée à Hongkong. Le lieu propose des studios de jeux pouvant être privatisés pour accueillir jusqu’à dix personnes en même temps. Plus de trente jeux en réalité virtuelle y sont disponibles aujourd’hui, un nombre appelé à augmenter. Créée en 2016, elle est la première structure de ce type dans le pays.

Remy Assir: «Il ne fait aucun doute que les jeux de réalité virtuelle sont en pleine croissance et amènent une véritable révolution sur le marché vidéoludique. Le problème réside aujourd’hui dans le coût d’un équipement de haute qualité, qui est élevé pour une personne lambda. A l’avenir, je pense que nous verrons des dispositifs améliorés et moins chers qui permettront aux utilisateurs de jouer et d’interagir entre eux depuis chez eux, sans avoir à se rendre dans une salle d’arcade.»


2. Du yoga pour les durs

Le yoga relaxe, muscle, détend… et peut désormais être pratiqué uniquement entre hommes. Pour propager les bénéfices du yoga à la gent masculine, Robert Sidoti a inventé le concept baptisé Broga (contraction de brother et yoga). Sa solution est d’offrir aux hommes «de véritables outils pour faire face au stress et aux exigences du quotidien» au travers d’un programme de remise en forme basé sur le yoga, mais enseigné «du point de vue de l’homme». Fondée aux Etats-Unis, l’entreprise revendiquait en 2016 quelque 12 000 clients et 500 professeurs à travers le monde grâce à des vidéos en ligne gratuites.

Sandy Wetzel: «Selon moi, il s’agit avant tout d’un concept de communication qui permet d’intéresser un nouveau public cible autre que les femmes au yoga. Cette société adopte un positionnement jeune et moderne ciblant les hommes dynamiques, cosmopolites et urbains. Ce yoga pourrait trouver son public dans la région lémanique.»


3. Une montre connectée pour les malvoyants

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Une société coréenne a développé une montre avec des caractères en braille.

© DR

Plus de 200 millions d’êtres humains souffrent d’une déficience visuelle dans le monde, dont 36 millions sont aveugles, selon les derniers chiffres de l’OMS. La start-up coréenne DOT Inc. a développé une montre connectée dont l’écran affiche des caractères en braille. Pour ce faire, 36 «picots» s’actionnent via un système d’aimants. Cet affichage en relief permet de recevoir des appels, de consulter des messages, des notifications et des e-mails. S’il le désire, l’utilisateur peut également afficher l’heure en chiffres arabes. La montre permet aussi un apprentissage du braille pour les personnes qui ont, pour l’instant, une déficience visuelle légère. Les phrases s’affichent en effet simultanément sous leur forme originale sur le téléphone et en braille sur la montre. Le prix de la montre est fixé à 400 francs.

Sandy Wetzel: «C’est un produit totalement novateur! Il a le mérite d’ouvrir l’internet des objets et les wearables au monde des malvoyants. D’autant plus qu’il se profile dans un marché où, à ma connaissance, les innovations sont encore limitées. La technologie semble fonctionnelle. J’émets toutefois des doutes quant à sa capacité à afficher tout un message sur un écran de 36 «picots» ou de fournir un véritable programme d’apprentissage du braille.»


4. Cafés à lapins

Après les bars à chats, voici la variante avec des lapins! De Tokyo à Hongkong, les Bunny Cafés cartonnent. Selon les formules, il est possible de les câliner, de jouer avec eux, de les nourrir ou de se prendre en photo avec eux. Toutefois, certains établissements ont dressé une liste de règles à l’entrée. Ainsi, il est interdit de tirer les oreilles des animaux. Mais cette tendance ne s’arrête pas aux lapins ou aux chats. En effet, le Japon a aussi vu l’ouverture d’un bar à chouettes et d’un café à reptiles.

Frank Gerritzen: «Le Japon met à disposition des animaux à caresser dans des établissements publics car les gens ne veulent pas de compagnons à quatre pattes chez eux. Ce qui n’est pas le cas en Suisse. L’effet d’annonce passé, je doute fort de l’enthousiasme que suscitera ce genre d’initiative… sans oublier la réticence des consommateurs à entrer dans des établissements qui sentent l’animal.»


5. Cosmétiques à base de déchets de fruits transformés

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La start-up anglaise Fruu a créé une gamme de baumes à lèvres composés d'extraits de fruits. 

© DR

Surfant sur la vague des cosmétiques durables, la start-up anglaise Fruu a créé une gamme de baumes à lèvres composés d’ingrédients extraits de 15 types de fruits. La plupart sont créés à partir de déchets de fruits transformés. Cette méthode permet de «générer des revenus supplémentaires vitaux pour les petits producteurs de fruits». Confectionnés dans des ateliers en Angleterre, les produits sont certifiés par l’ONG de défense des animaux PETA et garantis sans protéines animales. Parmi les parfums proposés figurent l’avocat, la grenade, la noix de coco ou encore la mangue. Une partie des bénéfices de la vente des tubes, compris entre 4 et 6 francs, est reversée au WWF dans le but de préserver l’environnement.

Sandy Wetzel: «Ce produit s’inscrit clairement dans une tendance écologique et il y a une demande croissante dans ce créneau. La marque saura donc trouver son public. Sa grande force réside dans la valorisation de l’économie circulaire en utilisant des déchets de fruits transformés et en confectionnant ses produits au fur et à mesure des commandes. Il faudrait davantage de sociétés avec cette approche en Suisse.»


6. Optimisation d’espaces de travail

Des salles de réunion qui restent vides ou des bureaux inutilisés: la start-up française Jooxter veut résoudre ces problèmes à travers une offre qui combine plateforme web et objets connectés. Un service qui se veut aussi utile pour préparer une réorganisation des locaux qui soit bien acceptée par les collaborateurs.

Caroline Coquerel: «L’optimisation de l’utilisation des espaces et l’amélioration de la rentabilité des surfaces sont des sujets d’actualité. Un tel projet trouvera ainsi en Suisse un marché en très forte évolution. Les défis concernent notamment des aspects comme la culture d’entreprise, la modification des modes de travail, le réagencement des espaces nécessitant investissements et capacité d’amortissement ou encore la sécurité d’accès aux locaux des grandes entreprises.»


7. Potager urbains mobiles

Rendre accessible à chacun la culture d’un potager est l’ambition de l’entreprise italienne Orto Urbano, spécialisée dans les jardins urbains mobiles. Imaginés à partir du recyclage des palettes destinées initialement au transport maritime, ces kits se composent d’un bac en pièces détachées dont l’assemblage est particulièrement facile. Il peut trouver place sur les balcons, les terrasses ou même dans les bureaux. Equipé de roulettes, le bac peut aisément être déplacé pour ajuster son exposition au soleil ou à la pluie. Il est possible d’y planter des fleurs, des herbes aromatiques ou encore des légumes.

