Allô, le 111? Désormais, c’est un bureau collaboratif multidisciplinaire qui travaille sous ce label, clin d’œil à la ligne téléphonique qui avait réponse à tout ou presque avant l’ère Google. Né de la conviction que l’intelligence collective est l’essence de tout remède, la clé de la nouveauté et le sel de la motivation, le groupe a monté sa bannière au-dessus de l’Hôtel des Postes à Neuchâtel. Imprégné de l’esprit de cette bâtisse datant de 1886 et qui a connu une multitude de révolutions technologiques, du télégraphe à internet, leur bureau de 400 m2 concentre des spécialistes pour le moins hétéroclites.

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Une antenne à Lausanne

Qui répond donc au Bureau du 111? Laure-Emmanuelle Perret, consultante scientifique dans le photovoltaïque (LMNT), et Lats Kladny, le fondateur de l’agence Inox Communication. Mais il y a aussi Agibility, une société active dans le management agile, le trio de spécialistes en audiovisuel de Toast et Vincit, une entreprise de transformation digitale finlandaise de 500 collaborateurs souhaitant explorer le marché suisse et qui a décentralisé quelques développeurs au bord du lac de Neuchâtel. A noter que le Bureau du 111 aura une antenne à Lausanne d’ici à quelques semaines

Une association curieuse, non? Lats Kladny s’en explique: «La genèse de notre vision vient de la complexification des besoins des entreprises, pour lesquelles tout s’accélère avec la digitalisation. Le numérique n’est plus un, mais 40 métiers. Face à ces enjeux, avec Inox Communication, je pouvais choisir d’internaliser et grandir sans cesse ou alors de développer des partenariats stratégiques avec des compétences variées.» L’entrepreneur a choisi la deuxième option et a même réduit son équipe, pouvant s’appuyer sur les compétences élargies du collectif. Plus petit, plus agile, telle est sa ligne.

La diversité est donc l’une des pierres angulaires de cette plateforme. Celle-ci se retrouve dans les parcours professionnels, les âges, les sexes et les cultures de chacun… Et leur permet de répondre à des projets de plus en plus complexes. «On a associé des mondes qui ne se parlaient pas forcément, poursuit Lats Kladny. Aujourd’hui, on ne peut plus travailler en silo. Pour être rapide, créatif, proposer des projets de transformation digitale, repenser une marque ou faire de la création de contenu, il faut se nourrir des autres.»

«Comme une meute»

Concrètement, ça donne quoi, une experte en photovoltaïque travaillant avec une agence de communication? Pour le savoir, il faut se rendre au Musée national de Pékin ou au Laténium de Neuchâtel, le musée archéologique, et admirer les cellules photovoltaïques de 30 m2, sur lesquelles sont imprimées des images, qui alimentent le bâtiment en électricité. Autres exemples de projets: la valorisation visuelle d’une forêt engloutie dans le lac de Neuchâtel, un défi technologique dont la mise en œuvre reste confidentielle, ou un mandat européen pour la création de capsules vidéo de sensibilisation aux énergies renouvelables.

Cette mixité n’a rien d’une cacophonie. Chaque entité a conservé son statut juridique et sa propre comptabilité. La structure d’une vingtaine de «colocataires» – appellation préférée à collaborateurs – se veut très transparente sur son nouveau mode organisationnel. «Notre fonctionnement est assez simple, il est organique. Chacun paie un coût par place de travail et par service, détaille Lats Kladny. Pour les projets collectifs, on fait l’offre ensemble et chacun facture ses heures. Mais il y a un product owner, une sorte d’ambassadeur qui fait l’interface avec le client. Chacun est également libre de développer ses propres mandats.» Les décisions stratégiques se font par cooptation. Et pour la recherche de projets, «on fonctionne comme une meute», conclut le chef de file.

TB
Tiphaine Bühler