La région lémanique regorge de belles sociétés medtechs. Les produits sont souvent précurseurs, les découvertes deviennent parfois des succès mondiaux. Qu’il s’agisse des seringues, des implants, des fauteuils roulants, des examens par IRM ou des derniers développements de nouveaux produits alliant dispositifs d’administration et substance chimique, les technologies médicales permettent aux personnes, aux médecins et aux hôpitaux de profiter de produits et d’applications vitaux.

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Dans le détail financier, l’industrie suisse des medtechs génère un chiffre d’affaires de 15,8 milliards de francs et réalise des exportations à hauteur de 11,3 milliards de francs. Forte de 1400 entreprises et 58 500 collaborateurs, la branche contribue au PIB à hauteur de 2,3%. Le secteur suisse de ces technologies médicales compte de grandes multinationales, mais aussi de nombreuses PME: 93% des entreprises emploient moins de 250 collaborateurs, et quatre entreprises sur cinq moins de 50 collaborateurs. Les micro-entreprises de moins de 10 collaborateurs représentent quant à elles la plus grande part. De quoi créer des opportunités, dans la création d’entreprises spécialisées ou les acquisitions.

Nouvelle réglementation européenne

Alors, face à cette excellence si locale, ne serait-il pas judicieux d’investir dans ce secteur? La réponse tombe sous le sens. «En 2017, près de trois quarts du capital-risque investi en Suisse a profité à des entreprises du secteur des sciences de la vie. Les start-up des medtechs ont généré 87 millions de francs suisses de capital investi», note Andreas Balsiger Betts, Senior Advisor chez Sidley Austin LPP à Genève. Un phénomène à venir pourrait accélérer les possibilités d’investissement, selon notre expert. Le secteur devrait connaître une accélération de la concentration du fait de la mise en œuvre de la nouvelle réglementation européenne. «En effet, des incidents et scandales tels que des procédures d’évaluation de la conformité lacunaires, des données cliniques insuffisantes sur des implants ou encore des implants mammaires en silicone et des implants de la hanche non conformes ont fini par jeter le doute sur le système de contrôle des dispositifs médicaux dans l’UE», précise l’expert.

Depuis environ cinq ans, on observe une multiplication des fonds de capital-investissement dédiés aux sciences de la vie.

Andreas Balsiger Betts, Sidley

La Commission européenne a donc décidé de procéder à une révision complète du cadre juridique, en développant des règles plus contraignantes qui permettent aux autorités de santé de contrôler de façon plus soutenue les dispositifs médicaux. Or la Suisse est en train d’aligner son droit des dispositifs médicaux sur la nouvelle réglementation européenne. «Cependant, la forte densité réglementaire et les périodes de transition serrées de l’UE constituent un défi majeur pour le processus législatif suisse. Pour les entreprises, cette évolution du cadre réglementaire est lourde de conséquences, en particulier pour les entités de petite et moyenne importance. Ne disposant souvent en interne ni des compétences, ni du personnel nécessaire, elles devront soit procéder à des fusions, soit ouvrir leur capital afin de conserver leur compétitivité», ajoute encore Andreas Balsiger Betts.

Une tendance durable

Dans ce contexte, le capital-investissement pourrait devenir un axe privilégié pour le secteur des sciences de la vie et de la santé dans son ensemble. Ce sont en effet des domaines qui intéressent toujours davantage les investisseurs et en particulier les family offices qui disposent de capitaux importants, avec des mises de l’ordre de 2 à 3 milliards de francs. Et différents facteurs structurels sont encourageants pour les investisseurs. En premier lieu, les sciences de la vie représentent une part toujours croissante de l’économie, leur progression reposant tant sur l’augmentation des dépenses des gouvernements en faveur de la santé que sur celles des ménages. Il s’agit d’une tendance durable.

En second lieu, du point de vue de l’investissement, ce secteur est relativement immunisé contre les variations du cycle économique. Qu’il y ait récession ou non, la demande persiste et par conséquent, les besoins en capitaux. En troisième lieu, le capital-investissement accorde une importance toujours croissante à l’investissement d’impact. Or la santé est la bonne cause par excellence. Enfin, les stratégies des acteurs du secteur ont beaucoup évolué ces dix dernières années. Elles sont devenues plus flexibles, notamment en ce qui concerne l’ampleur des prises de participation – les participations minoritaires représentant 20 à 30% du capital des entreprises sont plus nombreuses.

Comment donc procéder pour entrer dans ce marché? «L’implication toujours plus grande du capital-investissement dans la santé s’est traduite par une professionnalisation de ses acteurs qui ont engagé des spécialistes du secteur. Aussi, depuis environ cinq ans, on observe une multiplication des fonds de capital-investissement dédiés aux sciences de la vie et leurs univers d’investissement se sont considérablement élargis. Initialement centrés sur des domaines dont le modèle économique était relativement facile à appréhender (hôpitaux, centres de soins pour les personnes ou les animaux, laboratoires), ils se sont déployés dans d’autres secteurs plus complexes», conclut Andreas Balsiger Betts. Ne reste plus qu’à trouver le fonds correspondant à ses envies.

EdouardBolleter
Edouard Bolleter