David Davinroy: «Le concept Orto Urbano s’accompagne d’une dimension pédagogique attrayante. Mais il ne faut pas négliger le fait que le climat helvétique rend la culture délicate. Dans notre région, l’exposition des balcons n’est pas idéale pour les plantations. Parvenir à cultiver un potager dans ces conditions demande beaucoup de travail. Si l’objet paraît séduisant dans un premier temps, son succès à long terme me semble compromis.»


8. Louer une chèvre pour débroussailler

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Avec les chèvres, fini la pollution des débroussailleuses!

© iStockphoto

Fini la pollution des débroussailleuses! Pour un entretien écologique des espaces envahis par la végétation, l’entreprise californienne Rent A Goat propose des chèvres à louer. Gourmandes, les biquettes broutent les herbes les plus tenaces. Résistantes, elles remplacent les herbicides et éradiquent les indésirables et les invasives. Dans une perspective durable et écologique, elles fertilisent aussi les sols grâce à leurs excréments. Pour une tonte plus soft, la version mouton à louer s’adapte aux jardins et espaces verts. A Paris, sur certaines pelouses publiques et les bords du périphérique, les moutons servent déjà de tondeuses.

Eric Plan: «Ce concept vert peut être développé à un niveau cantonal ou communal par exemple. Dans une ville, les chèvres peuvent remplacer les cantonniers et se charger du débroussaillage des bords de routes par exemple. Chez les particuliers, il me paraît difficile de laisser déambuler un troupeau de chèvres dans un jardin, sauf s’il est envahi par la végétation. Ces animaux ne distinguent pas les plantations et les saccageraient.»


9. Friandises personnalisables

La start-up anglaise Boomf s’est spécialisée dans la conception de bonbons sur lesquels il est possible de faire imprimer une image ou un texte. Lancée en 2013, l’entreprise s’est également fait connaître pour les cartes originales et personnalisables qu’elle produit. A l’ouverture de ces cartes, des confettis ou un cube en carton jaillissent de l’enveloppe, garantissant un effet surprenant et ludique.

David Davinroy: «Il me semble que ce produit a vraiment du potentiel. Les consommateurs suisses aiment avoir une part de maîtrise sur ce qu’ils vont offrir. C’est un achat facile, car son prix est vraiment raisonnable. Les cartes que propose la marque sont festives et l’excitation de l’effet de surprise qu’elles provoquent est, je pense, une garantie de succès. En plus, le public visé est particulièrement large, ce qui est également très prometteur.»


10. Concerts et soirées à volonté

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Guestme se présente comme le "Netflix de la musique live"

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Développé par deux jeunes entrepreneurs français, Guestme se présente comme le «Netflix de la musique live». La start-up propose deux formules d’abonnement mensuel (33 euros pour une personne et 60 euros pour un duo), qui permettent d’accéder à des concerts et à des soirées triés sur le volet à Paris. Une cinquantaine d’offres sont faites aux abonnés chaque mois, trois jours avant l’événement en question. Le sésame donne également l’occasion d’accéder à des concerts annoncés complets ou à certaines soirées privées.

Remy Assir: «Il s’agit d’un bel exemple de modèle d’affaires disruptif. Guestme offre trois types de valeur client. Les abonnés obtiennent un bon rapport qualité-prix, en payant des frais mensuels modestes pour avoir accès à une variété de concerts différents. La valeur de l’expérience est également fournie parce que les clients bénéficient d’un choix de concerts auxquels assister, disponibles dans un dispositif unique, évitant ainsi les tracas liés à la recherche et à la réservation de places à chaque fois. Enfin, il y a de la valeur dans la plateforme même: en construisant un vaste réseau de clients, Guestme crée une pression concurrentielle pour que les concerts vendent leurs places sur sa plateforme.»


11. Investir dans les arbres

Réconcilier développement durable et rentabilité: ce credo vertueux est celui d’EcoTree. Pour le mettre en pratique, cette start-up française rachète ou plante des forêts et les entretient à ses frais. Elle se rémunère en proposant un investissement atypique à ses clients: devenir propriétaire d’un ou plusieurs arbres qui prendront de la valeur en grandissant. L’investisseur récupère sa mise sur la vente du bois lorsque les arbres seront bucheronnés. Depuis 2016, cette société a levé plus de 1 million d’euros et planté 56 300 arbres en Bretagne. Une forêt qui a absorbé l’équivalent des émissions de CO2 de 2840 vols Paris-New York.

Eric Plan: «En Suisse, l’exploitation des forêts reste coûteuse et les terrains disponibles rares. Contrairement au modèle français, ici, le retour sur investissement serait faible et long. Par contre, cette idée se transpose bien dans une démarche de responsabilité sociétale des entreprises (RSE). Une start-up pourrait proposer de «renaturer» ou de renforcer la biodiversité d’espaces en se servant des fonds de sociétés souhaitant atteindre leurs objectifs RSE.»


12. Toilettes mobiles haut de gamme

Vous rêvez de vous marier dans les prés de la Nouvelle-Angleterre? Pour ce jour unique, que vous imaginez parfait à tout point de vue, ne négligez pas l’aspect sanitaire. La société ElizaJ, installée dans le Massachusetts, offre un service de location de toilettes mobiles haut de gamme, dont les modèles les plus complets, aménagés dans de petites caravanes, comprennent serviettes en tissu, bouquets de fleurs odorantes et paniers à produits cosmétiques. Ce service digne d’un hôtel soulagera les invitées anxieuses à l’idée de soulever leur robe de taffetas en plein air. La société d’Eliza J. Kendall offre ses services tant à des clients privés qu’à des agences d’organisation d’événements et des traiteurs.

Pascal Bourgier: «Malgré une forte réceptivité à la notion de confort en Suisse, nous passons moins de temps en communauté en plein air que les Américains, adeptes par exemple du sacro-saint barbecue hebdomadaire. A cette limite s’ajoute l’exiguïté du marché. Je pourrais imaginer une déclinaison à l’international pour ce service mais, dans ce cas, le Swiss made coûteux constituerait une autre barrière.»


13. Burgers véganes gourmets

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Du fast-food pour végétariens et véganes.

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Du fast-food pour végétariens et véganes? C’est le pari de ce restaurant new-yorkais, qui sert depuis quelques années les grands classiques de ce type d’alimentation en version végétale. Superiority Burger s’applique à concocter des variations autour du burger, des wraps ou de la pizza. Le steak de bœuf du burger est ainsi troqué contre un mélange de quinoa, carottes, noix et épices, tandis que le filet de poulet du wrap laisse place à une tranche de tofu.

