C’est un passage de témoin générationnel et amical qui va faire parler les amateurs de vin entre Genève et le canton de Vaud. La Cave Berthaudin, importateur, négociant, mais également producteur de vin, change en effet de mains. Après 85 ans de gestion familiale, la maison de Claude Berthaudin, établie à Tartegnin et à Genève, passe sous la direction de Pierre-Igor Cusnir dès le début de l’année prochaine. Celui-ci quitte la direction commerciale de la Cave de Genève pour prendre ses nouvelles fonctions au 1er février 2021.

Contenu Sponsorisé
 
 
 
 
 
 

«C’est une sacrée aventure qui débute, confirme le repreneur. Je voulais depuis longtemps devenir mon propre patron et l’opportunité s’est présentée lors d’une rencontre professionnelle. Cette cave est une belle maison qui me touche beaucoup, il n’était pas possible de ne pas donner suite à cette offre. Du rêve à la réalité, il n’y avait qu’un pas que j’ai décidé de franchir.» Pour ce faire, Pierre-Igor Cusnir a bénéficié de l’apport financier d’un groupe d’investisseurs romands, de l’aide de la FAE et du Cautionnement romand dans sa démarche.

Bien ancré sur ses terres

Une nouvelle de bon augure pour les 22 collaborateurs de l’entreprise, qui seront repris par le nouveau propriétaire. Claude Berthaudin cherchait un successeur, car ses filles n’étaient pas intéressées. «Cette succession pérennise en effet une des plus belles maisons de vin de Suisse dans un esprit familial de passionnés et de connaisseurs du vin», ajoute Pierre-Igor Cusnir.

Une jolie transaction, donc, tout comme l’histoire de la société. Berthaudin, surnommé «l’Indépendant», est née dans les années 1920 avec la création d’une centrale d’achat destinée à importer divers produits alimentaires, dont du vin. C’est en 1936 qu’Henry Berthaudin a créé sa société et, jusqu’en 1961, l’entreprise importait essentiellement des crus français. Cette année-là, le groupe décide de s’impliquer dans la viticulture suisse en prenant l’exploitation du Clos de Roussillon, à Tartegnin, un grand cru de La Côte régulièrement récompensé par les plus hautes distinctions (dont la première place au Swiss Wine Vintage Award en 2019).

file7do39rmg29v129mbdkgn
Claude Berthaudin (à g.) passe le flambeau à Pierre-Igor Cusnir dès le début de l’année prochaine. 
© DR

Bien ancré sur ses terres, Berthaudin exploite également le Domaine du Bec d’Or Grand Cru, à Mont-sur-Rolle, et se diversifie ensuite avec la vinification d’une quinzaine de cépages. Aujourd’hui, Berthaudin est un acteur important du marché vinicole lémanique. La maison produit près de 100 000 bouteilles de vin genevois avec les meilleurs vignerons du canton et près de 150 000 bouteilles de sa propre production. Mais les vins étrangers sont tout autant mis en avant, avec la distribution de bouteilles de France, d’Italie, d’Espagne, du Portugal, du Liban et d’autres régions du monde. La maison Berthaudin allie donc la distribution et la représentation des meilleurs vins suisses et étrangers. «C’est aussi cette mixité qui m’a intéressé. Je pense que les amateurs de vin suisse ont besoin des deux offres en même temps, nationale et étrangère», poursuit Pierre-Igor Cusnir.

Consommation privée en hausse

En cette période de pandémie, le professionnel du vin ne prend-il pas des risques avec une consommation parfois en berne? «Il est vrai que l’on est un peu dans le brouillard avec les commandes des restaurants, qui ne savent plus sur quel pied danser. Je constate en revanche que les particuliers et la grande distribution achètent davantage de vin depuis quelques mois, c’est réjouissant.»