David Davinroy: «L’idée d’un restaurant végétarien qui proposerait des plats classiques de fast-food semble répondre à une véritable demande. De plus en plus de personnes en Suisse ajustent leur manière de consommer et sont attirées par une cuisine végétarienne. Or l’offre végétarienne reste encore relativement légère. L’avantage d’un établissement de ce type est, à mes yeux, le fait qu’il pourrait aussi susciter l’attention de personnes qui ne suivent pas un régime alimentaire végétarien ou végane.»


14. Pop-up store express

Mode, mobilier ou objets design: le concept de magasin éphémère a connu un fort succès ces dernières années, en misant sur la surprise et le divertissement des consommateurs. La start-up Storefront vise à faciliter la location et la mise à disposition d’espaces pouvant accueillir ce type de boutique.

Raphaël Conz: «C’est un concept judicieux pour certains produits adaptés à ce type de ventes. Mais je crains que la taille du marché suisse ne soit pas suffisante, sauf à Zurich et à Genève. En revanche, Storefront pourrait rajouter ces deux villes ainsi que d’autres (Lausanne, Berne, Lugano…) à son catalogue international. Le pop-up met en relation dans des zones urbaines bien ciblées.»


15. Kits de dégustation culinaire

Essayer avant d’acheter est le mot d’ordre de Try Food, qui propose en ligne divers kits de dégustation de produits gastronomiques. Huile d’olive, vinaigre, poivre ou gin peuvent être commandés en petits formats, accompagnés d’un livret descriptif, afin de tester quel est le produit qui convient le mieux. Les clients peuvent ensuite se procurer depuis le site de la marque leur produit favori en plus grande quantité.

David Davinroy: «Je pense que la population helvétique aime bien l’idée de pouvoir essayer un produit avant de s’aventurer. Par contre, la démarche est relativement exigeante selon moi. Le consommateur doit se rendre une première fois sur le site pour commander le kit, puis une deuxième fois dès que le produit favori est choisi. Mais la présentation et le packaging que propose la marque sont vraiment réussis, ce qui en fait un cadeau idéal. Il faudrait ainsi ajuster le concept afin de dépasser la consommation ponctuelle et trouver le moyen de le faire fonctionner de manière plus quotidienne.»


16. Recharge mobile de véhicules électriques

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Une solution pour amener directement du courant aux consommateurs mobiles. 

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En Allemagne, le boom du marché des véhicules électriques a poussé l’entreprise Ubitricity à développer une solution pour amener directement du courant aux consommateurs mobiles. La société a ainsi mis au point avec Siemens un câble de recharge portable que l’on peut brancher sur des bornes installées en ville. Egalement active au Royaume-Uni, Ubitricity dispose de près de 300 bornes installées aux alentours de Londres. Une application mobile connectée permet de suivre en temps réel sa consommation électrique pour effectuer ses paiements.

Jörg Beckmann: «Cette innovation s’inscrit clairement dans la tendance actuelle en matière de mobilité. En Suisse, les 800 entreprises actives dans le domaine de l’électricité cherchent quasiment toutes à se greffer sur le nouveau marché des véhicules électriques. Leur défi: parvenir à s’associer avec les villes
et les grands groupes qui gèrent
le réseau.»


17. Transactions agroalimentaires simplifiées

Fondée par deux anciens fermiers, la start-up australienne AgriDigital développe une offre simplifiant les transactions tout au long de la chaîne de production et de vente de produits agroalimentaires. Utilisant la technologie blockchain, elle permet notamment d’éliminer les étapes fastidieuses et répétitives liées à la rédaction et à l’envoi de contrats.

Caroline Coquerel: «Ce projet s’inscrit dans la tendance des start-up de foodtech et d’agritech. Ce projet australien semble orienté vers un type spécifique d’agriculteurs (en termes de surface, de produits et d’un certain volume de production). Pour l’adapter sur notre territoire, il serait important de bien étudier l’adéquation entre les publics cibles de cet outil et la structuration de notre monde agricole, à travers une étude de marché et des partenaires connaissant très bien le domaine.»


18. Airbnb pour propriétaires âgés

Avec l’âge, le nid familial se vide. L’entreprise américaine Silvernest propose aux seniors une solution permettant de faciliter la location d’une pièce de leur maison. Une plateforme web met en lien propriétaires et locataires potentiels. La démarche vise à lutter contre la solitude des aînés, mais aussi à leur procurer quelques rentrées d’argent. La structure soutient également le propriétaire dans ses démarches administratives et financières. Déjà disponible dans seize villes, le dispositif devrait s’étendre à New York, Boston et Seattle prochainement.

Hilary Murphy: «De nombreux baby-boomers atteignent l’âge de la retraite. Certains veulent de la compagnie, d’autres ont besoin de revenus. Il s’agit d’une occasion intéressante pour beaucoup d’entre eux. Ce serait formidable si le dispositif pouvait filtrer et jumeler les candidats potentiels, car les aînés sont vulnérables. Il faudrait qu’il existe une période d’essai pour les longs séjours, ainsi qu’une clause de sortie facile pour les deux parties en cas de choc culturel!»


19. Carte de fidélité sur tablette

Fini les nombreuses cartes de fidélité qui s’accumulent dans les tiroirs ou les portemonnaies! C’est l’idée de Spoqa, une start-up sud-coréenne qui installe des tablettes dans les magasins, les restaurants ou les cafés. Les supports tactiles permettent ainsi aux clients d’entrer leur numéro de téléphone et de gagner des points de fidélité sans avoir à installer d’application mobile ou d’avoir une carte de fidélité. L’entreprise revendique plus de 12 millions d’utilisateurs en Corée du Sud et 10 000 partenaires.

Frank Gerritzen: «L’idée est séduisante pour faciliter la vie des clients et, pour le commerçant, les fidéliser. Le diable se cache dans le détail cependant: la complexité sera d’arriver à son but avec le moins de manipulations et de temps possible. Regardez Twint, l’application de paiement des banques suisses, qui a du mal à décoller. Il est beaucoup plus facile de sortir une carte de crédit que d’ouvrir l’app de Twint, mettre en marche le Bluetooth, approuver le paiement (relativement long). Dans ce genre de service, le client doit gagner quelque chose d’autre que des points, en l’occurrence du temps ou de l’argent.»


20. Vendre de l’outdoor extrême en ligne

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En France, une agence recense les activités extrêmes dans le monde entier. 

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Faire gagner des heures de recherche fastidieuse à des clients désireux de s’offrir une activité outdoor à sensations. Ce service a été mis en place online par l’agence française Adrenaline Hunter. Lancé en 2016, le site internet de cette start-up est un catalogue mondial des activités extrêmes qui rassemble 6101 prestations, offertes par 2322 partenaires dans 88 pays. Traduit en trois langues, le portail compare les offres de plusieurs univers: l’eau, l’air, la neige, la terre et l’urbain. Il permet aux chasseurs de sensations fortes de réserver la bonne activité, au bon endroit et avec un prestataire de confiance.

Etienne Languetin: «La clientèle romande d’activités outdoor n’hésite pas à utiliser les plateformes étrangères. Cette concurrence mondiale peut être un frein à la création d’une entreprise locale dans ce secteur. Sauf en se plaçant dans une niche: les sites existants proposent rarement un package complet pour quelqu’un qui voudrait faire, par exemple, une semaine d’activités à sensations. C’est peut-être dans la création de ces packages activité-hébergement-voyage que se trouve un marché.»


21. Transmission d’entreprise ciblée

La plateforme française Ouipharma met en relation pharmaciens et repreneurs potentiels. Connaissant un fort engouement, le service prévoit de s’étendre à d’autres domaines d’activité, comme les cabinets médicaux ou les restaurants. La publication d’une annonce fait l’objet d’un abonnement d’un montant variable.

Raphaël Conz: «Il y a beaucoup plus d’indépendants en France, alors que la grande majorité des pharmacies en Suisse sont gérées par de grands groupes. Ici, nous n’avons pas la masse critique de pharmacies indépendantes. En outre, le marché est relativement saturé: à chaque coin de rue, une pharmacie. En Suisse, Business Broker ou Remicom sont spécialisés dans la transmission d’entreprises/commerces. Oui pour un outil de ce type intégré sur une plateforme existante, mais pas un business à part et généraliste.»


22. Vendre sa voiture en quatre clics

L’entreprise française EffyCar s’engage à vendre des véhicules d’occasion en moins d’un mois. Après ce laps de temps, si une voiture n’est pas vendue, la société la rachète au particulier qui l’a mise en vente. Marché ciblé: les modèles haut de gamme. Pour vendre son auto, le service proposé aux particuliers inclut un devis, une inspection gratuite de la voiture et la prise en charge des aspects administratifs. Pour les acheteurs, le véhicule est rénové avant d’être livré à domicile avec un an d’assistance et de garantie mécanique.

Jörg Beckmann: «Globalement, tout ce qui permet de faciliter la vie aux propriétaires et conducteurs de véhicules est bon à prendre. Ce type de service commence à éclore en Suisse, les plus petites structures qui voudraient s’implanter dans ce segment doivent en tenir compte. Mais il y a bien sûr encore des places à prendre dans ce marché.»


23. Smoke shop de luxe

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Aux Etats-Unis, le développement du marché légal du cannabis a fait naître des magasins design.

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Avec le développement du marché légal du cannabis, Lazydaze Co. a voulu réinventer la traditionnelle boutique enfumée, en s’inspirant du design de l’enseigne américaine d’habillement Urban Outfitters et de la qualité des services de magasins comme Macy’s. La société vend non seulement de la marijuana légale, des accessoires ou produits dérivés liés au chanvre, mais également des objets décoratifs et des vêtements. Elle dispose aussi d’un espace réservé pour déguster des cafés ou des thés au chanvre, tout en ayant la possibilité de fumer. Lazydaze Co. s’est déployée dans plusieurs villes du Texas, mais aussi en Caroline du Nord, dans l’Ohio, au Colorado, au Nevada ainsi qu’en Australie.

Frank Gerritzen: «Nous avons affaire ici à une chaîne de commerces spécialisés, dont le succès dépend de la popularité du produit, de la taille du marché, de la localisation des échoppes et de beaucoup, beaucoup de marketing. En soi, il n’y a rien qui empêche une telle initiative de réussir, si ce n’est la taille du marché suisse et la popularité du cannabis… Effet de mode? Souvenez-vous il y a vingt-cinq ans, il y avait d’innombrables magasins qui vendaient des téléphones portables. Mobilezone est le seul à avoir vraiment réussi à subsister aujourd’hui…»


24. Cantine d’entreprise collaborative

Tajine de poulet, chili con carne ou moussaka préparés à domicile avant d’être livrés sur le lieu de travail: la start-up foodtech française Avekapeti innove en faisant le lien entre entreprises excentrées et chefs amateurs. Les repas, conçus à partir de produits frais, sont livrés en quelques clics par les particuliers eux-mêmes. En deux ans d’existence, la société a livré plus de 15 000 repas réalisés par 800 chefs différents.

Cyril Déléaval.: «Le point fort de cette idée, c’est l’aspect fait maison et l’offre de repas variée proposée à des collaborateurs d’entreprises à l’écart, qui n’ont accès qu’à un choix limité. En termes de défis, il y a les questions d’hygiène, de livraison et de réglementation à bien vérifier. Il y aurait une étude de marché à faire sur des villes plus petites comme La Chaux-de-Fonds.»


25. Brassage de bières personnalisées

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Quel amateur de bière ne rêve pas de créer son propre breuvage?

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Quel amateur de bière n’a pas rêvé de créer son propre breuvage? Plutôt que de s’encombrer d’un kit de brassage et de faire ses expériences seul chez soi, mieux vaut s’entourer de connaisseurs et profiter d’un moment convivial. A Paris, la Beer Fabrique propose des ateliers afin d’accompagner les apprenants, du choix de leur recette à la personnalisation de leurs bouteilles. Ceux-ci repartent avec 15 litres de leur bière artisanale. Rien de tel pour épater ses proches! Il faut compter 160 euros pour deux personnes, l’atelier durant quatre heures.

Hilary Murphy: «On peut imaginer appliquer ce concept à des événements tels que des festivals de musique, des événements sportifs ou des mariages, avec l’étiquetage restant comme un souvenir du moment en question. Cependant, le marché de la bière artisanale est de plus en plus encombré. Ce concept peut être considéré pour la plupart des clients comme une expérience unique. Le défi serait de monter une entreprise de bières personnalisées durable.»


26. Un système d’irrigation intelligent

L’agriculture utilise près de 70% des eaux tirées de la nappe phréatique et des rivières. Pour diminuer son impact, la start-up italienne Bluetentacles développe un système qui permet d’arroser les cultures uniquement quand c’est nécessaire. La solution développée par l’entreprise vise à relier les équipements existants à une intelligence artificielle en ligne, qui analyse en permanence les données climatiques et l’humidité du sol.

Caroline Coquerel: «Ce projet rapproche des tendances fortes en Suisse aussi: notre préoccupation pour une ressource de plus en plus critique dans notre pays et nos recherches pour en utiliser moins et mieux grâce aux nouvelles technologies. De plus en plus de start-up apparaissent en Suisse autour de l’agritech et de la foodtech. Un tel projet trouvera donc sur notre territoire à la fois concurrence, partenaires et marché en forte évolution.»


27. Création de vidéos localisées

A l’heure des réseaux sociaux, la communication vidéo gagne toujours en importance, y compris pour les PME. La plateforme américaine SmartShoot surfe sur cette tendance via son site qui permet de trouver dans le monde entier un vidéaste ou un photographe professionnel en quelques clics, et ainsi commander des contenus inédits à un prix attractif.

Caroline Coquerel: «Dans d’autres domaines, des projets se développent avec des modèles similaires, associant plateforme globale et mise en valeur d’acteurs locaux, comme Batmaid (professionnels de ménage), Buildigo (artisans), MagicTomato (produits locaux livrés le jour même). Ces exemples montrent l’utilité de ces plateformes globales pour, au contraire, valoriser des métiers et des activités de proximité. Côté offres vidéo ou photo, deux tendances parallèles se développent: des projets, tel celui-ci, pour trouver des professionnels qualifiés ou des outils ergonomiques pour faire soi-même des vidéos et des contenus de haute qualité.»


28. Nourriture pour chien sur mesure

La start-up londonienne Tails s’est spécialisée dans la création de menus personnalisés pour nos compagnons à quatre pattes. Le propriétaire d’un chien communique à l’entreprise, sur son site internet, les préférences gastronomiques et les allergies alimentaires de son animal. Tails lui confectionne des plats parfaitement adaptés, livrés à domicile une fois par mois. Les préparations alimentaires peuvent être modifiées, sur demande, en tout temps. Il faut compter entre 12 et 40 francs par mois, selon la complexité de la recette. Tails délivre aussi des conseils et des dispositifs pour la santé des chiens (soin des poils, des dents, etc.).

Hilary Murphy: «Certains individus considèrent leur animal de compagnie comme un membre de la famille et le gâtent comme ils le feraient avec n’importe quel être humain aimé. Les Américains dépensent 70 milliards de dollars par an pour leurs animaux de compagnie. Aux Etats-Unis, des offres de vêtements, des traitements de spa, des mariages et des vacances pour animaux de compagnie apparaissent. »


29. Repas gratuit (servi avec un peu de pub)

Basée à New York, Lunchspread a lancé un service inédit de promotion des restaurants: des groupes d’employés peuvent passer une commande de dégustation gratuite, en s’engageant à répondre à un sondage. La livraison est accompagnée d’une présentation du restaurant.

Raphaël Conz: «Ce modèle d’affaires – pouvoir définir son profil et recevoir des offres personnalisées – est intéressant, alors que chez TripAdvisor, par exemple, le client doit aller chercher sur le site par rapport à des critères d’évaluation définis. Oui, pourquoi ne pas pousser une offre pour que les restaurants locaux puissent s’adresser à un public cible local. Les deux sont gagnants: pour le consommateur, c’est un système basé sur son propre intérêt, à partir de son profil, et pour le petit restaurateur, c’est du marketing direct à moindre coût. Mais cette solution devrait s’élargir et ne pas concerner que la zone géographique où l’on a son bureau, où l’on prend sa pause de midi. Car les employés sont de plus en plus nomades, ils se déplacent de ville en ville. A mon sens, cette plateforme devrait donc tenir compte du nomadisme des employés urbains.»


30. Poshtel, l’auberge de jeunesse haut de gamme

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Cette nouvelle forme d'hébergement s'adresse à une clientèle plutôt jeune.

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Contraction de posh («chic») et de hostel («auberge de jeunesse»), le concept Poshtel offre une nouvelle forme d’hébergement touristique. La chaîne Freehand, par exemple, propose dans cinq villes des Etats-Unis des chambres et suites tout confort, aux prix confortables eux aussi (entre 300 et 400 dollars la nuit), tout en délivrant une ambiance de routards. Destinés à une clientèle plutôt jeune, les établissements mettent au programme des soirées, des workshops avec des artistes locaux, tout cela combiné à une restauration de grands chefs et à un accueil digne de ce nom.

Hilary Murphy: «Ce type de séjour permet de mieux intégrer les hôtes dans la communauté locale – en particulier ceux qui recherchent des visites authentiques – en mettant l’accent sur le divertissement, l’art et la culture. Néanmoins, la réussite d’une telle expérience nécessite des compétences spécifiques pour fédérer les groupes et donner un sentiment d’appartenance et d’authenticité, si cher aux jeunes générations de voyageurs.»


31. Réparation express de cyberattaques

L’an dernier, un tiers des PME suisses ont été victimes d’une attaque informatique, selon une étude de l’institut gfs Zurich. Un phénomène qui se constate également à l’étranger, et qui touche souvent le site internet. Au Royaume-Uni, SharkGate propose un service qui garantit la réparation gratuite en une heure d’un site web, en échange d’une souscription ultérieure à une protection informatique.

Caroline Coquerel: «SharkGate associe une approche très intéressante et diverses facettes de notre écosystème: intelligence collective et collaboration au niveau global, nouvelles technologies et intelligence artificielle, analogie avec le mode de défense immunitaire humain et innovation du modèle d’affaires. En Suisse et chez Fongit, un tel projet trouverait certainement des collaborations et des technologies qui seraient utiles à cette activité.»


32. Entretien des vélos sur place

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Un service intéressant pour les vélos électriques. 

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Etablie en France, la société Cyclofix propose un service de réparation de cycles qui se déplace auprès des usagers. Favorisant la mobilité douce, l’offre comprend notamment le changement de la chambre à air en cas de crevaison, le réglage des freins et des vitesses ou encore une révision complète du matériel. Egalement compétente sur les vélos électriques, l’entreprise envoie ses réparateurs sur demande à Paris, Strasbourg, Bordeaux, Grenoble, Lille et Lyon. Ces services d’assistance peuvent aussi être demandés via une application mobile.

Jörg Beckmann: «A mon avis il serait intéressant de se spécialiser dans l’assistance destinée aux vélos électriques. Avec leur moteur, ces engins nécessitent un nouveau type d’entretien. Une autre piste à suivre en lien avec cette idée: le bike sharing, car l’achat d’un vélo électrique reste assez coûteux.»


33. Publicité embarquée et connectée

La publicité se décline sur tous les supports, et même sur les bouteilles d’eau. La start-up française Ads On Board vise à connecter annonceurs et utilisateurs de taxis, de VTC et de shuttles. Pour ce faire, la société distribue des bouteilles siglées de codes QR ou d’une publicité.

Frank Gerritzen: «On voit bien de la publicité sur le dos des télésièges, les pylônes de téléphériques et les sièges d’avions, pourquoi pas sur les bouteilles d’eau? Il est important d’être vu le plus souvent et le plus longtemps possible. Par contre, le support n’est pas particulièrement haut de gamme, donc ne se prête pas à des produits ou services de luxe. Et s’il faut scanner le code QR pour voir ce dont il s’agit, peu se donneront la peine à mon avis, et encore moins le public visé.»


34. Le réseau social de la garde d’enfants

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Faire garder son enfant pour quelques heures est souvent un casse-tête pour les parents.

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Faire garder son enfant pour quelques heures est souvent un casse-tête pour les parents. Trois entrepreneuses berlinoises ont trouvé une solution en lançant l’application mobile SitEinander cette année. Grâce à celle-ci, les parents peuvent se construire un réseau entre eux pour organiser les gardes d’enfants. Pour assurer l’équilibre entre les parents, chaque garde effectuée permet d’accumuler des «points». Ces derniers servent ensuite de bons pour pouvoir bénéficier d’une garde. La start-up vient de terminer une campagne de crowdfunding qui doit lui permettre de se faire connaître dans toute l’Allemagne (en ce moment, l’application est notamment utilisée à Berlin). Le service est gratuit – à terme, la start-up proposera des abonnements payants premium afin de se financer.

Markus Binggeli: «En Suisse, de nombreux voisins et familles s’organisent via des plateformes comme Facebook ou WhatsApp pour différents types d’activités. L’avantage de SitEinander est que toutes les interactions concernant la garde des enfants sont centralisées. En revanche, le marché suisse risque d’être trop petit pour une telle application. Pour que ça marche, beaucoup de parents doivent choisir ce système au détriment d’autres gratuits, comme WhatsApp.»


35. Machine learning simplifié

L’utilisation croissante de l’intelligence artificielle dans le monde économique entraîne une pénurie des talents. Pour y répondre, l’entreprise sud-coréenne XBrain mise sur une solution clés en main qui permet aux néophytes d’accéder aux avantages de l’analyse automatisée de données. Baptisée Daria, la plateforme cloud est adaptable à différents secteurs industriels.

Caroline Coquerel: «Vu la difficulté à trouver des profils experts dans ces domaines et vu la forte demande croissante, ce type d’outil pourrait trouver son public dans un pays orienté hautes technologies tel que le nôtre. Il est tout à fait en adéquation avec l’apparition de ces nouveaux outils et applications, permettant à des publics non experts de s’approprier des sujets parfois perçus comme complexes.»


36. Des courses en 1 minute

La start-up française Jow a développé une application qui propose des menus hebdomadaires sur mesure, avec des recettes présentées sous forme de vidéo. Lancé en avril 2018, ce service permet également de convertir automatiquement les recettes en liste d’achats sur la boutique en ligne d’un partenaire, en l’occurrence Monoprix. La livraison est inclue. L’application est gratuite, la start-up prélevant une commission sur les paniers d’achats générés.

Frank Gerritzen: «Dans la même veine que HelloFresh, la livraison en moins. C’est une tendance intéressante et bien ciblée: les consommateurs veulent cuisiner des produits sains, qui n’ont pas été transformés, mais ne veulent pas perdre des heures dans les magasins. Je pense qu’il y a un avenir pour ce genre d’application, encore faut-il garder à l’esprit qu’il n’y a aucune propriété intellectuelle à défendre et que nos Migros et Coop auront vite fait de copier l’idée… dès qu’elle aura du succès!»


37. Des épices haut de gamme à domicile

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Les épices sont particulièrement appréciées des consommateurs suisses.

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La marque Ankerkraut est née en Allemagne en 2013. Elle vend sur internet des épices préparées sans conservateurs ni exhausteurs de goût. Le consommateur peut choisir entre des épices classiques ou des mélanges présentés dans un bocal au design raffiné. Les condiments sont divisés en plusieurs catégories: ceux destinés à la cuisson, aux grillades ou à la pâtisserie. Ankerkraut concocte aussi toute une gamme d’épices destinées à être bues, à la manière d’un thé.

David Davinroy: «Les épices sont particulièrement appréciées par les Suisses, qui aiment cuisiner chez eux. Les flacons sont bien présentés, ce qui encouragerait sans doute les consommateurs à l’achat. Cependant, il faudrait tenir compte du fait que la consommation d’épices est plutôt lente. Le concept pourrait donc être dynamisé en proposant par exemple des abonnements. Il est important aussi de considérer que l’e-commerce ne fonctionne pas aussi bien en Suisse que dans les autres pays. C’est une idée intéressante, mais qui gagnerait selon moi à être combinée avec un concept déjà existant.»


38. Création de podcasts B2B

Les productions de contenus sous forme de podcasts se multiplient. La société américaine Sweet Fish Media démontre qu’un podcast peut également s’utiliser comme un outil de promotion auprès de clients potentiels. L’entreprise promet gain de temps et efficacité en créant des podcasts sur mesure.

Frank Gerritzen: «Amortir la production d’un podcast sur un très petit nombre de clients reste une gageure, il faudrait au moins attaquer le marché européen. Cela dit, une approche par une autre forme de média est intéressante. Il est important de connaître le canal de communication préféré de ses clients et sa capacité à prendre le temps d’écouter. La densité d’information sur un canal tel que l’écoute n’est pas du tout la même que par l’écrit, et le temps est ce qu’il manque à tout le monde…»


39. Des outils numériques et des conseils de bien-être

Améliorer le bien-être des Londoniens, voilà la mission que s’est fixée la plateforme numérique Good Thinking. «De la gestion de votre anxiété à la rencontre de personnes partageant les mêmes idées, quels que soient vos besoins, nous souhaitons vous aider à les trouver», dit sa page d’accueil. Cette initiative, lancée notamment par la ville de Londres et le Service national de la santé, fournit un soutien aux personnes souffrant d’insomnie, de dépression, d’anxiété et du stress. Pour ce faire, l’utilisateur choisit un des quatre thèmes, puis répond à un questionnaire en ligne. Sur la base de ses réponses, la plateforme va donner un top 5 des meilleurs soutiens possibles: autre application mobile, lien vers des services nationaux de santé spécifiques, etc. Toutes les solutions proposées par Good Thinking sont gratuites pour les Londoniens.

Sandy Wetzel: «Cette initiative est nécessaire, car elle offre non seulement une aide aux personnes souffrantes, mais elle permet également une forme de reconnaissance publique de ces problèmes. En ce sens, un tel projet en Suisse serait le bienvenu. Toutefois, je déplore le manque de profondeur des questions et des solutions.»


40. Wedding planner en ligne

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La start-up berlinoise Foreverly fournit plus de 4500 prestataires en ligne. 

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Un mariage est souvent un marathon organisationnel. Entre le choix du lieu de la cérémonie, des vêtements et du menu, de nombreux prestataires doivent être contactés. La start-up berlinoise Foreverly veut rendre cette tâche plus facile. Elle a créé une plateforme en ligne où les futurs mariés peuvent entrer en contact avec plus de 4500 prestataires. Le service gratuit existe aussi sous forme d’application mobile qui comprend par exemple une «to do list» et un planning pour le budget. De plus, Foreverly publie un magazine en ligne qui traite des sujets autour du thème du mariage. La start-up se finance grâce aux espaces publicitaires sur son site qu’elle vend aux prestataires. Elle revendique plus de 70 000 visiteurs par mois.

Pico Lantini: «C’est un service qui illustre le potentiel que recèlent les offres intégrées de services autour d’un moment particulier de la vie. Au-delà de la mise en présence d’annonceurs, stratégie de valorisation déjà bien connue depuis deux décennies, je pense que ce type de plateforme peut apporter des données très pertinentes à des prestataires de services à long terme – comme des assureurs, par exemple. Ceux-ci peuvent y trouver un véritable intérêt, car ils raisonnent en «lifetime value» des contacts ainsi établis, donc dans une perspective à long terme, et pourraient financer tout ou partie de la plateforme. En plus, on compte chaque année environ 40 000 mariages en Suisse… ce qui fait un bon volume de contacts!»


41. Impressions 3D pour industriels

Grâce à son équipement de pointe, TheFabLab permet aux industriels d’imprimer rapidement et à meilleur prix des prototypes de leurs nouveaux produits. La structure italienne propose des designers afin qu’ils accompagnent les demandes des clients, contrairement à l’offre traditionnelle où les procédés sont davantage artisanaux. La start-up propose également des formations dans le domaine de la fabrication numérique, de l’internet des objets et de la robotique.

Frank Gerritzen: «L’impression 3D a un bel avenir. Et toutes les PME ne pourront pas s’offrir des imprimantes de haute performance. Donc en soi, c’est une belle tentative, mais qui est soumise à une rude concurrence car rien n’empêche un concurrent de faire la même chose, moins cher, plus vite… C’est à celui qui occupera le marché le plus rapidement. La société a besoin de capitaux importants pour se déployer vite, et faire un marketing agressif.»


42. Recommandation de prestataires

Comment trouver le meilleur partenaire au niveau local ou international? C’est en partant de cette question qu’est née la start-up française PrestaShare. A la base simple fichier Excel, elle est devenue aujourd’hui une plateforme qui compte plus de 1200 sociétés référencées.

Raphaël Conz: «C’est un concept bien intéressant, car on est dans la recommandation de prestataires de services, sur le modèle de TripAdvisor mais en B2B. En revanche, y a-t-il une masse critique suffisante en Suisse? Chez nous, les entreprises fonctionnent avant tout au bouche-à-oreille. En effet, avec notre mentalité, la taille restreinte de notre population et de nos marchés, les sociétés se parlent entre elles et se recommandent essentiellement par ce biais. Je miserais donc plus sur une plateforme de ce genre pour un modèle B2C.»

43. Optimisation de la gestion d’ouvriers

Le secteur de la construction profite aussi d’innovations issues du domaine numérique. Exemple avec la start-up française Site2Site, qui a développé une application permettant de simplifier la gestion d’un chantier: lien entre bureau et site, horaires du personnel, analyse de l’avancement des travaux.

Raphaël Conz: «Le marché suisse de la construction est bien développé, riche de nombreuses entreprises. Cette application pourrait tout à fait intéresser ces sociétés. A priori, la clientèle suisse pourrait préférer une application de ce type plutôt qu’un investissement dans un outil informatique sur mesure.»


44. Limiter l’isolement des seniors

En France, une personne sur quatre est âgée de plus de 60 ans. Justine Arnoux, une ancienne infirmière, a remarqué que beaucoup de seniors étaient très seuls au quotidien. C’est pourquoi elle a créé, il y a deux ans, MyDonger. Cette plateforme numérique met en relation les personnes âgées avec des «dongers» souhaitant passer du temps avec elles. Ces moments de partage comportent des sorties, des aides (les courses ou autres) ou des visites au domicile de la personne âgée. Le service est payant: le retraité paie le «donger» selon un tarif horaire convenu à l’avance par les deux parties. MyDonger perçoit une commission de 1,50 euro sur chaque transaction. Pour l’instant, le service compte plus de 500 «dongers».

Patrick Albert: «La «silver economy» est un marché prometteur. D’autant plus que le vieillissement de nos sociétés occidentales va se poursuivre. MyDonger s’adresse à mes yeux à une population certes âgées, mais plutôt connectée, qu’on trouve davantage dans les grandes villes. Pour faire bénéficier aussi les seniors moins connectés, il faudrait à mon avis combiner un tel service à des structures de bénévolat déjà existantes. Ce type de collaboration nuancerait le côté un peu trop monétaire de MyDonger. En ce qui concerne le modèle d’affaires proprement dit, je pense qu’il faut atteindre un socle très important de participants pour espérer dégager des bénéfices.»


45. Brosses à dents biodégradables

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Les Suisses consomment plus de 20 millions de brosses à dents par an.

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Les Suisses consomment plus de 20 millions de brosses à dents par an. Soit autant, ou presque, de morceaux de plastique qui atterrissent à la poubelle. Des entreprises s’attaquent à cette accumulation de déchets en fabriquant des brosses à dents biodégradables en bambou, un matériau solide et souple à la fois. La marque française Smiloh se distingue par ses produits graphiques, colorés au chalumeau, et aux poils infusés au charbon végétal à l’action blanchissante. Elle les écoule au prix de 7,50 euros, essentiellement en France, notamment chez Monoprix, et dans quelques enseignes bios en Suisse. A quand des fabricants suisses, alors que le pays figure parmi les leaders du marché bucco-dentaire avec des entreprises comme Trisa et Curaden?

Pascal Bourgier: «Dans un pays sensible à la qualité de vie et à l’environnement, ce genre de produit a de bonnes chances de succès. Les matériaux naturels sont en vogue et les consommateurs helvétiques sont capables d’absorber les surcoûts. Les barrières d’entrée me semblent cependant importantes pour une start-up. Elle devrait faire face à la concurrence internationale et lancer beaucoup de démarches pour mettre en place un réseau de distribution. La pari est risqué.»


46. Intelligence artificielle pour mobiliser le personnel

Fidéliser et motiver ses employés: un marché estimé à 74 milliards de francs au niveau mondial. La start-up indienne UnderstandBetter s’y est positionnée en développant une plateforme qui permet de sonder la motivation des collaborateurs. Leurs réponses sont ensuite évaluées par une intelligence artificielle, de manière à mettre en place un plan d’action au sein de l’entreprise pour améliorer les relations entre pairs.

Cyril Déléaval: «Toute initiative qui peut améliorer les liens entre employeurs et collaborateurs est bonne à prendre. Le défi pour une adaptation en Suisse, c’est que nous avons affaire à un marché plutôt traditionnel. D’où l’importance de faire des prototypes ou des maquettes fonctionnelles, quitte à utiliser la sagesse humaine avant de faire appel à l’intelligence artificielle, ce qui permettrait de tester l’idée à moindres frais.»


47. Recruter des candidats qui n’en sont pas

A l’heure de la pénurie d’ingénieurs, la start-up française HireSweet mise sur une solution qui analyse les données disponibles publiquement sur des plateformes spécialisées comme GitHub ou Stack Overflow pour trouver des informaticiens de talent. Une manière de limiter l’aspect fastidieux du recrutement et de dénicher plus rapidement les perles rares au profit des clients.

Cyril Déléaval: «C’est une idée intéressante, car un mauvais recrutement coûte souvent cher à l’entreprise. D’autant plus qu’il y a une vraie problématique de main-d’œuvre pour les PME qui doivent concourir avec des géants comme Google pour recruter des informaticiens. Il faut cependant étudier la légalité de l’utilisation de ces données publiques, qui sont censées appartenir aux utilisateurs.»


48. Campagne de pub en vitrine

L’entreprise Message in a Window propose d’organiser des campagnes de communication ciblées dans les vitrines de commerces français. Disposant d’un réseau de 40 000 enseignes, soit plus de 100 000 vitrines, la start-up se targue d’un fort effet commercial de sa démarche. Certains produits mis en promotion sont par la suite proposés à la vente par les commerçants annonceurs. Des capteurs permettent de calculer l’audience des campagnes.

Cyril Déléaval: «C’est une idée intéressante, car elle surfe sur un marché des médias et des annonceurs en pleine mutation! La législation suisse sur l’affichage va d’ailleurs bientôt changer. Ce sera un point à vérifier. Le défi consistera à capter suffisamment l’attention des passants, car l’être humain développe toujours plus de filtres face à la publicité. Il faut donc savoir s’adapter dans la durée. La composante digitale offre l’avantage de pouvoir tester l’idée de manière assez directe.»


49. Téléconseil pour enfants malades

Beaucoup de parents consultent des forums sur internet lorsque leur enfant tombe malade. Pourtant, les conseils qui s’y trouvent sont souvent anxiogènes et peu adaptés à des situations spécifiques. L’entrepreneuse française Fanny Renoux a donc fondé DoudouCare. Ce site web permet aux parents de poser des questions par SMS ou e-mail. Ils reçoivent une réponse écrite personnalisée. dans les vingt-quatre heures. Le site collabore avec une trentaine de spécialistes: infirmières puéricultrices, psychologues infantiles ou encore ostéopathes. Le service est payant – une consultation coûte 5,90 euros. Des formules préférentielles existent également, comme un pack de 10 questions valable pour 50 euros, par exemple.

Markus Binggeli: «Le modèle d’affaires me semble solide, car chaque échange sur DoudouCare est monétarisé. Les Suisses consultent facilement Google lorsqu’ils veulent plus d’informations sur une maladie. Un service professionnel et fiable en ligne peut donc tout à fait trouver une clientèle sur notre marché. Il est toutefois primordial de miser sur la transparence pour créer un climat de confiance: qui sont les spécialistes qui me donnent les conseils? Quelles ont été les expériences des autres clients?»


50. Un accompagnement pour les petits voyageurs

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En France, Kudygo s'appuie sur un réseau de 40 000 accompagnateurs d'enfants certifiés.

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Les parents qui ne peuvent pas accompagner leurs enfants lors des voyages en bus, en train ou en avion souhaitent les voir bien accompagnés. Pour trouver une personne accompagnatrice, ils peuvent utiliser le service français Kidygo (disponible en tant que site web et application mobile). Le service s’appuie sur un réseau de plus de 40 000 accompagnateurs certifiés. En général, il s’agit de personnes avec des expériences dans le baby-sitting ou des professionnels de l’encadrement d’enfants. Les parents entrent le trajet de leur(s) enfant(s) dans le moteur de recherche du site et voient s’afficher le nom des accompagnateurs potentiels qui souhaitent effectuer ce même trajet. Ensuite, les parents prennent en charge le titre de transport de la personne accompagnatrice. Kidygo perçoit une commission sur cette transaction. La start-up fait également payer 49 euros à l’année son certificat donnant le droit d’accompagner des enfants.

Markus Binggeli: «Kidygo propose un modèle d’affaires basé sur deux axes, ce qui représente une force. Face à l’arrivée de concurrents potentiels sur le marché, la start-up pourrait résister plus facilement. En revanche, ce service manque un peu de transparence. En tant que parent, on a envie d’en savoir davantage sur les critères d’obtention du certificat d’accompagnateur. J’ai aussi des doutes sur la faisabilité du service en Suisse. En comparaison à la France, les trajets ici sont plus courts. Il est plus facile pour les parents de faire des allers-retours, même si les enfants veulent rendre visite à des grands-parents éloignés.»


Notre panel d’experts donnent leur avis

  • Caroline Coquerel Start-up coach chez Innosuisse et à la Fondation genevoise pour l’innovation technologique.
  • David Davinroy Fondateur et directeur de l’agence Good Morning F&B Agency.
  • Eric Plan Secrétaire général de CleantechAlps, le portail suisse des start-up cleantech.
  • Etienne Languetin Maître d’enseignement en filière tourisme à la HES-SO Valais.
  • Frank Gerritzen Business angel.
  • Hilary Murphy Doyenne associée ad interim du département Innovation et recherche à l’EHL.
  • Markus Binggeli Coach au service Affaires au sein de la plateforme d’innovation Platinn.
  • Pascal Bourgier Coach en création de start-up chez Genilem.
  • Raphaël Conz Responsable de la politique de soutien aux entreprises dans le canton de Vaud.
  • Remy Assir Operations Manager au Global Center for Digital Business Transformation de l’IMD.
  • Sandy Wetzel Directeur du pôle d’innovation Microcity à Neuchâtel et La Chaux-de-Fonds.
  • Pico Lantini Directeur de la plateforme d’innovation Platinn.
  • Patrick Albert Coach au sein de la plateforme d‘innovation Platinn.
  • Jörg Beckmann Expert en mobilité durable au Touring Club Suisse.
  • Cyril Déléaval Coach en en développement d’entreprises chez Genilem.
PG
Par Erik Freudenreich, Tiago Pires, Carole Extermann, Florence Duarte, Peggy Frey, Sylvain Menetrey, Thomas Pfefferlé, Stéphanie de Roguin et Robert Gloy